Le ministère de la Justice soutient enfin l’interdiction du plastique jetable
Amorçant une "révolution", la députée Miki Haimovich a convaincu les autorités de ne plus empêcher l'interdiction du plastique à usage unique
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Deux municipalités, l’une au nord, l’autre au sud, vont probablement être les premières villes à adopter des lois interdisant l’usage de plastique à usage unique dans les espaces publics.
Les conseils municipaux de Haute-Galilée et d’Eilat, sur la mer Rouge, ont jusqu’à présent été contrecarrés dans leurs tentatives par des fonctionnaires du ministère de la Justice qui affirment que le plastique à usage unique est largement utilisé, qu’il fait partie d’un consensus et qu’il ne devrait pas être interdit.
Cependant, lundi, la députée Miki Haimovich (Kakhol lavan), présidente de la commission parlementaire sur la Protection de l’environnement, a déclaré avoir expliqué pourquoi il était important d’interdire ces ustensiles et convaincu les responsables de changer d’avis.
Les demandes des deux conseils « seront bientôt approuvées », a-t-elle déclaré lors de la conférence annuelle de la Société israélienne d’écologie et des sciences de l’environnement (ISEES), qui s’est tenue sur Zoom.
Haimovich a appelé les autres autorités locales, dont beaucoup ont également essayé de faire avancer l’interdiction du plastique à usage unique sur les plages et autres espaces ouverts, à « copier-coller [les nouveaux décrets] pour faire approuver automatiquement la même chose » ailleurs.
« Cela pourrait illustrer la façon dont les révolutions commencent par en bas », a-t-elle déclaré.
Israël est le deuxième plus grand consommateur de plastique à usage unique par habitant au monde. De nombreuses plages et parcs nationaux regorgent de déchets suite à des barbecues familiaux ou à des sorties entre adolescents. Cela dit, une enquête menée l’année dernière par l’Institut israélien pour la démocratie auprès de 602 personnes interrogées a révélé que 58 % des Israéliens étaient favorables à une législation interdisant les articles en plastique à usage unique.
De nombreux intervenants de la conférence ISEES de lundi ont convenu que la sensibilisation du public aux dangers des déchets plastiques pour la faune et les océans avait considérablement augmenté au cours des trois dernières années.
Mais comme le montre un clip filmé le mois dernier par le personnel d’une entreprise de kayak dans le nord d’Israël nettoyant une rivière, il y a encore beaucoup de choses à améliorer.
עובדי קייקי מעין הגושרים, רע סופר וניב זינגר, ניצלו את הסגר לעבודה חיונית ואספו היום לכלוך מהנחל.להלן חלק מהתוצאות:#טובעים_בזבל
Posted by גיא ורון on Sunday, September 20, 2020
En outre, la pandémie de coronavirus a entraîné une augmentation considérable de l’utilisation du plastique, notamment avec les masques de protection, les gants, les visières, les combinaisons, les écrans de séparation, etc.
Haimovich a également déclaré à la session de l’ISEES sur les déchets qu’elle avait soumis une proposition visant à élargir aux grandes bouteilles une loi concernant la consigne des bouteilles et canettes.
Depuis 2001, lorsque le gouvernement a adopté la loi sur la consigne des récipients de boissons, un supplément remboursable de 30 agorot a été ajouté au coût de toutes les canettes et des bouteilles en verre et en plastique contenant 100 millilitres à 1,5 litre de boisson, afin d’encourager le recyclage.
Mais les bouteilles plus grandes ont été exemptées, en grande partie en raison de la pression exercée par les groupes et fabricants ultra-orthodoxes.
En décembre 2019, en réponse à une requête déposée par Adam Teva V’Din, la Haute Cour a donné au ministre de la Protection de l’environnement de l’époque, Ze’ev Elkin, jusqu’en juin 2020 pour expliquer pourquoi la loi sur la consigne ne devrait pas s’appliquer aux bouteilles de plus de 1,5 litre.
Elkin a obtenu du tribunal le report de la date limite de réponse, et la ministre actuelle, Gila Gamliel, a obtenu une prolongation supplémentaire jusqu’au 18 octobre.
Mais Haimovich a également révélé que les projets de loi d’initiative parlementaire – dont beaucoup ont été soumis par elle – sont actuellement gelés.
Israël n’a plus de budget d’Etat depuis décembre 2019, les partenaires de la coalition, le Likud et Kakhol lavan, étant en désaccord sur la question de savoir si le gouvernement doit adopter un budget qui inclut 2021, comme stipulé dans l’accord de coalition et soutenu par le leader Kakhol lavan Benny Gantz, ou un budget qui ne couvre que le reste de l’année 2020, comme insiste le Likud.
Le mois dernier, dans un rare moment d’accord, le gouvernement a approuvé l’octroi de 11 milliards de shekels au budget provisoire de l’État. Sur ce montant, Haimovich a obtenu 4 millions de shekels pour des projets de nettoyage des espaces ouverts. La somme sera répartie entre la Société pour la prévention de la nature en Israël et une autre organisation à but non lucratif nommée Naki (Clean).