Le massacre de Pittsburgh bouleverse l’emblématique quartier juif de la ville
Pour Jeff Finkelstein, président de la Fédération juive du Grand Pittsburgh, la communauté juive de Squirrel Hill fait preuve d'une grande unité

JTA – Quand un homme armé est entré dans la synagogue Tree of Life et a tué 11 fidèles samedi, il a également frappé le cœur de la communauté juive de Pittsburgh – le quartier de Squirrel Hill.
Squirrel Hill, à l’est de Pittsburgh, est le cœur de la vie juive de la ville depuis le début du 20e siècle, quand de riches familles juives ont commencé à s’y installer. Alors que les communautés juives d’autres villes ont déménagé ou se sont déplacées vers les banlieues au cours du siècle qui a suivi, Squirrel Hill et ses environs sont restés le foyer des juifs de Pittsburgh.
Jeff Finkelstein, président de la Fédération juive du Grand Pittsburgh, a déclaré que la présence juive continue dans le quartier résulte de sa proximité avec les emplois locaux et deux universités, l’université Carnegie Mellon et l’université Chatham (l’université de Pittsburgh n’est pas loin non plus). Récemment, dit-il, la région a également connu un afflux de jeunes juifs en quête de vie urbaine.
« Ce sera peut-être la dernière grande communauté juive urbaine en dehors de Manhattan dans le pays », a-t-il déclaré. « Au fil des années, cette communauté juive a réalisé de sérieux investissements dans les institutions juives de Squirrel Hill. »
Selon une étude réalisée en 2017 sur la communauté juive, le quartier abrite environ 30 % des 50 000 juifs de la région de Pittsburgh. Il possède plus d’une douzaine de synagogues de différentes orientations. Tree of Life, qui a récemment fusionné avec une autre congrégation, Or L’Simcha, est l’une des deux synagogues conservatrices (massorti) du quartier. Il existe également de nombreuses synagogues orthodoxes et libérales dans cette zone qui mesure un peu plus d’un kilomètre carré.

« C’est vraiment un endroit spécial avec des maisons familiales multi-générationnelles et un très bon esprit communautaire », a déclaré le rabbin Aaron Bisno de Rodef Shalom, une congrégation libérale. « C’est vraiment collectif, solidaire et plutôt unique. »
Comme de nombreux quartiers juifs, Squirrel Hill a plusieurs écoles juives (quatre), restaurants casher (trois) et des organisations communautaires juives, selon un article publié en 2016 dans Shady Ave., un magazine local. Outre un musée sur la Shoah, il abrite une sculpture qui représente une étoile de David composée de 6 millions de canettes de soda – un projet de la Community Day School, une école juive locale, qui a mis cinq ans avant de voir le jour.

La centralité de Squirrel Hill dans la vie juive de Pittsburgh se reflète également dans les chiffres. 30 % des juifs de Pittsburgh vivent dans le quartier, mais près de la moitié des enfants juifs de la ville y sont élevés. Selon l’étude, le quartier a également beaucoup d’importance en termes d’appartenance à une synagogue et d’éducation juive. (Il abritait également l’icône de la télévision pour enfants Fred Rogers, l’animateur de « Mister Rogers’ Neighborhood », qui n’était pas juif.)
Mais ce qui distingue Squirrel Hill, selon Finkelstein, c’est la cohésion de sa communauté juive, son large éventail d’orientations et d’organisations juives qui s’efforcent de collaborer. Ce printemps, au cours d’un programme d’apprentissage d’une nuit sur la fête juive de Shavouot, 500 personnes sont venues étudier ensemble.
« Il y a une phrase dans le Talmud qui a toujours été particulièrement pertinente pour notre communauté : ‘Kol Yisrael Arevim Zeh Bazeh’. Tous les fils d’Israël sont responsables les uns des autres », a écrit la chroniqueuse Bari Weiss du New York Times, qui a célébré sa bat-mitzva à Tree of Life, dans une tribune parue samedi. « Pour nous, ce n’est pas une théorie charmante mais une réalité vécue. »
Selon Finkelstein, cette unité communautaire s’est dévoilée après la fusillade. En plus d’une veillée samedi soir à Squirrel Hill, les organisations juives se sont mobilisées. Le centre communautaire juif local a servi de base à la communauté et aux familles des victimes, où des rabbins de la région se sont rendus tout au long de la journée. L’association des services aux familles et enfants juifs fournissent des conseils, tandis que la fédération juive locale gère les dons.
Ce n’est pas la première fois que la communauté fait l’expérience de l’antisémitisme récemment. L’année dernière, les habitants ont trouvé dans le quartier des autocollants et des cartes de visite comportant des slogans sur la suprématie blanche, des croix gammées et des messages du type « Il n’est pas illégal d’être blanc… pour le moment ».

Mais Finkelstein a déclaré que les événements de samedi sont les pires qu’il a vécus au cours de sa vie professionnelle.
« C’était la chose qui ne devait jamais arriver, du moins je l’espérais », a-t-il déclaré. « Ces familles, je leur adresse toutes mes condoléances. Le simple fait de regarder leur émotions a secoué mon âme. »
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