L’armée donne aux résidents juifs de Hébron de nouvelles prérogatives municipales
Le chef du Commandement central transfère la compétence des services des infrastructures de l'AP au ministère de l’Intérieur israélien
Le Commandement central de l’armée israélienne a élargi jeudi les pouvoirs municipaux des résidents juifs de Hébron. Selon les fonctionnaires, cette décision permettrait de renforcer la communauté dans la cité divisée en Cisjordanie.
Le général Roni Noma qui commande l’armée israélienne dans la région a signé jeudi un ordre établissant une administration municipale qui « représentera les résidents » juifs de Hébron et « leur prodiguera différents services », a indiqué l’armée dans un communiqué.
Noma a signé l’ordre, qui a été décrit comme une question technique par l’armée. Cependant, les groupes anti-implantations ont déclaré que cette décision était conçue pour approfondir la discrimination dans la ville.
« Je suis déterminé à continuer à promouvoir l’implantation afin qu’elle s’épanouisse et prospère, et je le ferai avec responsabilité et discrétion », a déclaré le ministre de la Défense, Avigdor Liberman.
Les quelque 500 juifs qui vivent retranchés sous haute protection militaire parmi 40 000 Palestiniens disposaient depuis des années d’une commission faisant office de municipalité, souligne l’armée. Mais elle n’avait jamais été « légalisée » au regard du droit israélien, dit-elle.
Dans une déclaration publiée mercredi après la fuite de l’information sur le transfert de compétence, la communauté juive a remercié Liberman et la ministre de la Justice, Ayelet Shaked, pour leur rôle dans la signature de l’ordonnance, qui, selon eux, permettraient de « réglementer la vie quotidienne et les services municipaux ».
En vertu du Protocole de Hébron signé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu en janvier 1997, la ville la plus peuplée de Cisjordanie a été divisée en deux sections. H1 comprend 80 % de la ville et se trouve sous le contrôle palestinien complet. Et H2 comprend 500 résidents israéliens qui vivent entourés de 40 000 Palestiniens.
Bien que la section soit sous le contrôle militaire israélien et que les quatre quartiers juifs soient fortement surveillés par l’armée israélienne, les problèmes civils qui ne concernaient pas les biens personnels des résidents étaient traités par l’Autorité palestinienne.
L’ordonnance de jeudi transfère la responsabilité des besoins en infrastructure des résidents, y compris l’électricité, l’entretien des routes et les eaux usées des Palestiniens au comité municipal de Hébron qui est sous la juridiction du ministère de l’Intérieur d’Israël.
Le porte-parole de la communauté, Noam Arnon, a déclaré au Times of Israël que « le niveau d’investissement des autorités palestiniennes avait été basique, au mieux ».
L’ONG La Paix Maintenant a critiqué cette annonce. « En accordant un statut officiel aux résidents [juifs] de Hébron, le gouvernement israélien formalise le système d’apartheid dans la ville », a dénoncé le groupe dans un communiqué.
La Paix Maintenant a déclaré que l’ordonnance était une récompense pour les résidents juifs qui avaient récemment été informés qu’ils seraient expulsés d’une maison de Hébron. Il a jugé que la décision de l’armée était « une autre illustration de la politique d’indemnisation des résidents [juifs] des plus extrêmes pour leurs actes illégaux ».
Hébron, plus grande ville de Cisjordanie, est une poudrière où la coexistence des Palestiniens et des juifs est une source de tensions et violences permanentes.
L’Unesco a inscrit en juillet la Vieille Ville de Hébron sur la liste du patrimoine mondial en danger. Cette décision et la caractérisation par l’Unesco d’Hébron comme ville islamique ont provoqué la fureur israélienne.
Les juifs revendiquent une présence de 4 000 ans à Hébron. La Vieille Ville abrite le tombeau des Patriarches, où reposerait notamment Abraham, père des trois religions monothéistes. Le site est également révéré par les musulmans comme la mosquée d’Ibrahim.
Nombre des résidents juifs de Hébron voient leur présence comme un acte idéologique renvoyant aux temps bibliques.