L’apposition d’images choquantes sur les produits du tabac votée à la Knesset
Israël est le deuxième pays à exiger de telles mises en garde pour les cigarettes électroniques ; une enquête révèle que 31 % des fumeurs israéliens ont commencé - ou recommencé - à fumer à cause de la guerre

La commission des Affaires économiques de la Knesset a approuvé mercredi un projet de loi qui exige que des images choquantes figurent dorénavant non seulement sur les paquets de cigarettes ordinaires, mais aussi sur les cigarettes électroniques, sur les dispositifs de chauffage du tabac, sur le papier à rouler et sur le tabac en vrac.
Une décision qui a été prise trois jours avant la Journée mondiale sans tabac, qui se déroulera samedi, et au moment où l’Association israélienne de lutte contre le cancer a présenté des données inquiétantes, qui laissent entendre que 31 % des fumeurs israéliens ont commencé ou recommencé à fumer en raison du stress et de l’anxiété qui les minent depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023.
Des études ont signalé que 20 % des adultes israéliens fumaient – ce qui est un pourcentage plus élevé que dans les autres pays de l’OCDE.
Les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et le Royaume-Uni affichent un taux de tabagisme de 13 %.
Environ 20 % des décès en Israël sont liés au tabac.
« Nous sommes le deuxième pays au monde, après la Corée du Sud, à adopter cette législation sur les cigarettes électroniques », a déclaré au Times of Israel Yael Bar-Zeev, de l’École Braun de santé publique et de médecine communautaire à l’hôpital Hadassah, au sein de l’Université hébraïque de Jérusalem. « Nous sommes pionniers en ce qui concerne l’introduction d’avertissements violents pour les produits alternatifs à base de nicotine, y compris en ce qui concerne les produits relatifs au tabac à chauffer ».
Cette mesure entrera en vigueur dans 13 mois.

« Nous nous attendions à assister à une réduction du tabagisme dans la mesure où de nombreuses directives, dans la lutte contre le tabac, avaient été adoptées en 2020 », explique Bar-Zeev. « Mais la COVID-19 a fait son apparition et juste après, ça a été la guerre ».
Augmentation du tabagisme depuis le pogrom commis par le Hamas
La guerre avait commencé le 7 octobre 2023 – quand des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël, tuant plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, et kidnappant 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
Vingt-quatre heures après, le groupe terroriste du Hezbollah, basé au Liban et soutenu par l’Iran, avait lancé ses premiers tirs de roquette en direction du nord d’Israël, en soutien au groupe terroriste au pouvoir dans l’enclave côtière. Si un cessez-le-feu a été signé avec le Hezbollah le 27 novembre 2024, la guerre à Gaza se poursuit de son côté et les Israéliens vivent toujours dans l’ombre de ce conflit angoissant.

Selon l’enquête qui a été réalisée par l’Association israélienne contre le cancer, 5 % des fumeurs actuels ont augmenté leur consommation de tabac en raison de la situation sécuritaire.
Le taux de fumeurs réguliers de cigarettes est de 23 %, le tabagisme étant plus fréquent chez les hommes (30 %) et plus faible chez les personnes à hauts revenus (15 %). Les fumeurs de cigarettes électroniques représentent environ 12 % de la population et ils sont plus nombreux chez les jeunes âgés de 16 à 24 ans (18 %).
Parmi les fumeurs, 71 % regrettent d’avoir commencé à fumer et les trois-quarts aimeraient arrêter. Environ 19 % déclarent que le stress les empêche d’arrêter de décrocher. L’enquête a aussi révélé qu’une incitation financière aiderait un quart d’entre eux à arrêter de fumer et qu’un pourcentage similaire (24 %) serait incité à le faire par une alerte touchant leur état de santé.
Les avertissements sous forme d’images choquantes aident
Les images et les avertissements s’avèrent être efficaces pour réduire le tabagisme lorsqu’ils sont associés à des taxes plus élevées, à l’application de l’interdiction de fumer dans les lieux publics et à des restrictions sur la publicité, affirme Bar-Zeev.
Elle souligne toutefois que, le tabagisme créant une forte dépendance, les effets positifs de ces avertissements sont graduels.

« Il ne s’agit pas de faire en sorte que quelqu’un regarde l’emballage et qu’il se dise : ‘Je ne veux plus fumer’, » explique-t-elle. « L’idée principale, c’est de dissuader les jeunes et les jeunes adultes de commencer à utiliser ces produits. Et c’est efficace ».
Des études montrent que lorsqu’il y a ce type de mise en garde sur les produits, « les gens ont tendance à cacher leur paquet parce qu’ils ne veulent pas regarder l’image », dit-elle.
En plus de ces avertissements, les emballages contiendront également un code QR qui renverra les acheteurs aux services mis à leur disposition pour les aider à arrêter de fumer.

« Israël est l’un des rares pays dans le monde à proposer une thérapie comportementale gratuite et des médicaments fortement subventionnés aux personnes qui souhaitent arrêter de fumer par l’intermédiaire de leur caisse d’assurance-santé », poursuit Bar-Zeev. « Les gens doivent en avoir conscience ».
L’enquête de l’Association israélienne de lutte contre le cancer s’est appuyée sur un échantillon national représentatif de la population israélienne, parmi 553 hommes et femmes qui étaient âgés de 16 à 60 ans.