Israël en guerre - Jour 536

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Le mental des adolescents israéliens se dégrade au rythme du conflit

Les longs conflits – surtout les longues périodes de terrorisme – augmentent l'anxiété chez les adolescents

Des jeunes israéliennes se mettent à l'abri pendant une alerte de roquettes tirées de Gaza le 21 novembre 2012 (Crédit : Edi Israel/Flash90)
Des jeunes israéliennes se mettent à l'abri pendant une alerte de roquettes tirées de Gaza le 21 novembre 2012 (Crédit : Edi Israel/Flash90)

Alors que la quatrième semaine du conflit avec le Hamas vient de se finir, une étude démontre que les longs conflits israélo-arabes accroissent les problèmes liés à la santé mentale des adolescents israéliens.

Les flambées de la violence sur une courte période ont un impact négatif, mais les conflits plus longs pèsent plus lourdement sur le psychisme des jeunes, selon les résultats de l’étude.

Publiée dans le journal Traumatic Stress, l’étude évalue l’état psychiatrique et psychologique de près de 9 000 adolescents israéliens juifs sur une période de 14 ans. L’étude a démarré en 1998 et s’est finie en 2011. Le résultat est une sorte de cartographie historique de la santé mentale d’une génération de jeunes gens.

En règle générale, l’étude montre que les adolescents étudiés sont davantage en détresse psychologique que les adolescents américains de leur âge qui sont connus pour leurs problèmes d’anxiété. La différence est encore plus flagrante en période d’escalade de la violence du conflit israélo-arabe – surtout pendant les périodes où il y a une augmentation de tirs de roquettes et d’attaques-suicides – et moins flagrante en période d’accalmie. Les symptômes psychiatriques suivent le même schéma.

« Notre étude démontre que les adolescents ne sortent pas indemnes du conflit ici – ils entendent les alertes, ils voient des bus exploser, ils perdent des personnes qui leur sont chères », explique le Professeur Michelle Slone de Tel Aviv University’s School of Psychological Sciences [faculté de Psychologie de l’Université de Tel Aviv]. Elle et le Docteur Anat Shashani, du Centre interdisciplinaire de Herzliya ont mené cette large et longue étude transversale. « C’est plus le climat ambiant de conflits chroniques, plus que les événements violents et ponctuels, qui semble dégrader la santé mentale ».

Les résultats de l’étude pourraient avoir des conséquences politiques, selon les chercheuses.

Cela touche là où ça fait mal

Israël est entré dans un conflit violent quasi-permanent avec ses voisins avant même qu’il ne devienne un Etat en 1948. La décennie sur laquelle l’étude a été menée n’est pas une exception. Cette décennie a connu une période de terrorisme qui visait les Israéliens, l’accroissement puis ensuite la diminution du contrôle militaire israélien dans les régions palestiniennes, deux guerres et d’importants tirs de roquettes aux frontières du nord et du sud d’Israël. Pas très loin, le Printemps arabe a éclaté et la menace nucléaire iranienne n’a cessé de croître.

Les chercheuses ont évalué la santé mentale des adolescents israéliens juifs par rapport à la violence. Annuellement, elles ont mesuré l’impact de la situation sur différents groupes dans les mêmes écoles dans le nord, le sud et le centre d’Israël. Les adolescents étaient interrogés sur la manière dont le conflit israélo-arabe les a affectés de manière personnelle. On leur a posé des questions sur leurs ressentis face aux explosions, les blessés dans leur famille ou si eux-mêmes avaient été blessés, les dommages immobiliers. On les a examinés pour dépister d’éventuels troubles psychiatriques ou psychologiques.

« Nous avons entendu toutes les histoires possible sur la manière dont le conflit touchait la vie des jeunes gens, ils revivent [les explosions] de bombes dans les bus ou souffrent de cauchemars ou de peurs », explique Slone.

L’analyse des données révèlent une corrélation entre l’exposition au conflit et les symptômes, tels que l’anxiété, la dépression, les troubles obsessionnels-compulsifs, la peur d’autrui, les phobies et la paranoïa.

En approfondissant, les chercheuses ont pu diviser les résultats sur huit périodes basées sur les événements du conflit israélo-arabe. Les adolescents ont eu plus de symptômes quand le conflit s’intensifiait : la guerre du Liban en 2006 avec ses tirs de roquettes du Hezbollah sur Israël, l’opération israélienne Plomb durci à Gaza et les tirs palestiniens de roquettes qui les a accompagné en 2008 et le terrorisme en général, qui a aussi touché les israéliens à l’étranger, en 2010 et 2011.

Les pires périodes pour la santé mentale des adolescents ont été l’apogée du soulèvement palestinien entre 2001 et 2003 et les tirs de roquettes du Hezbollah entre 2006 et 2007 – ce sont plus les longues périodes de terrorisme plus que les courtes périodes de guerre et d’opérations militaires qui entraînent plus de conséquences. Slone affirme que les guerres sont peut-être plus faciles à gérer pour les adolescents parce qu’il y a souvent un sentiment de solidarité, de contrôle et d’importance pendant ces guerre. Et surtout, les professionnels de la santé mentale sont mobilisés pour aider [la population] pendant ces périodes.

Les adolescents avaient moins de symptômes pendant les périodes d’accalmie entre les conflits.

Une génération en péril

Comme elles s’y attendaient, les chercheuses ont trouvé que les adolescents étaient personnellement affectés pendant les périodes d’escalade [de la violence] que les périodes d’accalmie. Ces expériences expliquent le lien entre le conflit et la santé mentale.
En concordance avec une étude précédente, les filles semblent plus touchées émotionnellement que les garçons, surtout en période d’escalade du conflit.

Les résultats de l’étude mettent l’accent sur le fait que l’environnement violent en Israël met en danger ses adolescents et les rendent plus sensibles aux maladies mentales, expliquent les chercheuses. La conséquence des traumatismes accumulés va bien au-delà du syndrome de stress post-traumatique. Elles précisent que cela peut inclure un large éventail de troubles, de symptômes psychologiques et une déficience développementale.

A cause du fait que le conflit a commencé avant la création d’Israël, les chercheurs n’ont pas pu évaluer la santé mentale d’un groupe d’israéliens qui n’a pas été affecté par le conflit. De plus, l’étude ne précise pas si le nombre élevé de symptômes psychologiques des adolescents pourraient être associés à des troubles que l’on peut diagnostiquer ou à d’autres dysfonctionnements.

Peut-on donc penser que la fin de l’opération Bordure protectrice serait une bonne nouvelle pour la santé mentale des adolescents israéliens ? Cela dépendra de ce qui arrive ensuite.

L’étude montre que le problème fondamental est le conflit qui est en toile de fond en permanence dans la vie des adolescents. Ce conflit revient parfois sur le devant de la scène avec son lot de conséquences traumatisantes. Les enfants sont résistants et forts, de ce fait la fin du conflit pourrait leur permettre de se rétablir spontanément.

En attendant [la fin du conflit], les chercheuses suggèrent au service de santé public israélien de continuer à offrir du soutien psychologique et psychiatrique aux adolescents, pas uniquement en période d’escalade du conflit, mais aussi en période d’accalmie pour les préparer [à la prochaine escalade].

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