Le KKL-JNF sommé par la Cour de réintégrer ses employés palestiniens
Dix employés seront réembauchés et indemnisés suite à ce jugement qui a évoqué une "discrimination" effective contre les travailleurs des secteurs palestiniens
Une Cour de Tel Aviv a estimé, mardi, que dix Palestiniens qui avaient été employés par le KKL-JNF (Keren Kayemeth LeIsrael – Jewish National Fund) pendant des décennies – sans bénéficier des droits propres aux travailleurs et qui avaient été licenciés – avaient subi une discrimination en raison de leurs origines.
Le tribunal des prud’hommes de Tel Aviv a ordonné que les dix employés soient réembauchés et indemnisés. Huit d’entre eux bénéficieront dorénavant d’un CDI, a fait savoir le site en hébreu du Times of Israel, Zman Yisrael.
A l’époque de ces renvois, certains responsables du KKL-JNF et l’avocat des Palestiniens licenciés avaient mis en cause des licenciements émanant de motivations « nationalistes et racistes » avec pour objectif de remplacer les employés arabes par des employés juifs. Certains responsables du KKL-JNF avaient critiqué le plan de licenciement mis en place par l’administration suite à des informations qui avaient été transmises par le Times of Israel. (Le groupe Jewish National Fund-KKL n’est aucunement lié au Jewish National Fund-USA.)
Ils avaient déclaré, l’année dernière, que l’administration tentait ainsi de se soumettre aux conditions définies dans un nouvel accord sur le travail qui avait été signé avec le comité des travailleurs en licenciant les employés palestiniens qui n’étaient pas protégés par l’accord.
La Cour a accusé l’organisation d’avoir délibérément signé une convention collective discriminante à l’encontre des travailleurs issus des secteurs palestiniens. Les magistrats ont aussi estimé qu’il y avait eu une discrimination dans la décision visant à empêcher certains employés vétérans d’obtenir le statut de permanent au sein du KKL-JNF.
L’organisation, de son côté, a déclaré qu’il n’y avait « aucune base légale ou factuelle permettant d’appuyer les accusations de discrimination » à l’égard de ses employés, ajoutant que les licenciements avaient eu lieu dans le cadre d’un programme de réduction de la main-d’œuvre.
Le KKL-JNF a également déclaré que la liste des personnes limogées avait compris « des Juifs, des Arabes, des femmes, des hommes, des citoyens israéliens et des résidents de l’Autorité palestinienne ». L’organisation a aussi reconnu que faire travailler des Palestiniens était « complexe, à la fois au niveau pratique et légal ».
Ces employés palestiniens travaillaient pour l’organisation depuis des décennies, sans cotisation de retraite et autres avantages. Le Times of Israel avait fait savoir, l’année dernière, que le licenciement programmé d’employés de longue date allait affecter principalement les employés appartenant aux groupes minoritaires et qu’ils étaient inscrits en permanence et systématiquement au registre des travailleurs temporaires de l’organisation, indépendamment de la nature de leur mandat.
Le chef du syndicat des travailleurs du KKL-JNF, Yisrael Goldstein, avait appelé les responsables du KKL-JNF à annuler les licenciements.
Tandis que le syndicat des travailleurs ne représente pas officiellement les employés temporaires, il avait décidé de prendre position suite à l’indignation entraînée par les licenciements.
Goldstein avait ainsi expliqué, l’année dernière, que son syndicat ne représentait pas les travailleurs arabes en CDD et qu’un accord conclu en 2018 entre le syndicat et KKL-JNF avait obligé l’administration à congédier des employés temporaires dans tout Israël. Cet accord avait pour objectif de remettre de l’ordre dans une infrastructure interne qui, selon les sources, était « chaotique et incontrôlable ».
Mais il avait rejeté les accusations de racisme au sein de son syndicat. « Pas de racisme ici », a commenté Goldstein. « En revanche, le contraire est vrai. Aussitôt que l’administration a appris que la majorité des employés qui devaient être licenciés étaient arabes, ils ont accepté notre demande. Mais il n’y a rien que nous puissions faire sur le fait que plus de 90 % des travailleurs temporaires sont des Arabes ».
Une autre controverse a récemment éclaboussé le JNF-KKL pour son projet visant à acheter des terres en Cisjordanie. Le Conseil d’administration de l’organisation a voté – un vote serré – en faveur de l’allocation d’une somme de 38 millions de shekels pour acquérir ces terres, le mois dernier. Le plan pourrait être définitivement approuvé lors de la prochaine rencontre du conseil d’administration, qui se réunira la prochaine fois pour débattre de cette question après les élections du 23 mars.
Les terres qui pourraient être achetées sont adjacentes ou à l’intérieur des implantations, mais aucune terre ne sera acquise pour en installer de nouvelles.
Le KKL, fondé en 1901 pour acheter et développer des terres destinées à l’implantation des Juifs en Israël et particulièrement connu pour les centaines de millions d’arbres plantés par l’organisation dans tout Israël. Il a sous sa tutelle, au nom de la population juive, environ 15 % des terres du pays dont l’administration est assurée par l’Autorité israélienne des terres.
Sorte d’ONG officiellement inscrite comme entreprise d’intérêt public, le KKL intervient dans les domaines des forêts, de l’eau, du développement communautaire, du tourisme, de la recherche et du développement. L’Organisation sioniste mondiale est son organisation-mère.