L’AP et la page Facebook du Fatah honorent le cerveau des attentats de Munich
Un compte semi-officiel du Fatah a qualifié Ali Hassan Salameh de "phare" vers la "libération ; un quotidien de l'AP a salué un "martyr" dans un article de commémoration

Un média officiel palestinien a rendu hommage à un terroriste célèbre qui avait orchestré l’enlèvement et l’assassinat de onze athlètes israéliens à Munich. Marquant, la semaine dernière, l’anniversaire de sa mort – il avait été tué par le Mossad – le quotidien officiel de l’Autorité palestinienne a qualifié Ali Hassan Salameh de « commandant chevronné » et une page Facebook du Fatah a, pour sa part, estimé qu’il avait été une personnalité « exceptionnelle » qui avait servi de « modèle » dans « le voyage vers la libération ».
Salameh, chef de la sécurité du mouvement au sein du Fatah de l’Organisation de libération de la Palestine dans les années 1970, avait été le cerveau du massacre perpétré lors des Jeux Olympiques de Munich, en 1972, pour le compte du groupe terroriste Septembre noir, une branche de l’OLP.
L’OLP, dominée par le Fatah, était engagée dans la lutte armée contre les soldats et les civils israéliens partout où ces derniers étaient présents et elle commettait régulièrement des attentats terroristes au sein de l’Etat juif et à l’étranger.
Au cours du massacre de Munich, les terroristes palestiniens avaient initialement tué deux athlètes israéliens et en avaient enlevé neuf. En échange, ils avaient réclamé la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi que celle de deux éminents militants de gauche ouest-allemands.
Après une tentative vaine des forces de sécurité allemandes de libérer les otages, les Palestiniens avaient ouvert le feu sur les Israéliens, les tuant froidement.
Les attentats de Munich avaient suscité l’horreur dans le monde et ils avaient été condamnés par la communauté internationale.
Le Fatah et les médias officiels palestiniens continuent à rendre hommage, chaque année, à Salameh, à la date-anniversaire de son assassinat par le Mossad, le 22 janvier 1979, selon des informations récentes qui ont été publiées par le groupe Palestinian Media Watch, une organisation à but non-lucratif qui traque les incitations à la violence dans les médias palestiniens.

Le journal officiel de l’Autorité palestinienne Al-Hayat Al-Jadida a qualifié Salameh — également surnommé Abu Hassan ou le prince Rouge – de « martyr » et de « commandant chevronné ».
« Ali Hassan se distinguait par un bras long, qui atteignait toute l’Europe et par une grande intelligence qui lui avait permis de pourchasser les agents du Mossad », a commenté un narrateur enthousiaste dans une vidéo publiée sur une page Facebook semi-officielle du Fatah. « Après sa nomination aux commandes des opérations spéciales menées contre les services de renseignement israéliens dans le monde, son nom avait été lié à de nombreuses opérations de haut-niveau comme l’envoi de colis explosifs à de nombreux agents du Mossad en Europe ».
Ces « colis explosifs » semblent avoir été une référence aux dizaines de lettres explosives qui avaient été envoyées à des diplomates israéliens stationnés à l’étranger. Tandis que la majorité avait été neutralisée, Ami Schechori, attachée diplomatique à l’ambassade israélienne au Royaume-Uni, avait été tué par l’un de ces dispositifs.
« Salameh a laissé derrière lui toute une vie qui l’a transformé en symbole extraordinaire. Son héritage est encore porté par ceux qui travaillaient à ses côtés et par ceux qui l’aimaient, qui le considèrent encore comme un phare les aidant à s’orienter dans ce voyage vers la libération », continue la vidéo du Fatah.
« Ali Hassan Salameh – la mémoire palestinienne se refuse à oublier cet homme exceptionnel – cet homme qui a su rendre son nom immortel dans toute l’histoire de la révolution palestinienne et dans sa guerre sophistiquée contre le Mossad », conclut la vidéo.
Palestinian Media Watch a noté cette semaine que des responsables du Fatah avaient également rendu hommage aux autres membres de la cellule de Septembre noir, à l’origine des attentats de Munich.
Dans une publication postée au mois d’avril dernier, Tawfik Tiwarti, membre du comité central du Fatah et ancien chef de la sécurité en Cisjordanie, avait qualifié de « leaders » les trois autres membres de Septembre noir qui, avait-il écrit, « ont réhabilité la Palestine par le don de leur personne ».
Salameh, qui était originaire de Jaffa, était devenu l’un des lieutenants les plus proches de Yasser Arafat, responsable de l’OLP et chef du Fatah. Il avait pris la tête de l’organisation Septembre noir dans les années 1970, qui se livrait à des assassinats sous couverture et à des prises d’otage qui étaient ensuite libérés contre des rançons.
En plus des attentats de Munich, Septembre noir avait aussi pris pour cible des diplomates et des hommes d’affaires israéliens à l’étranger et assassiné un Premier ministre jordanien. Le groupe avait aussi été à l’origine d’un attentat à la bombe dans une synagogue hollandaise qui avait entraîné la mort de trois personnes.
De manière paradoxale, le cerveau de certaines des attaques les plus vicieuses de l’OLP avait aussi été l’homme choisi par Arafat pour maintenir des liens officieux avec les Etats-Unis, avec des rencontres qui avaient été organisées à Beyrouth et à Bagdad avec des diplomates américains et des agents des renseignements. Salameh avait été celui qui, en coulisses, servait d’intermédiaire entre les Américains et les Palestiniens à une période où les contacts entre le groupe terroriste et Washington étaient strictement confidentiels.
Le pourchassant, des agents du Mossad l’avaient pris par erreur pour un serveur marocain, en Norvège, qu’ils avaient accidentellement assassiné en 1973. Ils avaient été mis en examen par la justice norvégienne mais ils avaient finalement été extradés vers l’Etat juif.
Salameh avait été finalement assassiné – par des agents du Mossad, selon des informations – en 1979 à Beyrouth.