Lapid réaffirme l’engagement d’Israël à maintenir le statu quo sur le Mont du Temple
Le chef de la diplomatie a déclaré qu'une politique qui empêche le culte juif dans l'État juif était toutefois problématique

Israël « ne changera pas » le statu quo sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, selon lequel les musulmans peuvent prier sur ce lieu saint mais pas les fidèles des autres religions, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie israélienne.
« Les musulmans prient sur le Mont du Temple, les non-musulmans peuvent seulement visiter. Il n’y a pas de changement, et il n’y aura pas de changement », a déclaré Yaïr Lapid à la presse étrangère après des jours de violence sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, aussi considéré comme le lieu le plus sacré du judaïsme sous son nom de « Mont du Temple ».
Après des attaques meurtrières en Israël, dont deux perpétrées par des Palestiniens, puis des opérations musclées de l’armée israélienne en Cisjordanie, des violences ont éclaté à la mi-avril à l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, faisant craindre une nouvelle escalade de la violence entre Israël et des mouvements armés palestiniens.
Vendredi encore, plus d’une cinquantaine de Palestiniens ont été blessés dans des heurts sur place avec la police israélienne, qui a indiqué être intervenue après que des émeutiers ont lancé des pierres depuis l’esplanade vers le mur Occidental en contrebas.

Le déploiement des forces policières israéliennes sur l’Esplanade des Mosquées, et à l’occasion dans la mosquée locale Al-Aqsa, est « justifié » compte tenu des circonstances, a déclaré M. Lapid.
« La police est intervenue car il y avait des centaines d’émeutiers dépêchés par le Hamas et le Jihad islamique », a déclaré M. Lapid. « je crois (que ce déploiement) était justifié car il a permis d’éviter un désastre (…) en fait il a permis de sauver des vies », a affirmé M. Lapid alors que les autorités israéliennes craignent de nouvelles tensions à Jérusalem.
Si Israël reste publiquement attaché à cette politique, les musulmans se plaignent qu’en pratique, certains visiteurs juifs du Mont du Temple prient. Samedi soir, le ministre des Affaires de la diaspora, Nachman Shai, a accordé une interview à la chaîne publique israélienne dans laquelle il a confirmé une « détérioration » du statu quo.
« Il y a beaucoup plus de Juifs qui se rendent sur le Mont du Temple. Certains s’arrêtent en chemin et prient, ce qui était interdit », a déclaré Shai au radiodiffuseur public Kan.
« Shai est mal informé », a affirmé Lapid, en réponse à une question du Times of Israël sur les commentaires du ministre des Affaires de la diaspora, tout en se laissant aller : « Quelqu’un pourrait se faufiler de temps en temps. »
Lapid a affirmé que, conformément à la politique officielle d’Israël, la police qui fait respecter l’ordre sur le Mont du Temple a pour instruction d’empêcher la prière juive.

Cependant, tout en maintenant la politique de statu quo, Lapid a déclaré qu’une politique qui empêche le culte juif dans l’État juif était problématique.
« D’ailleurs, je ne me sens pas à l’aise avec l’idée que les Juifs n’ont pas la liberté de culte dans l’État d’Israël et que les Juifs sont interdits sur le site », dit-il. « Je sais en revanche quelles sont les instructions de la police – et elle les applique du mieux qu’elle peut – selon lesquelles les musulmans peuvent prier sur le Mont du Temple et les autres religions peuvent s’y rendre. »
« Je sais quelles instructions la police a – et elle les applique au mieux de ses capacités – que les musulmans peuvent prier sur le Mont du Temple et que les autres religions peuvent s’y rendre », a déclaré le ministre des Affaires étrangères.
M. Lapid a également noté qu’Israël a empêché les provocations de Juifs cherchant à s’affirmer sur le Mont du Temple ou dans les quartiers musulmans de la Vieille Ville.

« Israël a fait des efforts substantiels pour arrêter les éléments extrémistes juifs également », a-t-il dit.
Au début du mois, des extrémistes juifs ont appelé à la réalisation d’un sacrifice de Pessah sur le Mont du Temple, ce qui a excédé les Palestiniens et suscité des menaces de la part de groupes terroristes. Le gouvernement du Premier ministre Naftali Bennett a exclu la possibilité de tout sacrifice et procédé à plusieurs arrestations. Israël a également empêché la « marche des drapeaux » des nationalistes prévue dans le quartier musulman de la Vieille Ville.
Israël a étendu sa souveraineté au Mont du Temple et à Jérusalem-Est après avoir capturé la zone à ses occupants jordaniens lors de la guerre de 1967, mais a permis au Waqf jordanien de continuer à administrer le Mont, connu des musulmans sous le nom de Haram al-Sharif.
Les tensions sur le Mont du Temple ont également mis à mal les liens d’Israël avec ses alliés arabes, qui ont exigé la fin de la prière juive sur ce site.
Lapid a rejeté la responsabilité de la violence sur les organisations terroristes que sont le Hamas et le Jihad islamique, qui, selon lui, envoient des partisans sur le Mont du Temple pour inciter à la violence et exiger une réponse de la police.
« Il faut mettre les choses en perspective. Il y a eu 200 à 300 extrémistes envoyés par le Hamas et le Jihad islamique pour inciter à des émeutes. Mais pas plus tard qu’hier, 95 000 fidèles sont venus sur le Mont du Temple pour y tenir une cérémonie sainte, et ce dans la paix », a déclaré Lapid.
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« Nous avons tout fait pour assurer une prière pacifique », a poursuivi Lapid, opposant la prière pacifique à un autre événement survenu vendredi, au cours duquel, selon lui, des militants du Hamas sur le Mont du Temple ont lancé publiquement un « appel antisémite au massacre de citoyens israéliens ».
Israël a fait face à une vague résurgente d’attaques terroristes au cours du mois dernier, faisant jusqu’à présent 14 morts. Lapid a révélé que, depuis le début de l’année 2022, l’armée israélienne a déjoué 126 attaques terroristes importantes, dont la majorité était planifiée à l’aide d’armes à feu, mais qui comprenaient deux attaques déjouées à l’aide de ceintures de suicide.
Si l’armée a été active en Cisjordanie, notamment dans la région de Jénine, pour réprimer le terrorisme, Israël n’a pas touché aux permis de travail de cette région. En revanche, les travailleurs de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, seront temporairement interdits d’entrée, conformément à une décision prise à la suite des tirs de roquettes du week-end dernier.
« Nous avons pris la décision de ne pas permettre aux travailleurs de Gaza d’entrer en Israël aujourd’hui », a déclaré le ministre des affaires étrangères.
Le gouvernement, selon Lapid, avait prévu de doubler le nombre de permis de travail en Israël en provenance de Gaza pour le porter à 20 000, en attendant que le calme règne pendant la période du Ramadan.
« Mais à l’aune des événements récents, nous devrons malheureusement réétudier cette mesure attentivement », a déclaré Lapid.