Le Hamas et le Jihad islamique importent des tactiques de Gaza en Cisjordanie
Les groupes terroristes reproduisent leurs tactiques dans la région de Jénine-Naplouse : armes, tunnels, roquettes et, peut-être surtout, une coopération entre factions
Les groupes terroristes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique exploitent actuellement l’absence de pouvoir palestinien dans le nord de la Cisjordanie pour renforcer leur présence armée et reproduire les tactiques de combat contre Israël qu’ils ont développées à Gaza, selon une nouvelle analyse.
L’analyse, publiée la semaine dernière par le Middle East Media Research Institute (MEMRI), met en évidence divers indices illustrant l’émergence d’une nouvelle infrastructure armée dans les régions de Jénine et de Naplouse – ressemblant à ce qui existait déjà dans l’enclave côtière gouvernée par le Hamas depuis 2007 – faisant suite à une perte d’autorité et de contrôle de l’Autorité palestinienne (AP), basée à Ramallah, sur la région.
Ainsi, ces groupes armés ont lancé une fabrication locale d’armes et d’engins explosifs perfectionnés ; creusent des tunnels ; lancent des roquettes ; et favorisent la coopération entre différentes organisations terroristes, comme dans la bande de Gaza.
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Là aussi, les principaux acteurs de ce nouveau front terroriste sont le Hamas et le Jihad islamique palestinien (JIP). Les deux groupes terroristes bénéficient d’un soutien financier et militaire important de l’Iran, et remercient régulièrement publiquement Téhéran pour l’aide apportée à Gaza et à la Cisjordanie. Par exemple, dans une interview accordée le 30 juin au journal iranien de langue arabe Al-Vefagh, le chef du JIP, Ziyad al-Nakhaleh, a déclaré que l’armement de la Cisjordanie avait lieu conformément aux instructions émises en 2014 par le guide suprême iranien Ali Khamenei, qui avait présenté un plan pour « introduire clandestinement des armes dans la région, ou pour les acheter aux Israéliens eux-mêmes ».
Ces derniers mois, cependant, il apparaît que la fabrication d’engins explosifs n’a cessé de se développer en Cisjordanie même, et que ceux-ci sont plus puissants que par le passé. Par exemple, le rapport de MEMRI mentionne qu’un large engin explosif qui a explosé le 19 juin contre un véhicule blindé de Tsahal alors qu’il sortait de Jénine pesait 80 kilos. Il aurait été produit par l’unité d’ingénierie de la brigade de Jénine, un groupe interfactionnel qui a émergé en septembre 2021.
D’autres groupes terroristes ont mis en avant leurs capacités de fabrication d’armes. Par exemple, l’unité d’ingénierie des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, a publié une série de clips vidéo présentant les engins explosifs qu’elle a produits, y compris un nouveau dispositif baptisé « Shuwaz 1 », avec des capacités présumées de perforation d’armure.
Développer de nouvelles capacités militaires n’est pas toujours chose aisée ni sans danger. Le 21 juin, la chaîne Telegram des Brigades des martyrs d’al-Aqsa rapportait que deux jeunes hommes avaient été tués dans un « accident de travail » dans le camp de réfugiés de Balata près de Naplouse alors qu’ils préparaient un engin explosif. Un mois plus tard, le 18 juillet, une autre chaîne Telegram a rapporté qu’une explosion avait fait trembler Jénine après des expériences avec des engins explosifs.
Des tunnels et des roquettes comme à Gaza
Une autre tactique que les groupes terroristes tentent d’importer de la bande de Gaza vers la Cisjordanie est l’utilisation de tunnels. Creusés par le Hamas à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza pendant des années pour faire passer clandestinement des armes et des marchandises d’Égypte et pour tenter de pénétrer en Israël, des tunnels ont récemment fait leur apparition dans la région de Jénine, comme cela a été révélé lors de l’opération militaire de Tsahal « Bayit Vagan » début juillet.
