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Le ministère de l’Energie propose un plan de 25 Mds ₪ pour relancer l’économie

Plus de la moitié des initiatives sont destinées à promouvoir l'énergie solaire et éolienne ; le gouvernement contribuera à hauteur de 12 %

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Un ouvrier passe sous les 55 000 miroirs redirigeant la lumière vers la tour solaire Ashalim, dans le désert du Néguev, le 26 mai 2016. (Crédit : Jack Guez/AFP)
Un ouvrier passe sous les 55 000 miroirs redirigeant la lumière vers la tour solaire Ashalim, dans le désert du Néguev, le 26 mai 2016. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Le ministère de I’Energie a proposé lundi une série de projets, principalement financés par le secteur privé, pour un montant de 25 milliards de shekels, pour tenter de créer des emplois et de relancer l’économie une fois la crise du coronavirus terminée.

Au moins la moitié de la somme serait consacrée à l’augmentation de la production d’énergie à partir de sources renouvelables.

Le gouvernement prendrait en charge 12 % des coûts, soit l’équivalent de 855 millions de shekels, principalement sous la forme d’incitations, de sommes à compenser ou à financer et de garanties de prêts.

La proposition, qui a été publiée (en hébreu) sur le site web du ministère, commence par des projets d’énergie renouvelable, sans doute parce qu’ils sont plus populaires auprès du public et du lobby environnemental.

Une image de la centrale électrique solaire d’Ashalim dans le désert du 19 juin 2018. (Miriam Alster/FLASh90)

Parmi ces projets : 6,5 milliards de shekels alloués à de nouveaux projets d’énergie solaire pour fournir 2 000 mégawatts supplémentaires de courant ; un appel d’offres pour la construction d’un champ solaire de 500 MW d’un montant d’environ un milliard de shekels dans la ville de Dimona, au sud d’Israël, qui a été ajourné suite à des querelles interministérielles ; des prêts à hauteur de 3,5 milliards de shekels (soutenus par 500 millions de shekels garantis par le gouvernement) pour encourager les projets d’énergie solaire au niveau local ; la levée des obstacles pour la création de projets électriques éoliens, à commencer avec Ruah Bereishit (l’esprit de la Genèse) – une initiative de 1,2 milliard de shekels pour construire 39 éoliennes, fournissant 190 MW d’énergie, sur le plateau du Golan. Ce projet sera réalisé par les entreprises privées Nextcom Group et Minrab.

Yuval Steinitz lors de la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem le 18 juin 2017. (Yonatan Sindel/Flash90)

Mais la proposition révèle également que le ministère de l’énergie Yuval Steinitz (Likud) n’a rien perdu de son enthousiasme pour le gaz naturel, dont d’énormes réserves ont été découvertes et sont extraites au large de la côte méditerranéenne d’Israël par des consortiums privés.

Le gaz naturel, bien que plus propre que le charbon, libère encore du méthane, un gaz qui contribue au réchauffement climatique, ainsi que d’autres substances nocives pour l’environnement et la santé publique.

Selon les experts environnementaux, si le gaz naturel aurait permis une transition appropriée vers les énergies renouvelables il y a dix ans, son temps est désormais révolu.

Israël a beaucoup investi dans le gaz depuis qu’il a découvert d’énormes réserves au large de ses côtes en mer Méditerranée.

Un employé sur la plateforme de gaz naturel Leviathan, au large des côtes israéliennes. (Crédit : Albatross)

Pourtant, la proposition de lundi prévoit la poursuite de l’extension de l’infrastructure afin de garantir que le gaz naturel puisse atteindre et alimenter toutes les industries du pays. Elle préconise même de relier au gaz naturel la ville la plus méridionale du pays, Eilat.

Le document propose également d’investir 180 millions de shekels de fonds publics pour attirer des investissements privés au moins équivalents pour la recherche et le développement et l’introduction de carburants plus propres pour le transport, et pour garantir que les véhicules lourds passent du pétrole et du diesel au gaz, en reliant l’infrastructure de gaz naturel à divers systèmes de transport tels que le tramway et les chemins de fer souterrains ; la suppression des obstacles au développement plus rapide du réseau de distribution d’électricité afin de le rendre plus efficace et plus durable ; le lancement d’un projet de 300 millions de shekels financé par les gouvernements centraux et locaux pour réduire la pollution dans les zones urbaines et encourager l’innovation locale ; et la construction d’un nouveau dépôt de carburant de 600 millions de shekels dans la ville de Haïfa, au nord, pour le stockage des carburants et des sous-produits raffinés.

