Le Hezbollah accepte la proposition US de cessez-le-feu avec des « remarques » – officiel libanais
L'assistant du chef du Parlement, un allié du Hezbollah, a déclaré que la balle était dans le camp d'Israël, confirmant que l'envoyé américain se rendait à Beyrouth ; Netanyahu indique qu'Israël s'attaquera au Hezbollah même après un éventuel accord
Un haut responsable libanais a fait savoir à Reuters, lundi, que le Liban et le Hezbollah avaient accepté une proposition américaine de cessez-le-feu avec Israël – ajoutant qu’ils avaient toutefois des remarques à faire sur le contenu du document. Il a estimé que cette initiative prise par les États-Unis était la plus sérieuse à avoir été entreprise jusqu’à présent pour mettre un terme aux combats.
Israël n’avait fait aucun commentaire sur le sujet au moment de la rédaction de cet article.
Une telle trêve interviendrait environ deux mois après le lancement de l’offensive israélienne contre le groupe terroriste soutenu par l’Iran – ce dernier attaquait quotidiennement le territoire de l’État juif depuis le 8 octobre 2023. La campagne militaire qui est actuellement menée par Tsahal a dévasté le commandement du Hezbollah et a considérablement réduit ses approvisionnements en armes.
Ali Hassan Khalil, le collaborateur du président du Parlement Nabih Berri, a indiqué à Reuters que le Liban avait remis sa réponse écrite à l’ambassadeur américain au Liban dans la journée de lundi. Il a confirmé que l’envoyé de la Maison Blanche, Amos Hochstein, allait se rendre à Beyrouth pour poursuivre les pourparlers de façon imminente.
Le Hezbollah a apporté son soutien à son allié de longue date, Berri, dans ses négociations en vue d’un cessez-le-feu.
« Le Liban a fait part de ses remarques concernant le document dans une atmosphère positive », a raconté Khalil qui a refusé de donner plus de détails. « Toutes les remarques que nous avons soumises réaffirment une adhésion minutieuse à la résolution 1701 (des Nations unies) et à l’intégralité de ses dispositions », a-t-il ajouté.
Khalil a déclaré que la réussite de l’initiative dépendait désormais d’Israël, ajoutant que si l’État juif refusait une solution, « cent problèmes pourraient se créer ».
Hochstein a retardé son départ pour le Liban lundi, attendant des éclaircissements de la part de Beyrouth sur la réponse libanaise à la dernière proposition. Selon Axios, il a reçu une réponse deux heures plus tard qui l’a convaincu de faire le voyage.
Si les négociations devaient aboutir à Beyrouth, Hochstein ira en Israël mercredi, a précisé Axios.
Le site d’information Ynet a noté que les États-Unis estiment qu’il y a plus de 50 % de chances qu’un accord soit conclu, même si de nombreux médias ont cité des responsables des États-Unis, du Liban et d’Israël qui ont averti qu’ils n’avaient aucune certitude absolue sur le sujet.
Une ébauche de la proposition américaine, qui avait été révélée par la chaîne publique Kann, début novembre, appelait à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 qui avait été adoptée en 2006 par le Conseil de sécurité des Nations unies pour mettre un terme à la Seconde guerre du Liban. Elle exigeait notamment le désarmement du Hezbollah et le retrait des forces du groupe au nord du fleuve Litani.
Le projet le plus récent prévoit une période de transition de 60 jours au cours de laquelle les soldats de l’armée israélienne se retireront du Sud-Liban, les forces libanaises se déployant aux abords de la frontière et le Hezbollah déplaçant ses armes lourdes au nord du fleuve Litani, a rapporté Axios.
L’AFP a signalé, lundi, que Beyrouth avait largement approuvé le projet, préparant ses dernières remarques avant de transmettre une réponse à Washington. L’agence de presse a cité un responsable gouvernemental qui a suivi de près les négociations et qui a fait savoir que « nous avons fait beaucoup de progrès. Le Liban a une vision très positive de cette proposition ».
