Israël en guerre - Jour 349

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Le feu à Notre-Dame, un châtiment de l’autodafé des Talmud au 13e siècle– rabbin

Shlomo Aviner, un rabbin radical, a suggéré que l'incendie de la cathédrale pouvait être la réponse divine aux textes juifs qui avaient été brûlés sur la place de Grève en 1242

La flèche de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, peu avant son effondrement lors de l'incendie qui a touché l'édifice, le 15 avril 2019. (Crédit : Hubert Hitier/AFP)
La flèche de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, peu avant son effondrement lors de l'incendie qui a touché l'édifice, le 15 avril 2019. (Crédit : Hubert Hitier/AFP)

Un éminent rabbin sioniste religieux israélien connu pour ses positions extrémistes a suggéré mercredi que l’incendie qui a ravagé l’emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris au début de la semaine pourrait être le châtiment divin venu punir l’autodafé du Talmud, au cours duquel des charrettes entières de textes juifs avaient été brûlés par les prêtres catholiques français, il y a huit siècles.

Il a tenu ces propos au site sioniste-religieux Srugim dans le cadre d’une interview (en hébreu).

Après avoir initialement rejeté l’idée que l’incendie de Notre-Dame était une sanction divine – « Nous ne connaissons pas les secrets de Dieu » – Shlomo Aviner, d’origine française, a finalement déclaré qu’il était « possible de le dire ».

Le christianisme, a-t-il expliqué, « est notre ennemi numéro un à travers l’histoire. On a tenté de nous convertir que ce soit par la parole ou par la force, nous avons été les victimes de l’Inquisition menée contre nous, on a brûlé des Talmud, il y a eu des expulsions, des pogroms. L’antisémitisme occidental est né de la haine des ‘assassins de Dieu’. Tout cela a aussi eu un rôle dans la Shoah ».

Rabbi Shlomo Aviner, head of the Ateret Cohanim yeshiva in Jerusalem (Crédit photo : Yossi Zamir/Flash90)
Le rabbin Shlomo Aviner, qui dirige la yeshiva Ateret Cohanim à Jérusalem. (Crédit photo: Yossi Zamir / Flash90)

Il a suggéré que l’incendie de Notre-Dame pouvait être le châtiment de Dieu sanctionnant l’autodafé des Talmud qui avait eu lieu aux abords de la cathédrale en 1242, à la suite de ce que les historiens ont appelé le « Procès du Talmud ».

« Le premier important autodafé de textes du Talmud s’est déroulé à Paris, sur la place de la cathédrale Notre-Dame », a expliqué Aviner. « Il a résulté de la disputation de Paris, au cours duquel des sages juifs avaient été contraints de débattre avec des sages chrétiens, et ces Talmud en flammes en avaient été la conséquence. Des volumes du Talmud avaient été transportés dans 20 charrettes et brûlés : 1 200 volumes du Talmud. Et cet incendie est donc la démonstration ‘qu’il y a une justice et qu’il y a un juge' », a-t-il indiqué, citant une référence de la littérature juive faite à la justice divine.

Une illustration de Jean Fouquet datant de 1450 environ représentant la cathédrale Notre-Dame et Paris en arrière-plan.

La disputation de Paris (1240), durant laquelle des rabbins avaient été dans l’obligation de se défendre contre des accusations qui affirmaient le caractère anti-chrétien du Talmud, avait été un traumatisme pour les Juifs au Moyen-Age. Le « procès » public avait débouché sur un gigantesque autodafé au cours duquel 1 200 volumes du Talmud et autres textes sacrés étaient partis en fumée.

Dans une période où l’imprimerie n’avait pas encore été inventée, la destruction d’un si grand nombre de manuscrits avait été considérée comme une attaque significative contre l’enseignement juif dans la région.

L’incendie de Notre-Dame a commencé dans l’après-midi de lundi, ravageant ce monument historique vieux de 800 ans trônant au cœur de Paris. Les responsables français attribuent l’origine du sinistre à des travaux de restauration de l’édifice médiéval, démarrés il y a quelques mois.