Le ministre des Transports, Israël Katz, (à gauche), et le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, inaugurent le nouveau tramway à Tel Aviv le 13 septembre 2017. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Le professeur Alon Tal, président du département de politique publique de l’université de Tel-Aviv et militant écologiste chevronné, a déclaré que le passage aux énergies renouvelables n’était pas assez ambitieux, en particulier si l’on considère les contributions intangibles à la sécurité énergétique d’une alternative dispersée et renouvelable aux deux plateformes de gaz naturel au large de la Méditerranée.

En se cantonnant à la « stratégie de vénération des combustibles fossiles », le ministère « imposerait à la prochaine génération des coûts irrécupérables et un engagement en faveur d’un combustible plus cher et plus polluant que l’alternative renouvelable », a-t-il poursuivi. Il a demandé plus de détails sur la manière dont le plan augmenterait l’électrification du parc automobile israélien et fournirait des emplois verts pour les installations solaires – deux domaines qui doivent être prioritaires.

L’organisation de défense de l’environnement Adam Teva V’Din ont salué cet « important » programme, mais a appelé le ministère à suspendre l’exploration et la production du pétrole et du gaz, en mer et en terre, afin de permettre l’expansion de l’énergie solaire à l’avenir.

Le docteur Jonathan Aikhenbaum de Greenpeace Israel a publié sur Twitter une critique. Il a estimé qu’Israël franchissait une étape supplémentaire dans l’enchaînement d’Israël aux combustibles fossiles, montrant un « manque de respect » pour la crise climatique et compromettant la capacité d’Israël à être un partenaire de premier plan dans la transition énergétique qui se déroule dans le monde entier.

La ville israélienne d’Eilat et la ville jordanienne d’Aqaba, le 18 décembre 2014. (Hadas Parush/Flash90)

En référence au projet pour la ville d’Eilat, Joseph Abramowitz, entrepreneur dans le domaine de l’énergie solaire, a déclaré que la totalité de la région de l’Arava, qui comprend la ville balnéaire, est déjà autonome en énergie solaire de jour et d’ici 2025, elle aura stocké suffisamment d’énergie solaire pour fournir de l’énergie pendant la nuit également. Le gazoduc n’est qu’une autre façon d’utiliser la crise du coronavirus pour faire avancer les intérêts des combustibles fossiles, a-t-il accusé. Au lieu de cela, le gouvernement devrait investir dans le stockage de l’énergie solaire pour faire fonctionner l’usine de dessalement la nuit, a-t-il dit.

Le ministère de l’Energie se sert généralement des budgets du gouvernement pour lever des investissements privés. Il se sert des taxes du contribuable pour rembourser les investisseurs du secteur privé et tente de supprimer les obstacles bureaucratiques et les régulations pour autoriser le secteur privé à investir.

A ce jour, l’objectif du gouvernement israélien a été de s’assurer que 17 % de l’énergie du pays soit renouvelable (comprendre ici énergie solaire) d’ici 2030. La Grèce, à titre de comparaison, dont l’économie est plus pauvre, produit déjà plus de 20 % de son courant grâce à l’énergie solaire et éolienne. Steinitz a déclaré qu’il « envisageait » d’élever ces objectifs à 25 à 30 % et s’entretient à ce sujet avec ses équipes.

Le ministère de la Protection de l’environnement a cependant déclaré pour sa part qu’il souhaitait une décision gouvernementale stratégique pour emmener Israël vers une économie basée sur l’énergie renouvelable.

De plus, les recherches menées par le professeur Shahar Dolev, de l’Israel Energy Forum, qui dirige une équipe de professionnels de l’énergie au centre Heschel pour le développement durable, suggèrent que d’ici 2030, Israël pourrait aller jusqu’à 40 % de son énergie qui soit solaire pendant de nombreux jours et la quasi-totalité des nuits, en permanence, d’ici 2050, sans toucher à un centimètre de paysage ouvert. Cela peut-être accompli par l’installation de panneaux solaires sur des terres et autres surfaces déjà utilisées en ce sens, a-t-il expliqué.

Dans les récentes négociations de coalitions menées avec le chef de Kakhol lavan Benny Gantz, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a insisté – et obtenu – que les portefeuilles de l’Energie et de la Protection de l’environnement restent entre les mains d’élus du Likud.

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