« Nous sommes en train de finaliser nos dernières remarques sur la formulation américaine du projet », a ajouté l’officiel, selon l’AFP. Un autre responsable gouvernemental a déclaré que Beyrouth « attend l’arrivée de l’envoyé spécial américain Amos Hochstein, et ce afin que nous puissions examiner avec lui certains points qui sont encore en suspens ». Les deux sources ont indiqué qu’Israël n’avait pas encore apporté de réponse au plan de trêve.
Reuters a expliqué que Beyrouth avait déjà soumis une réponse écrite au projet. Des informations qui ont fait suite aux déclarations faites par le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, qui avait affirmé lundi que l’administration Biden « avançait » vers un accord, refusant néanmoins de donner plus de détails.
Selon Axios, la question des pays qui constitueront une commission internationale qui sera chargée de superviser la mise en œuvre de l’accord et celle de la liberté, pour Israël, de mener des opérations au Sud-Liban même après son retrait officiel, reste litigieuse.
Dans le même temps, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué les efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu au Liban et il a indiqué qu’Israël devrait poursuivre ses opérations militaires contre le Hezbollah, groupe terroriste soutenu par l’Iran, même si un accord était conclu.
« La chose la plus importante n’est pas [l’accord qui] sera couché sur le papier », a-t-il estimé. « Même s’il y a un document établissant un accord, aussi louable soit-il, nous devrons, pour assurer notre sécurité dans le nord d’Israël, mener systématiquement des opérations – pas seulement contre des attaques du Hezbollah, qui pourraient survenir. Même s’il y a un cessez-le-feu, personne ne peut garantir qu’il tiendra. Il ne s’agit donc pas seulement de notre réaction, une réaction préventive, une réaction qui a eu lieu à la suite d’une attaque, mais aussi de la nécessité d’empêcher le Hezbollah de se renforcer ».
« Nous ne permettrons pas au Hezbollah de revenir à l’état dans lequel il était le 6 octobre 2023 », a-t-il souligné.
Au cours de son discours, Netanyahu a critiqué à plusieurs reprises le jugement et la politique de l’administration Biden à des moments importants de la guerre qu’Israël mène actuellement contre l’Iran et ses proxies, à la fois contre le Hezbollah au Liban et contre le groupe terroriste du Hamas dans la bande de Gaza. Cela avait été le pogrom commis par ce dernier, le 7 octobre 2023, qui avait été à l’origine de la guerre.
Dès le lendemain de l’attaque du Hamas, les forces placées sous l’autorité du Hezbollah avaient attaqué presque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires stationnés le long de la frontière nord, le groupe affirmant que ces frappes étaient commises en signe de soutien à Gaza.
Depuis, le groupe terroriste a élargi ses attaques en prenant pour cible les villes du centre et du nord d’Israël à l’aide de tirs de roquettes – en plus des hostilités qui agitent la frontière – même si ces derniers jours, l’armée semble avoir constaté une diminution du nombre des agressions.
Quelque 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord situées à la frontière avec le Liban peu après l’attaque du Hamas du 7 octobre – les responsables israéliens craignant que le Hezbollah ne se livre à un massacre similaire et dans un contexte de renforcement des tirs de roquettes du groupe terroriste.
Les attaques menées contre le nord d’Israël, depuis le mois d’octobre 2023, ont causé la mort de 44 civils. De plus, 70 soldats et réservistes de l’armée israélienne ont été tués dans les hostilités transfrontalières et lors de l’incursion terrestre qui a été lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre.
Deux soldats ont perdu la vie dans une attaque au drone depuis l’Irak, et plusieurs frappes en direction de l’État juif ont aussi émané du territoire syrien. Elles n’ont fait aucun blessé.
Tsahal estime qu’environ 3 000 membres du Hezbollah ont perdu la vie dans le conflit. Une centaine de membres d’autres groupes terroristes, ainsi que des centaines de civils, auraient également été tués au Liban.