Lundi au crépuscule, les flammes ont dévasté la plus grande partie du toit et des combles et notamment la flèche du monument qui s’est écrasée au sol, ainsi qu’un nombre encore indéterminé d’objets et d’œuvres d’art inestimables qui se trouvaient dans la cathédrale. Le principal orgue de Notre-Dame, qui possède près de 800 tuyaux, a également été dégradé.

Des débris dans la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 16 avril 2019, un jour après l’incendie qui a touché cet édifice emblématique. (Christophe Petit Tesson / POOL / AFP)

Aviner, qui avait quitté la France dans les années 1960 pour s’installer en Israël, est un auteur et commentateur prolifique de l’actualité. Il a souvent adopté des positions radicales qui, insiste-t-il, trouvent leurs racines dans la loi religieuse. Il a ainsi clamé que la Halakha (loi juive) interdisait aux Juifs de louer des appartements aux Arabes en Israël – une affirmation dénoncé par un grand nombre d’autres rabbins sionistes religieux. Il prône également les « thérapies de conversion » à l’encontre des homosexuels.

Alors qu’il a déclaré ne pas se réjouir des incendies touchant les églises à l’étranger, Aviner a estimé que la « question est plus compliquée » en Israël, qualifiant « d’idolâtre » le christianisme.

« Parmi les arguments du Rebbe Satmar [antisioniste] s’opposant au retour sur la terre d’Israël, il y a le commandement d’y brûler les églises et cette idée que ne pas le faire s’apparente à une transgression » – avec cette logique que les Juifs, qui ne désirent pas mettre le feu à des églises, ne peuvent donc envisager d’immigrer en Israël.

Aviner a également ajouté qu’incendier des églises n’était pas une solution à retenir dans la mesure où, ce faisant, les auteurs du sinistre ouvraient inconsciemment la porte à la reconstruction.

Construire une église sur la terre d’Israël « est une transgression plus importante que de la laisser intacte », a-t-il clamé.

Un groupe religieux israélien qui se consacre au dialogue interconfessionnel, Tag Meir, a critiqué avec force les propos d’Aviner dans la journée de mercredi.

« Combien est-ce malheureux, scandaleux et choquant de lire la réaction du rabbin Shlomo Aviner à l’incendie survenu à Notre-Dame de Paris », s’est indigné Gadi Gvaryahu, membre du groupe, dans des propos repris par le quotidien Haaretz.

Graffiti disant « les Chrétiens sont des singes, » peint à la bombe sur l’Abbaye de la Dormition à Jérusalem, en mai 2013 (Crédit : Autorisation Abbaye de la Dormition)

« Si un important rabbin affirme que s’il n’y a pas de commandement exigeant de se rendre dans les églises à l’étranger et de les incendier mais qu’en Terre sainte, la question est plus compliquée, alors ne peut-on pas s’attendre à ce que les extrémistes de droite ne le prennent au mot ? », s’est interrogé Gvaryahu.

Il y a eu, ces dernières années, une série d’actes de vandalisme qui ont pris pour cible les églises chrétiennes en Israël, commis par des extrémistes et terroristes juifs présumés. Ils ont été largement condamnés par les responsables israéliens et autres mais les tentatives d’identifier et de poursuivre les auteurs – qui appartiendraient à des groupuscules de militants d’extrême droite – se sont avérées vaines jusqu’à présent.

Au mois de février 2015, par exemple, les responsables de l’abbaye de la Dormition, à Jérusalem, avaient retrouvé une partie du séminaire brûlé et des slogans de haine en hébreu peints à la bombe sur les murs. Parmi ces messages, « mort aux chrétiens », « mort aux Arabes » et « Jésus est un singe ».

L’abbaye de la Dormition est située à proximité du Cénacle, près de la Porte de Sion qui donne accès à la Vieille ville – un complexe vénéré à la fois par les Juifs parce qu’il accueille le site mortuaire du roi David et par les Chrétiens comme le lieu ayant accueilli la Cène. De nombreux actes de vandalisme, en particulier des graffitis, y ont été commis au cours de la dernière décennie. En 2014, quelques heures après une messe célébrée par le pape François au sein de cette abbaye bénédictine – où la vierge Marie aurait rendu son dernier souffle – des incendiaires avaient mis le feu au complexe, un sinistre qui avait entraîné des dégâts mineurs.

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