Le père de l’ex-otage Emily Hand : Tout accord avec le Hamas doit être « raisonnable »
Après 50 jours de captivité, la fillette de 9 ans parle des codes qu'elle utilise pour parler de son enlèvement : des olives pour les terroristes, une boîte pour Gaza. Thomas Hand dit que le Hamas doit être détruit
Thomas Hand, le père d’Emily Hand, ex-otage du Hamas âgée de 9 ans, a déclaré que l’accord de libération des otages de Gaza devait être « raisonnable », et que le projet de remise en liberté de prisonniers de sécurité palestiniens dans le cadre d’un accord ne lui paraissait pas une bonne chose.
Hand et sa fille Emily se sont entretenus tour à tour avec la radio publique Kan et la Douzième chaine lors d’interviews en anglais diffusées samedi.
L’Irlando-Israélien a également parlé de la façon dont sa fille se remettait de son épreuve, notant qu’elle « souffrait parfois encore de crises de panique », dont une le jour-même, qui l’a fait hésiter à rencontrer la Douzième chaine avant de se raviser.
Emily, qui a eu 9 ans en captivité, ne se sent toujours pas en sécurité : elle insiste pour que son père reste à ses côtés même lorsqu’ils sont à la maison. Sa mère est décédée d’un cancer il y a de cela plusieurs années.
Elle s’est inventée des codes pour représenter des choses liées à son enlèvement : des olives pour les terroristes, une boîte pour Gaza, du fromage pour les otages, la pastèque pour le sang. Tous ces mots désignent des aliments qu’elle n’aime pas. Son père a montré ce « dictionnaire » en couleur écrit sur un tableau blanc, chez eux.
Emily a expliqué à Kan qu’elle utilisait des codes « parce que parfois c’est difficile pour moi de dire ces mots ».
L’interview a eu lieu alors que des informations faisaient état d’un accord imminent plus important encore que celui qui a permis à Emily et à plus de 100 autres otages de retrouver la liberté fin novembre. Dans le cadre de cet accord, chaque otage israélien libéré a donné lieu à la remise en liberté de trois fois plus de prisonniers de sécurité palestiniens détenus en Israël.
Les clés du nouveau projet d’accord sont d’une part le nombre de prisonniers palestiniens que le Hamas aimerait voir sortir des prisons israéliennes pour chaque otage israélien entre ses mains, et d’autre part la durée du cessez-le-feu. L’organisation terroriste insisterait pour que des centaines de ses prisonniers de sécurité soient remis en liberté pour chaque otage israélien libéré, sans oublier une cessation définitive des combats.
Emily Hand, âgée de 8 ans au moment des faits, fait partie des 253 personnes enlevées par des terroristes dirigés par le Hamas lors de la brutale attaque du 7 octobre contre Israël, lors de laquelle 1 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été assassinées avec une extrême brutalité. L’attaque a déclenché la guerre à Gaza, qu’Israël mène dans le but d’en finir avec le groupe terroriste palestinien et de l’écarter du pouvoir à Gaza, et de libérer les otages.
Interrogé sur le fait de savoir si Israël devait accepter de libérer les prisonniers de sécurité palestiniens en échange des otages, Hand a répondu à Kan que cela ne devait selon lui se faire que « dans la limite du raisonnable ».
Le Hamas peut exiger que les milliers de prisonniers de sécurité détenus dans les prisons israéliennes soient libérés, mais « ils ne l’obtiendront pas », a-t-il dit.
« Vous savez, parlez de chiffres raisonnables », a-t-il ajouté en ajoutant que la guerre pour détruire le Hamas devait être menée jusqu’à ce que les objectifs d’Israël soient atteints.
"הבנתי שהיא עלולה להיפגע מאש כוחותינו, זה היה מחיר שהייתי מסכים לו – כל עוד נחסל את חמאס" | ריאיון עם תומאס ואמילי הנד, בת ה-9 ששוחררה מהשבי@TaliMoreno_#חדשותהשבת pic.twitter.com/bKzaclZPHL
— כאן חדשות (@kann_news) February 3, 2024
Lors de la captivité d’Emily, il dit avoir réfléchi à la valeur de la guerre contre le Hamas et à la nécessité de ramener les otages à la maison.
