Le Meretz met en garde contre le plan « d’apartheid » de Trump en Cisjordanie
Selon le dirigeant du parti de gauche, le Premier ministre annexerait le territoire si la population ne dit rien, et a critiqué le refus d'accorder la citoyenneté aux Palestiniens
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
VERED YERIHO, Cisjordanie – Le leader du parti de gauche Meretz, Nitzan Horowitz, a mis en garde jeudi contre le projet imminent du gouvernement d’annexer de larges zones de la Cisjordanie, affirmant que l’action envisagée par le plan de paix Trump transformerait Israël en un Etat d’apartheid.
S’adressant aux journalistes lors d’une tournée de protestation organisée par Meretz dans la vallée du Jourdain, Horowitz a montré une carte provisoire du plan Trump et a déclaré : « C’est une carte de l’apartheid. Cela me rappelle l’Afrique du Sud. »
Les propos, une dénonciation du plan Trump par la gauche, sont arrivés quelques heures après qu’un éminent dirigeant des implantations a déclaré que la proposition prouve que Trump n’est « pas un ami » d’Israël, et un autre a déclaré que les maires de Cisjordanie étaient prêts à « le faire échouer » s’ils n’étaient pas tenus au courant de ses détails.
La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré devant les médias qu’Israël n’appliquerait pas sa souveraineté sur les villes palestiniennes situées au milieu des zones qu’il prévoit d’annexer, ni n’accorderait la citoyenneté à ces résidents.
Le Premier ministre a promis d’appliquer cette mesure controversée à partir du 1er juillet et aura presque certainement le soutien d’une majorité à la Knesset.
Dans une conversation avec le Times of Israël, Horowitz a rejeté l’idée que ces enclaves palestiniennes seraient en mesure de maintenir un semblant d’indépendance ou d’autonomie alors qu’elles seront entourées de territoires auxquels elles n’auront pas accès.
« En Afrique du Sud, ils ont affirmé que les bantoustans jouissaient également de l’indépendance. Allons ! », a-t-il dit, comparant les enclaves palestiniennes envisagées par le plan Trump aux territoires désignés pour les noirs par le gouvernement sud-africain dominé par les blancs.
« [Édicter] la souveraineté sans [accorder] la citoyenneté aux Palestiniens est un apartheid », a déclaré la députée de Meretz Tamar Zandberg aux journalistes pendant la tournée.
Selon la carte conceptuelle publiée par la Maison Blanche lors du dévoilement du plan en janvier, l’annexion israélienne de quelque 30 % de la Cisjordanie, soutenue par les États-Unis, transformera 43 villages palestiniens – dont près de la moitié sont situés dans la vallée du Jourdain – qui abritent quelque 110 000 habitants en enclaves détachées du futur État palestinien.
Le plan prévoit également la transformation de 17 implantations en enclaves encerclées par le futur État palestinien, mais Israël garderait le contrôle total des voies d’accès à ces localités. Les dirigeants des implantations ont fait pression sur les députés de droite ces dernières semaines pour qu’ils s’opposent à cette facette du plan ainsi qu’à son projet d’un éventuel État palestinien partiel.
Faisant référence aux remarques du guide, le colonel de réserve de l’armée israélienne et expert en cartographie Shaul Arieli, Horowitz a souligné l’exigence « impossible » de construire de nouvelles clôtures frontalières autour des zones annexées dans la vallée du Jourdain.
La nouvelle frontière de la vallée du Jourdain qu’Israël serait chargé de défendre s’étendrait sur quelque 550 kilomètres – plus que les 471 kilomètres combinés des frontières actuelles du pays avec Gaza, l’Egypte, la Syrie et le Liban, selon Arieli. Il a expliqué que si Israël voulait vraiment appliquer la souveraineté en Cisjordanie, il devra supprimer les points de contrôle qui existent à diverses entrées du territoire actuellement sous contrôle militaire. Mais une fois ces points de contrôle supprimés, la seule façon d’empêcher les Palestiniens d’entrer dans le futur État d’Israël élargi serait d’entourer ces 43 enclaves de clôtures frontalières.
« Je crois que l’annexion aura lieu si le public n’est pas suffisamment conscient de ses dangers », a déclaré M. Horowitz aux participants pendant la visite, affirmant que cette mesure entraînerait des effusions de sang et l’enterrement de la solution à deux États.
Horowitz a déclaré au Times of Israël qu’il devait rencontrer l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, vendredi pour discuter du plan Trump. Le leader du Meretz a reconnu qu’il ne serait pas en mesure de convaincre l’envoyé de ce qu’il estime être les dangers de la proposition, mais il a dit que son but était de faire comprendre qu’il y a une « majorité » en Israël qui s’oppose à l’annexion.
50 % des Israéliens sont favorables à l’annexion, dont la moitié uniquement avec le soutien des Etats-Unis, selon un sondage publié mercredi par l’Institut israélien de la démocratie. Près de 31 % s’opposent à l’annexion, tandis que les autres sont indécis, selon le sondage.
Malgré le soutien majoritaire à la proposition, sa mise en œuvre conduirait très probablement à un soulèvement palestinien, selon 58 % des Israéliens interrogés.
Résumant les débats sur la droite israélienne qui ont fait les gros titres ces derniers jours, Zandberg a déclaré qu’ils portaient surtout « entre ceux qui veulent l’annexion et ceux qui veulent encore plus d’annexion ».
L’ancien président du Meretz, Yossi Beilin, a joué sur le message de Zandberg, avertissant que toute annexion effectuée par le gouvernement Netanyahu « ne conduira qu’à une nouvelle annexion » après l’effondrement de l’Autorité palestinienne et l’obligation pour Israël d’assumer la responsabilité des 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie.
L’AFP a contribué à cet article.