Le Sénat lance une mission sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur
Son objectif est de voir comment les établissements traitent la question ; elle intervient après l'occupation des locaux de Sciences Po par des militants pro-palestiniens
Le Sénat a approuvé mercredi le lancement d’une mission d’information sur la « montée de l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur », à la suite des incidents survenus lors de l’occupation d’un amphithéâtre de Sciences Po Paris ces derniers jours.
« Nous avons besoin d’avoir rapidement la vision la plus précise possible sur la montée de l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur public comme privé », a indiqué à l’AFP le président de la commission de la Culture et de l’éducation au Sénat, Laurent Lafon (UDI).
Les travaux de cette « mission flash » seront menés par deux rapporteurs, le centriste Pierre-Antoine Lévi et le radical Bernard Fialaire, a-t-il précisé après la réunion de la commission, qui a acté le lancement de la mission. Elle durera environ deux mois.
« Nous souhaitons connaître les chiffres dont dispose le ministère de l’Intérieur sur le sujet et voir comment les différentes directions d’université ou d’école appréhendent la question », a ajouté M. Lafon, pour qui le sujet « semble largement dépasser le cadre de Sciences Po ».
Le Sénat a auditionné ces derniers jours Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), instance de gouvernance de Sciences Po Paris.
L’école des élites est accusé de laisser prospérer l’antisémitisme sur fond de mobilisation étudiante, depuis l’occupation d’un amphithéâtre par des militants pro-palestiniens qui s’est soldée par des accusations d’antisémitisme de la part de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), ce que contestent les étudiants pro-Gaza.
L’annonce de cette mission d’information survient alors qu’il a été annoncé il y a peu que les présidents d’université avaient recensé « 67 actes antisémites » depuis le 7 octobre.
En effet, l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre et la réponse israélienne à Gaza ont provoqué une forte hausse de l’antisémitisme partout dans le monde, en Europe, en Amérique et ailleurs, et notamment sur les campus universitaires, où le conflit y est un sujet qui peut susciter de très vives tensions.
Dès le 9 octobre, la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau avait envoyé un courrier aux présidents d’établissements scientifiques les exhortant à sanctionner les « actions et propos » relevant de « l’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine ou à la violence » sur les campus.
Le 17 mars, elle a réagi à la polémique qui agitait Sciences Po Paris.
Fin janvier, trois étudiants juifs ont été agressés à l’Université de Strasbourg alors qu’ils collaient des affiches pour la libération des otages du Hamas et contre l’antisémitisme.