« Dans ma tête, à l’époque où elle était captive, je savais que Tsahal devait avant tout faire le nécessaire pour détruire le Hamas, retrouver et libérer les otages. Lors de cette réflexion, j’ai réalisé qu’elle pourrait être tuée dans un bombardement ou abattue par des tirs amis. C’est le prix à payer auquel, dans ma tête, je me sentais prêt à dire ‘d’accord’ », s’est-il souvenu devant les micros Kan.
Devant les caméras de la Douzième chaine, il est revenu sur son dilemme de parent, favorable à un accord à tout prix pour récupérer les otages, malgré tout conscient que, du point de vue des dirigeants du pays, cela devait être « un accord raisonnable ».
Dans les deux interviews, Hand a exprimé sa vive inquiétude pour les otages et la nécessité de les mettre en sécurité au plus vite.
Il a invité les familles des otages à « rester positives », affirmant que l’histoire d’Emily est la preuve que « cela peut arriver ».
Emily était à une soirée pyjama chez une amie au moment de l’assaut du Hamas le 7 octobre. On l’a dans un premier temps déclarée morte avant d’annoncer qu’elle faisait partie des otages de Gaza. Elle a été libérée le 26 novembre dernier.
« C’est un miracle, tout simplement un miracle – mais cela s’accompagne d’un fort sentiment de culpabilité vis-à-vis des otages », a déclaré Hand à Kan.
Il a également donné des nouvelles d’Emily, expliquant qu’elle allait « plutôt bien, qu’elle faisait des progrès, qu’elle se rétablissait. Mais nous autres sommes brisés maintenant. »
Emily, a-t-il dit, s’est « remise extrêmement vite, mais pour nous autres, c’est beaucoup plus lent », soulignant que ses deux autres enfants déjà adultes, qu’il a eus avec sa première femme, Narkis, ont perdu leur mère, abattue par des terroristes à Beeri.
« Ils sont toujours en deuil, à la fois de leur mère et de la situation », a-t-il déclaré à propos de la guerre.
Il a également dit qu’Emily avait recommencé à chuchoter, habitude qu’elle avait prise en captivité. Thomas avait en effet déclaré après la libération de sa fille qu’elle parlait à voix basse, de peur d’attirer l’attention de ses gardes à Gaza, qui la menaçaient d’un couteau, elle et ses compagnons de captivité, s’ils faisaient du bruit.
« Elle a vécu ça, dans la terreur. »
La plupart du temps, elle s’exprime normalement, mais la nuit, elle se remet à chuchoter, a-t-il déclaré. « Parfois le matin aussi, elle chuchote. »
Il a expliqué qu’Emily ne lui parlait de ce qu’elle a vécu que « de temps en temps, par bribes » et que les psychiatres lui avaient conseillé de ne pas la presser pour obtenir des détails et bien au contraire de « les laisser sortir ».
Thomas, visiblement ému à certains moments des interviews, n’a pas pu retenir ses larmes en parlant de son ex-femme assassinée, qui aurait eu 55 ans le lendemain du tournage.
« Narkis était vraiment sa deuxième mère », a-t-il déclaré à propos d’Emily, dont la mère biologique est inhumée à Beeri. Narkis a pris soin d’Emily après la mort de sa mère.
« Et Emily aimait Narkis comme une mère », a-t-il déclaré, ajoutant que ce serait une « très, très difficile » de l’emmener sur la tombe de Narkis, ce qu’ils avaient prévu de faire le lendemain de l’anniversaire de cette dernière.
Comme tant d’autres victimes du massacre, Narkis a été inhumée à titre temporaire, dans l’attente de pouvoir l’être à Beri lorsqu’il sera possible d’y retourner en toute sécurité.
Thomas a redit vouloir retourner à Beeri, même si « le sang de nos amis est sur les routes, les chemins, l’herbe, jusque dans la terre elle-même ».
« Nous devons revenir. Si nous n’y retournons pas, alors ils auront gagné », a-t-il déclaré.
Lorsqu’on lui a demandé ce qu’elle ressentait à l’idée de retourner à l’endroit où les atrocités ont eu lieu, Emily a répondu : « D’un côté, c’est vraiment, vraiment proche de la boîte », en utilisant son code pour désigner Gaza, « mais de l’autre, tous mes amis sont là-bas. Donc je ne sais pas trop. »