Le recteur de la Grande mosquée assume son absence à la marche contre l’antisémitisme
Chems-Eddine Hafiz a expliqué ne pas avoir voulu défiler à côté de "personnalités qui passent leur temps à insulter les musulmans à la télévision"

Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, a expliqué dans une interview au Parisien jeudi, ne pas avoir voulu se rendre à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre pour ne pas défiler à côté de « personnalités qui passent leur temps à insulter les musulmans à la télévision », sans toutefois nommer le Rassemblement national dont la présence a fait débat.
Les chefs de file musulmans ont en effet été critiqués pour leur refus de participer à l’évènement.
« On ne nous a pas exclus, mais on ne nous a pas inclus non plus », a-t-il expliqué. Il dit qu’il aurait ainsi préféré une « marche contre l’antisémitisme et le racisme » plus globale.
« Je trouve facile de donner quitus à des politiques qui ont fait de l’antisémitisme leur ADN. Aujourd’hui on leur pardonne tout, simplement parce qu’ils ont marché », a-t-il regretté.

Il a expliqué qu’il était toutefois « monté au créneau [sur BFMTV, le 26 octobre] pour lancer un appel à la paix avec le grand rabbin » Haïm Korsia, avec lequel il continue de dialoguer. « Je ne conçois pas l’islam en dehors des autres religions », a-t-il dit.
Dans l’interview, le recteur a ainsi appelé à l’apaisement entre responsables juifs et musulmans. « Je ne veux surtout pas qu’on monte une communauté contre une autre », a-t-il affirmé, face aux tensions apparues entre les communautés depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
« Il n’est pas de notre intérêt, à tous, de nous recroqueviller sur notre communauté. Aujourd’hui il y a peut-être de l’émotion, une crispation, mais aller jusqu’à la rupture, c’est inconcevable », a-t-il ajouté.
Alors que les actes antisémites ont flambé en France depuis le 7 octobre, M. Hafiz a rejeté tout « antisémitisme musulman », un « concept devenu un slogan politique » selon lui.
« Que quelqu’un qui a un prénom musulman commette un acte antisémite, il ne faut pas en déduire que c’est au nom de la religion », a-t-il ajouté, jugeant « anormal qu’un musulman soit antisémite ». « Si un musulman dit ‘sale juif’, il s’insulte lui-même car leur prophète, Moïse, est aussi notre prophète ! »
Le responsable musulman est aussi revenu sur les propos de l’imam Abdelali Mamoun qui avait semblé minimiser les chiffres des actes antisémites signalés en France sur RMC, des propos dont il s’était déjà désolidarisé. « J’ai réagi avec un communiqué disant que nous n’avions jamais voulu mettre en cause les chiffres de l’antisémitisme », a déclaré Chems-Eddine Hafiz. « Lui-même dit ne pas avoir voulu le faire. Je crois en sa sincérité. Il s’est excusé, il a été recadré et je ne l’ai pas écarté. L’incident est clos. »
Enfin, au lieu de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, il a dit que « l’islam réprouve totalement l’attaque de civils dans un conflit armé » et a expliqué ne pas vouloir « jouer sur les mots », appelant à « la paix » et à un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza. Il a aussi appelé à la libération des otages à Gaza et à la reconnaissance d’un État palestinien.
L’AFP a participé à cet article.