Un conseil de Londres refuse un mémorial de la Shoah à proximité du Parlement
La ministre Esther McVey, qui prévoit d'organiser une enquête publique sur la proposition, aura le dernier mot. Décision attendue dans le courant de l'année
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le conseil municipal de Westminster, à Londres, a rejeté à l’unanimité la création d’un mémorial de la Shoah dans un parc situé à proximité du palais de Westminster (Parlement), le long de la Tamise, évoquant l’impact du projet sur le parc et le voisinage.
Lors d’une réunion pour débattre de la question, le conseil s’est dit préoccupé par « les monuments existants et le site adjacent de patrimoine mondial du Parlement et de l’abbaye de Westminster », les dommages causés aux arbres et « la perte d’espaces verts publics et ouverts de grande valeur dans un endroit très fréquenté et populaire », a rapporté le Guardian.
Le centre commémoratif et éducatif est prévu dans les jardins de la tour Victoria. La zone compte déjà d’autres monuments commémoratifs, notamment le mémorial de Buxton pour la traite des esclaves.
Robert Rigby, le président du conseil de planification, a assuré lors de la réunion que « nous sommes tout à fait favorables au principe d’avoir un centre de commémoration et d’apprentissage dans le centre de Londres pour commémorer ceux qui ont perdu la vie dans les crimes les plus odieux du 20e siècle ».
« Si c’était le conseil municipal de Westminster qui prenait une décision sur cette demande, celle-ci aurait été refusée pour des raisons patrimoniales ; l’emplacement dans les jardins de la tour Victoria, sa taille et sa conception causeraient un préjudice considérable et auraient un impact significatif et néfaste sur l’un des rares espaces verts restants sur le Thames Embankment », a-t-il déclaré selon le Guardian.
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Le plan a été élaboré par l’UNESCO, l’organisme Historic England et The Royal Parks. Les jardins sont situés sur un site du patrimoine de l’UNESCO et les responsables affirment que le mémorial pourrait obstruer la vue depuis les jardins. Les opposants ont demandé que le mémorial de la Shoah soit érigé dans un endroit plus approprié.
Plus de 10 000 personnes ont signé une pétition pour que le mémorial soit déplacé, a indiqué le journal.
Cependant, Karen Pollock, directrice générale de l’Holocaust Educational Trust, a fait valoir lors de la réunion du conseil que la proximité avec le Parlement permettrait « de raconter l’histoire de notre nation et de servir d’avertissement perpétuel sur ce qui peut arriver lorsque les démocraties échouent ».
« Il doit être ici, dans l’ombre du Parlement, dans l’ombre du plus grand emblème de notre démocratie », a-t-elle défendu selon un article du London Jewish News.
Mala Tribich, une survivante de la Shoah, a également pris la parole lors de la réunion, affirmant que le mémorial serait « un héritage durable afin que les générations futures comprennent pourquoi il est important de tirer les leçons de la Shoah et de se dresser contre les préjugés ».
C’est la ministre d’État au logement et à l’urbanisme, Esther McVey, qui aura le dernier mot sur la question, d’après le Guardian. Cette dernière prévoit d’organiser une enquête publique sur la proposition, et une décision est attendue dans le courant de l’année.
En août dernier, le maire de Londres, Sadiq Khan, avait demandé au conseil municipal de Westminster d’approuver le mémorial en disant qu’il « serait une déclaration nationale puissante », rapportait à l’époque le UK Jewish News.
Quelque 91 millions de dollars de fonds publics ont été annoncés pour couvrir le coût du mémorial, estimé à 124 millions de dollars.
La JTA a contribué à cet article.