L’armée israélienne a ainsi localisé et neutralisé de vastes infrastructures souterraines, y compris des dépôts de stockage d’armes, comme celui situé sous la mosquée al-Ansar, qui a été utilisé comme enceinte fortifiée par la brigade de Jénine. Un journaliste d’Al Jazeera qui a visité ces tunnels après le retrait de Tsahal a déclaré qu’ils mesuraient environ 10 mètres de profondeur et 100 à 150 mètres de long, et « avaient probablement pris des mois pour être creusés ». Le média qatari a affirmé que de nombreux combattants terroristes avaient réussi à s’échapper de la mosquée par les tunnels lors du raid israélien.
Le rapport de MEMRI a également souligné le nombre croissant de tirs de roquettes depuis la région de Jénine contre les implantations israéliennes, la dernière tentative ayant eu lieu mardi matin vers l’implantation de Shaked, à l’ouest de Jénine. Les bombes ont été tirées par un groupe affilié au Hamas nommé « Brigade al-Ayyash », reprenant apparemment le nom d’un artificier du Hamas tué par Israël.
Au cours des derniers mois, des comptes partisans ont rapporté sur Telegram au moins six cas de roquettes tirées par le groupe, y compris le lancement de mardi, lors de tentatives d’attaques contre des implantations. Les roquettes utilisées sont des Qassam-1, ont noté les analystes, un type d’arme relativement primitif utilisé pour la première fois par le Hamas dans la bande de Gaza en 2001.
La direction du Hamas a maintenu l’ambiguïté concernant ces lancements : les Brigades Ezzedine al-Qassam auraient nié toute implication, alors que le vice-président du bureau politique du Hamas Salah Al-Arouri en a revendiqué la responsabilité dans une interview.
Accroître la coopération entre les factions
Une autre preuve tendant à indiquer que les groupes terroristes reproduisent le modèle de Gaza en Cisjordanie est la coopération militaire croissante entre les factions palestiniennes armées, ont indiqué les analystes. Le modèle dans ce cas est la « salle commune des factions » à Gaza, une organisation faîtière qui est principalement activée lors des périodes de combats avec Israël.
Un exemple d’une telle coopération interfactionnelle est le groupe terroriste la « Fosse aux Lions », qui a émergé dans la vieille ville de Naplouse en août 2022 et qui comprenait initialement une centaine de jeunes terroristes de la génération post-Seconde Intifada, affiliés au Hamas, au JIP et au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Le groupe comprenait également des membres déçus du Fatah, qui rejettent l’opposition officielle de leur parti à la lutte armée contre Israël.
Une émulation plus large et plus structurée de cette « salle commune des factions » peut se voir dans la « brigade de Jénine », également connue sous le nom de « bataillon de Jénine », établi dans cette ville du nord de la Cisjordanie en 2021. Divisé en cellules indépendantes, le groupe est dominé par les Brigades Quds, la branche militaire du JIP, mais comprend également des membres des Brigades Ezzedine al-Qassam du Hamas, des Brigades des martyrs al-Aqsa du Fatah et de la branche armée du FPLP, les Brigades Abu Ali Mustapha.
Dans une interview accordée peu de temps après l’opération israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine les 3 et 4 juillet, le chef-adjoint du Hamas al-Arouri aurait déclaré qu’« il y avait davantage d’unité entre les factions sur le champ de bataille que dans la hiérarchie officielle », et a salué la campagne à Jénine comme un « paradigme de victoire » – même si 12 terroristes ont été tués et que de grandes quantités d’armes ont été saisies par Tsahal – qui, s’il était reproduit ailleurs, permettrait aux combattants palestiniens « d’expulser l’occupation de toute la Cisjordanie ».
Ziyad Al-Nakhaleh, secrétaire général du JIP, aurait également salué le modèle de Jénine comme une réussite à reproduire dans toute la Cisjordanie. Dans une interview accordée le 9 juillet à l’agence de presse d’État iranienne IRNA, le chef terroriste a déclaré que les factions armées « agissaient sérieusement pour déployer ces brigades dans toutes les villes palestiniennes, et qu’elles devenaient un fait sur le terrain, [quoique] dans une mesure différente dans chaque ville. Ceci malgré les nombreux obstacles, principalement la pénurie d’armes et la difficulté à les fournir ».
Al-Nakhaleh a également souligné que la Brigade de Jénine était un modèle de coopération qui, à certains égards, était encore plus efficace que la « salle commune des factions » à Gaza, puisque les membres de différentes brigades partageaient tout : argent, armes et même nourriture.
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