Le caractère antisémite de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union reconnu
Cette décision donne ainsi le droit à l’association Maison des potes de se constituer partie civile lors d’un prochain procès, ce qui lui avait jusqu’alors été refusé
La Cour de cassation a reconnu mardi dernier que le mobile antisémite de la profanation du cimetière juif de Sarre-Union, en février 2015, était indiscutable. 250 tombes avaient alors été dégradées. Il s’agit de la profanation la plus importante commise dans un cimetière juif en France depuis les années 1990.
Cette décision donne ainsi le droit à l’association Maison des potes de se constituer partie civile lors d’un prochain procès, ce qui lui avait jusqu’alors été refusé.
Il aura en effet fallu six ans de combat judiciaire aux associations qui luttent contre le racisme et l’antisémitisme pour pouvoir se constituer partie civile dans cette affaire.
Les coupables avaient déjà été condamnés en septembre 2017 à des peines de prison allant de huit à 18 mois, et à 140 heures de travaux d’intérêt général. Quarante familles et le Consistoire israélite du Bas-Rhin, propriétaire du terrain, s’étaient portées partie civile.
Six associations pour les droits de l’homme, dont le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix (MRAP), SOS-Racisme et la Maison des potes, avaient été empêchées de se porter partie civile – seule la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) y avait été autorisée.
Cela avait été justifié par une lecture étroite de la loi : la violation de sépulture ne permet en effet pas aux associations de se porter partie civile, alors que la dégradation du bien d’autrui n’était alors, selon le tribunal, « pas liée à l’appartenance à une religion déterminée ».
Les prévenus doivent ainsi désormais être renvoyés devant la cour d’appel des mineurs de Metz.
La police avait arrêté cinq jeunes français, âgés de 15 ans et demi à 17 ans. Le plus jeune des suspects s’était spontanément présenté à la brigade de gendarmerie de Sarre-Union, mettant en cause plusieurs autres jeunes qui auraient été ses complices.
Lors des faits, ils se seraient livrés à des saluts nazis, des crachats sur des symboles juifs comme l’étoile de David, et prononcé les mots « sales juifs », « sale race » ou « Heil Hitler », et certains auraient uriné sur des tombes. Ils ont aussi ouvert des tombeaux pour y jeter de la cendre et saccagé un monument dédié aux victimes de la Shoah.
La profanation avait fait grandement réagir en France, un mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Le président de la République François Hollande s’était alors rendu sur place.