Lapid vante « l’alliance » à travers les deux camps après la victoire d’Elharrar
Selon le leader Yesh Atid, les 4 membres de la coalition qui ont permis d'élire la députée à la Commission de sélection judiciaire ne veulent pas aider à détruire la démocratie
Le leader de l’opposition Yair Lapid a affirmé jeudi qu’une nouvelle « alliance » transpartisane s’était créée avec l’élection, mercredi, d’une députée de l’opposition qui siègera ainsi à la Commission chargée de nommer les juges de la nation. Il a estimé que les députés appartenant au bloc du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui avaient accordé leurs suffrages à Karine Elharrar ont prouvé qu’ils étaient attachés « à la sauvegarde de la démocratie israélienne » et qu’ils ont démontré leur opposition au projet de réforme radicale du système de la justice israélien.
S’exprimant lors d’une conférence qui était organisée à l’université Reichman, à Herzliya, Lapid a rendu hommage aux membres de la coalition qui ont défié la discipline de cette dernière lors de l’élection à huis-clos et qui ont aidé à désigner la membre du parti Yesh Atid au panel de sélection judiciaire – une initiative qui a été considérée comme une humiliation du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le chef de la formation Yesh Atid a déclaré que ces membres rebelles n’avaient reçu aucune promesse en échange de leur vote et il a ajouté que certains d’entre eux avaient même juré de voter à l’avenir en défaveur de certaines parties du plan de refonte du système de la justice israélien qu’ils considèrent comme nuisibles pour le pays.
Elharrar a été élue avec 58 voix « Pour » et 56 voix « Contre », ce qui signifie que quatre membres de la coalition au pouvoir ont voté pour elle. La seule autre candidate, Tally Gotliv, du Likud, a été battue sans pitié après avoir mis la coalition dans l’impasse en refusant de se retirer de la course.
L’opposition avait lancé une campagne organisée pour recruter des députés du Likud susceptibles de voter pour Elharrar. Même si les bulletins étaient secrets, les noms des députés David Bitan et Yuli Edelstein ainsi que ceux de Yoav Gallant et de Gila Gamliel, une autre ministre, seraient ceux qui auraient fait pencher la balance en faveur d’Elharrar.
Un deuxième scrutin distinct sera organisé dans les trente jours pour choisir le deuxième représentant du Parlement qui siègera à la Commission – ce sera probablement Yitzhak Kroizer, du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, l’un des partenaires de la coalition.
Le résultat a été une humiliation pour le Premier ministre, démontrant son manque de contrôle apparent sur ses propres parlementaires. Avec une conséquence immédiate : les chefs de l’opposition ont fait savoir que les événements de la journée – avec la tentative, de la part de Netanyahu, de reporter le vote d’un mois – montraient qu’il n’était pas possible de faire confiance au Premier ministre et ils ont annoncé qu’ils mettaient un arrêt aux négociations de compromis entamées dans le cadre du projet de réforme du système judiciaire, des pourparlers organisés sous les auspices du président Isaac Herzog, jusqu’à la première convocation de la Commission de sélection judiciaire.
Les nominations des magistrats, dans le pays, sont au cœur du plan de refonte du système judiciaire de la coalition – et un point de friction constant dans les discussions en cours à la résidence présidentielle. Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a récemment qualifié la constitution actuelle du panel « d’invalide » et « d’indigne d’une démocratie » alors qu’il cherche à asseoir le contrôle des politiques dans le processus du choix des juges.
Les députés de l’opposition et le mouvement de protestation en cours ont estimé que renforcer l’influence des politiques sur les magistrats mettra un terme à l’indépendance du système judiciaire et portera gravement atteinte à la démocratie.
« Ce à qui nous avons assisté lors du vote d’hier a été le début d’une nouvelle alliance israélienne », a dit Lapid dans la matinée de jeudi. « Naissant du chaos, du désordre et des mensonges, une alliance a été créée, une alliance qui ne s’attache plus à la droite, à la gauche ou au centre – mais à la nécessité de tenter de sauvegarder l’État d’Israël ».
« Les députés de la coalition qui ont voté en faveur de la députée Karine Elharrar n’ont pas changé de parti et ils n’ont reçu aucune promesse. Ils l’ont fait parce que ce sont des personnalités décentes qui ne souhaitent plus faire partie de cette machine qui détruit la société israélienne. J’ai beaucoup de respect pour ce positionnement », a ajouté le leader de l’opposition.
« Nous continuerons à travailler avec eux pour garantir le bien-être de la démocratie israélienne », a continué Lapid. « Certains d’entre eux nous disent : Même lors d’un vote qui se déroulerait au vu et au su de tous, nous ne participerons pas à ce qui portera atteinte à l’État d’Israël. Nous ne sommes pas entrés à la Knesset pour nous mettre au service des extrémistes ».
« Cette alliance est l’avenir du pays. Une majorité à la fois patriote, libérale, décente, non-corrompue qui passe à l’action pour renforcer la sécurité, pour faire baisser le coût de la vie, pour créer une constitution et plus que tout le reste – une majorité qui est déterminée à garantir que cette nation ne sera pas mise en pièces », a-t-il poursuivi.
De hauts-responsables du Likud ont fait part de leur opposition au projet de réforme radicale du système judiciaire israélien ces derniers jours, affirmant que l’initiative faisait perdre au parti le soutien du public et qu’elle avait écarté d’autres problématiques déterminantes de l’ordre du jour, a indiqué mercredi soir le quotidien Haaretz.
« De plus en plus de ministres et de députés de la coalition demandent à Netanyahu de s’éloigner à la fois des réformes et de Yariv Levin », a confié un parlementaire issu de la coalition à Haaretz.
La Douzième chaîne a cité un député du Likud qui a dit qu’il avait soutenu Elharrar lors du vote, alors que les rumeurs laissaient largement entendre que Netanyahu essayait d’apaiser l’opposition après la menace brandie, par cette dernière, de se retirer des négociations visant à trouver un compromis dans le plan de réforme si aucun représentant de l’opposition n’était élu au sein du panel de sélection des juges.
Ce membre du Likud a indiqué que si Elharrar n’avait pas obtenu un nombre suffisant de soutiens, des manifestations auraient éclaté et qu’elles auraient dépassé en ferveur celle qui avait eu lieu, fin mars, en signe de protestation contre le renvoi de Yoav Gallant, le ministre de la Défense, qui avait demandé que le plan de refonte du système de la justice soit suspendu. Gallant avait été finalement maintenu à ses fonctions par Netanyahu et ce dernier avait gelé le projet de réforme pour ouvrir la porte à des négociations avec l’opposition.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.