Le président soudanais aurait été conseillé de normaliser les liens avec Israël
Omar al-Bashir a déclaré que l'amélioration des liens avec l'État juif contribuera à stabiliser l'agitation croissante anti-gouvernementale qui balaie le Soudan
Le président soudanais Omar al-Bashir a déclaré jeudi qu’on lui avait conseillé de normaliser ses liens avec Israël afin d’aider à stabiliser l’agitation intérieure croissante qui menace son pouvoir de main de fer dans le pays.
M. Bashir a tenu ces propos lors d’une réunion avec des dirigeants soufis à Khartoum, la capitale, au cours de laquelle il a discuté de la violence et des affrontements qui ont fait 19 morts dans tout le Soudan ces dernières semaines, selon l’Agence turque Andalou.
Le président n’a pas précisé qui lui a donné le conseil, mais a dit aux chefs religieux qu’il croyait que « la subsistance est entre les mains de Dieu ».
La réunion de jeudi intervient après presque deux semaines d’affrontements qui ont commencé pour protester contre la hausse du prix du pain, mais qui se sont rapidement transformés en rassemblements contre le gouvernement. Les rassemblements se sont multipliés dans tout le Soudan ces dernières semaines, avec la mort d’au moins 19 manifestants anti-gouvernementaux. L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International a déclaré que 34 manifestants avaient été tués au cours de cette période, et le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé qu’une enquête soit ouverte sur ces violences.
Israël se méfie depuis longtemps du Soudan, traditionnellement considéré comme proche de l’Iran. Toutefois, au début de 2017, Khartoum s’est joint au Bahreïn sunnite et à l’Arabie saoudite pour rompre ses liens avec la République islamique.
À l’époque, le pays semblait aussi faire des ouvertures vers Israël. Le ministre des Affaires étrangères Ibrahim Ghandour avait déclaré dans une interview accordée en 2016 que le Soudan était ouvert à l’idée de normaliser les liens avec Israël en échange de la levée des sanctions américaines sur Khartoum.
Selon les médias israéliens de l’époque, les diplomates israéliens ont tenté d’obtenir un soutien pour le Soudan au sein de la communauté internationale après la rupture de ses liens avec Téhéran.
Par le passé, le Soudan aurait servi de point de passage pour le transfert d’armes iraniennes à l’organisation terroriste du Hamas à Gaza. Israël aurait intercepté et détruit des transferts d’armes en provenance du Soudan à destination de Gaza.
En 2009, la Cour pénale internationale (CPI) a également délivré un mandat d’arrêt contre Bashir pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité liés au conflit sanglant dans la région du Darfour occidental.
Cependant, depuis qu’il a rompu ses liens avec l’Iran, le Soudan n’est plus perçu par Israël comme une menace, mais plutôt comme un allié potentiel.
En novembre, la Dixième chaîne a indiqué qu’Israël s’employait activement à établir des relations diplomatiques avec le Soudan, dans le cadre des efforts plus larges déployés par le ministère des Affaires étrangères pour améliorer ses relations avec les pays d’Afrique centrale.
Ce rapport est arrivé quelques jours après la visite historique du dirigeant tchadien Idriss Déby en Israël, où il a promis une nouvelle ère de relations avec l’Etat juif.
Au cours de la visite, Déby et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont souligné le caractère central de la coopération en matière de sécurité entre les deux pays, et des sources tchadiennes de sécurité auraient déclaré qu’Israël avait envoyé des armes et de l’argent au Tchad plus tôt en 2017 pour aider le pays dans sa lutte contre les groupes jihadistes en Afrique occidentale.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec Déby, Netanyahu a salué les liens « florissants » entre Israël et les nations africaines, mais a décliné les questions de savoir si les deux dirigeants avaient discuté des ventes potentielles d’armes israéliennes au Tchad.