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Le beau-frère de Merah, son séjour syrien, son retour rocambolesque

A quelques encablures du procès du frère de Mohamed Merah à Paris se tient, hasard du calendrier, celui de son beau-frère, Abdelouahed El-Baghdadi

Zoulikha Aziri, la mère de Mohamed, Abdelkader et Souad Merah, au tribunal de Paris, avant l'ouverture du procès d'Abdelkader Merah, complice présumé de son frère, le 2 octobre 2017. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)
Zoulikha Aziri, la mère de Mohamed, Abdelkader et Souad Merah, au tribunal de Paris, avant l'ouverture du procès d'Abdelkader Merah, complice présumé de son frère, le 2 octobre 2017. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)

A quelques encablures du procès du frère de Mohamed Merah à Paris se tient, hasard du calendrier, celui de son beau-frère, Abdelouahed El-Baghdadi. Jugé pour un séjour en Syrie en 2014, ce trentenaire a raconté mardi sa « fuite » mouvementée et sa reddition en France.

« Je n’ai pas aimé la situation en Syrie », résume-t-il depuis le box des prévenus, veste de sport rouge, cheveux noués en catogan.

Abdelouahed El-Baghdadi, jugé par le tribunal correctionnel au côté de cinq autres hommes originaires du sud-ouest, partis eux aussi en 2014, avait pourtant mûri son projet.

Il s’agissait, assure ce Franco-marocain, « de s’installer dans un pays où je pourrais pratiquer ma religion comme je voulais ». En famille : il a épousé religieusement Souad Merah, sœur du tueur au scooter, en 2011. Elle avait déjà deux enfants, ils ont ensemble deux garçons.

Les tanks turcs et les combattants de l'opposition syrienne pro-Ankara à deux kilomètres à l'ouest de la ville syrienne de Jarablos, à Karkamis, une ville turque frontalière, le 24 août 2016. (Crédit : AFP/Bulent Kilic)
Les tanks turcs et les combattants de l’opposition syrienne pro-Ankara à deux kilomètres à l’ouest de la ville syrienne de Jarablos, à Karkamis, une ville turque frontalière, le 24 août 2016. (Crédit : AFP/Bulent Kilic)

Après des essais en Egypte et en Tunisie, il s’installe en avril 2014 à Jarablous, en Syrie. Seul, pour « faire un repérage. »

Il y vit, soutient-il, comme « un civil », sur ses économies. Le président décrit « une situation de guerre ». « Pas dans la ville », objecte El-Baghdadi.

Toutefois, après deux semaines, « je voulais repartir », affirme-t-il : les Syriens « me parlaient de l’oppression » de l’organisation Etat islamique (EI), « les choses ont empiré après la proclamation du califat » en juin 2014.

Il demande aux responsables locaux de l’EI l’autorisation d’aller voir son épouse à Gaziantep, en Turquie. Sans réponse.

Le tribunal est circonspect : que faisait donc Souad Merah, radicalisée de longue date, si près de la Syrie ? Elle devait lui servir « d’alibi », assure El-Baghdadi, « pour obtenir un laisser-passer » vers la Turquie.

Un magistrat s’interroge : avait-elle besoin de venir avec les enfants ? L’époux assure qu’elle n’a pas passé la frontière syrienne.

Un ami toulousain d’El-Baghdadi, Imad Djebali, veut aussi quitter la Syrie. Tout comme l’Albigeois Gaël Maurize. En août, ils décident de partir clandestinement.

« Accusés d’espionnage »

Dans la voiture du passeur, « on tombe dans un guet-apens », raconte El-Baghdadi. L’Etat islamique « nous dit qu’on est accusés d’espionnage. »

Les Français sont emprisonnés : un responsable « nous fait comprendre qu’on va se faire exécuter. »

Mais au bout de quinze jours, alors que « le gardien fait la prière », la voie est libre : « on s’est enfuis. »

Le groupe passe en Turquie au matin. Interpellés par l’armée, ils sont placés en rétention.

Le 23 septembre, les Turcs les mettent dans un avion, signalé aux services français, pour Orly. Las, le pilote refuse de les embarquer. « Ils nous ont trouvé un autre avion pour Marseille ». Mais Paris est prévenu trop tard : « on n’était pas attendus. »

Le petit groupe, surpris, prend donc un taxi pour Toulouse, sur les conseils de l’avocat de l’un d’eux. Mais le chauffeur « allume la radio » et reconnaît les trois « revenants », dont l’interpellation manquée fait la Une. « Il nous dit: ‘Je peux pas aller plus loin’. »

Un proche de Djebali les récupère à Montpellier. Après une nuit à l’hôtel aux portes du Larzac, ils se rendent le lendemain au poste « le plus proche », la gendarmerie du Caylar.

« Après ce qu’on a vécu, un lien très fort s’est créé », conclut El-Baghdadi.

Le procureur, qui le trouve bien plus « prolixe » sur son échappée que sur sa vie en Syrie, souligne qu’une perquisition avait eu lieu chez lui juste avant son départ, dans le cadre de l’enquête sur les crimes de Merah, et qu’un « appel au jihad le plus violent », dactylographié, avait été retrouvé.

Quelques pages parmi « 2 500 » sur la religion, répond El-Baghdadi. « Aujourd’hui, je ne me retrouve pas dans cette idéologie de jihad mondial prôné par l’Etat islamique. »

Le prévenu est détenu à l’isolement depuis trois ans. Isolement prolongé « à cause du fait que je suis le beau-frère de Merah », estime-t-il. Souah Merah se trouverait actuellement en Algérie.

Le procès se poursuit jusqu’à vendredi.

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