Le gouvernement abroge la politique de restriction des importations de pétrole d’Eilat
S'exprimant au nom de cette coalition de groupes de défense, la Société pour la protection de la nature en Israël a qualifié cette décision de "désastre"
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Lundi, le gouvernement a annulé une politique vieille de trois ans du ministère de l’Environnement qui visait à limiter les importations de pétrole dans le port d’Eilat, sur la mer Rouge, afin de réduire le risque de fuites de pétrole.
Eilat abrite des coraux de renommée mondiale qui sont le pilier de l’économie de la station balnéaire.
Cette décision fait suite à des années de lobbying de la part de la société publique Europe Asia Pipeline Company (EAPC) contre une mesure prise en 2021 par l’ancienne ministre de l’Environnement, Tamar Zandberg.
Condamnant ce qu’elle et ses fonctionnaires avaient considéré comme des études de risque environnemental inadéquates, Zandberg avait limité les importations de pétrole à deux millions de tonnes par an.
Un an plus tard, l’EAPC avait signé un accord avec Red Med, un consortium d’hommes d’affaires israéliens et émiriens, selon lequel le pétrole du Golfe serait déchargé au terminal d’Eilat de l’EAPC, sur la mer Rouge, puis acheminé par voie terrestre via les oléoducs de l’EAPC jusqu’à Ashkelon, sur la mer Méditerranée. Le pétrole serait ensuite rechargé sur des pétroliers à destination de l’Europe.
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a informé le ministère de l’Environnement seulement 14 heures avant qu’il ne discute de la décision du gouvernement, provoquant une réunion d’urgence dimanche et une lettre de sept responsables d’autorités locales du sud, dans laquelle ils exhortent le Premier ministre à se concentrer sur la reconstruction du sud après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, plutôt que de risquer un déversement de pétrole dévastateur.
Une large coalition de groupes de défense de l’environnement, de la santé publique, de la société civile, de l’État et des collectivités locales s’est constamment opposée aux tentatives du cabinet du Premier ministre et de son directeur général, Yossi Shelley, de saper l’action du ministère de l’Environnement, qui se sont alignés sur l’EAPC sur cette question.
S’exprimant au nom de cette coalition, la Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI) a qualifié la décision de lundi de « désastre ».
« L’ancien chef du Conseil national de sécurité, le général de division (Rés.) Giora Eiland, avertit que l’augmentation du transport de pétrole dans le golfe d’Eilat constituera un risque sécuritaire et politique. Des dizaines de chefs d’autorités et de conseils régionaux émettent également des avertissements. La Société israélienne de dessalement lève le drapeau rouge, les médecins de la santé publique s’y opposent fermement. Des centaines de scientifiques, d’écologistes et d’experts de l’environnement mettent en garde contre des dommages irréversibles au récif corallien, au tourisme et à l’économie de la ville d’Eilat », a déclaré la SPNI dans un communiqué.
« Malgré cela, le gouvernement israélien poursuit sa politique de négligence et sa course folle vers le prochain échec, mettant en danger Eilat, le Néguev, l’Arava, Ashkelon et toutes les villes côtières d’Israël. »
« Le gouvernement ignore une fois de plus les nombreux risques et agit pour des raisons de cupidité et d’intérêt politique, au détriment de l’intérêt public et national. »
La coalition a ajouté qu’elle continuerait à lutter contre toute augmentation du transport de pétrole par l’EAPC.
L’EAPC a un passé peu reluisant en matière de protection de l’environnement. Entre autres fuites de pétrole, elle est responsable de la plus grande catastrophe écologique de l’Histoire d’Israël, survenue il y a dix ans, lorsque l’un de ses oléoducs s’est rompu, déversant quelque 1,3 million de gallons de pétrole brut dans la réserve naturelle d’Evrona, dans le sud du pays. La réserve n’est toujours pas rétablie.
Plus tôt dans la journée de lundi, l’EAPC a déclaré dans un communiqué : « Une commission professionnelle interministérielle a déterminé sans équivoque que le port de l’EAPC à Eilat devait être autorisé à fonctionner pleinement, sur la base des avis professionnels des ministères de l’Énergie, de la Défense, des Finances et des Affaires étrangères, du Conseil national de sécurité et de l’Autorité des entreprises. Le maintien de la décision de l’ancienne ministre de l’Environnement, Tamar Zandberg, prise sans autorité ni base professionnelle, conduirait à la fermeture du port stratégique de l’EAPC d’Eilat, nuisant ainsi à la sécurité énergétique de l’État d’Israël. »