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Interview

Le “Sperminator” Ari Nagel répand encore son sperme lors de sa récente visite en Israël

Il est père de 26 enfants, et 7 vont naître, mais cet ancien orthodoxe continue de donner ses gamètes gratuitement

Ari Nagel (Crédit : Facebook)
Ari Nagel (Crédit : Facebook)

TEL AVIV – Ari Nagel prend le commandement biblique de croître et se multiplier très au sérieux. Ce Juif remplit cependant cette mitzvah de manière très peu conventionnelle.

Nagel, surnommé le « Sperminator » par la presse tabloïde de New York, est un professeur de mathématiques et d’informatique de New York qui donne gratuitement son sperme aux femmes qui le contactent pour obtenir de l’aide pour tomber enceinte. Il a parfois des relations sexuelles avec les femmes. Dans d’autres cas, il fait des dons de sperme chez elles, ou les accompagne chez le médecin, dans des cliniques spécialisées ou dans des banques de sperme.

Il a même parfois, comme l’a rapporté la presse, éjaculé dans des coupes menstruelles dans des toilettes publiques pour hommes avant de les remettre aux femmes qui les inséraient dans leurs vagins dans les toilettes pour femmes voisines.

Un article du New York Post semblait affirmer que c’était la vie quotidienne de Nagel, grand, les yeux bleus, de réaliser de tels échanges de fluides dans les grands magasins et les Starbucks de la région.

« Pour l’un de mes enfants, j’ai envoyé le sperme par la poste »
Ari Nagel

« Non, ce n’est vraiment le cas. Seulement deux de mes enfants sont nés dans des cas où j’ai donné le sperme à la mère dans des toilettes publiques. Pour l’un, c’était dans les toilettes d’un hôtel Hampton Inn du Queens, et l’autre, dans les toilettes du tribunal familial du centre de Brooklyn », a précisé Nagel au Times of Israël pendant une récente interview à Tel Aviv.

« Et pour l’un de mes enfants, j’ai envoyé le sperme par la poste », a ajouté Nagel.

Ari Nagel au port de Tel Aviv Port, le 27 juin 2017. (Crédit : Renee Ghert-Zand/Times of Israël)
Ari Nagel au port de Tel Aviv Port, le 27 juin 2017. (Crédit : Renee Ghert-Zand/Times of Israël)

Le père de 26 enfants de moins de 14 ans (et de sept autres à naître) était en Israël sur l’invitation d’une Israélienne qui a payé son vol pour qu’il lui fournisse cinq échantillons de sperme. Ils sont conservés à la banque de sperme de Ramat Hasharon, et Nagel a fièrement publié sur Facebook le rapport du laboratoire attestant de son important nombre de spermatozoïdes peu après.

Nagel, 41 ans, a également saisi la chance d’être en Israël pour passer du temps avec son frère et sa famille, qui habitent dans une implantation de Cisjordanie. Il a dit qu’il espérait aussi voir le fils de huit ans dont il est le père et qui vit ici avec sa mère.

Rapport du laboratoire qui a analysé le sperme d'Ari Nagel pour une Israélienne, publié par Nagel sur Facebook. (Crédit : Facebook)
Rapport du laboratoire qui a analysé le sperme d’Ari Nagel pour une Israélienne, publié par Nagel sur Facebook. (Crédit : Facebook)

Même si Nagel ne fait jamais payer les femmes pour ses gamètes, il apprécie de pouvoir se rendre dans divers endroits pour ses donations, ou de rendre visite à ses rejetons. Payer un tel voyage n’est pas dans son budget, puisqu’il a été poursuivi par cinq femmes qui demandent des pensions alimentaires. Environ la moitié de son salaire de 100 000 dollars annuel est consacré à des pensions alimentaires pour neuf de ses enfants.

Même si Nagel connait l’existence de chacun de ses enfants et reste plus ou moins en contact avec eux et leurs mères, il ne garde pas de traces précises de ses donations de sperme, dont il semble avoir perdu le compte. Il fait cela quasiment à temps plein depuis neuf ans, et il est déjà assez difficile pour lui de tenir le compte des grossesses réussies, alors les tentatives d’insémination qui ont échoué…

Nagel est aussi perdu dans les accords avec les femmes à qui il donne son sperme. Il leur demande de ne pas le poursuivre pour demander une pension alimentaire, mais il ne leur demande pas de l’écrire.

« Deux ou trois mères m’ont demandé de signer quelque chose, mais je ne me suis pas ennuyé à garder une copie. Je ne pense pas que ce soit applicable de toute façon », a-t-il dit.

Jusqu’à présent, à part les cinq femmes qui ont poursuivi Nagel, il n’a pas eu de problèmes juridiques. Il est cependant légalement l’époux de la mère de trois de ses enfants. Nagel a confirmé être civilement marié, mais a refusé de parler plus précisément de sa relation.

Ari Nagel avec l'un de ses enfants. (Crédit : Facebook)
Ari Nagel avec l’un de ses enfants. (Crédit : Facebook)

Les femmes à qui il donne du sperme sont de toutes les origines sociales, économiques, religieuses et ethniques. Certaines sont juives. Elles vivent aussi dans le monde entier, même si la majorité d’entre elles est à New York, dans le New jersey, le Connecticut et la Pennsylvanie. Certaines sont mariées, d’autres célibataires. Certaines sont hétérosexuelles, d’autres homosexuelles. L’un des couples que Nagel a aidé comptait un membre transgenre.

Les femmes le contactent généralement par les réseaux sociaux, et Nagel, qui affirme que sa seule motivation est de créer des familles heureuses, reçoit plus de demandes qu’il ne peut en assurer. Il doit les trier, en se basant sur des considérations éthiques

« Si une femme plus âgée et une femme plus jeune ovulent le même jour, est-ce que j’aide la plus âgée, qui pourrait être moins fertile, mais dont ce pourrait être la dernière chance ? Ou est-ce que j’aide la plus jeune, qui a plus de chances de concevoir ? », demande-t-il, se rappelant son éducation lointaine en yeshiva.

I. Glenn Cohen, professeur à Harvard. (Crédit : autorisation)
I. Glenn Cohen, professeur à Harvard. (Crédit : autorisation)

Selon I. Glenn Cohen, professeur de droit à Harvard et expert en bioéthique, il n’y a pas de loi qui interdit les donations de sperme de Nagel. Parallèlement, il n’y a pas non plus de loi pour le protéger de ses responsabilités financières envers les enfants nés de ces dons, ce qui ne semble pas particulièrement préoccuper Nagel.

« Les accords oraux ne seront probablement pas interprétés comme des contrats, mais les particularités des interactions auront de l’importance. La contrainte d’un accord écrit varie d’un état à l’autre. Certains états les appliquent, d’autres disent que le droit au soutien appartient à l’enfant et ne peut être levé par les parents », a expliqué Cohen par e-mail au Times of Israël.

Selon Cohen, typiquement, un individu qui fournit du sperme à une femme ne sera pas considéré comme le père légal si la récipiendaire est mariée, que son mari consent par écrit, et que la donation de sperme a lieu sous la supervision d’un médecin autorisé.

Certains états ont amendé leur droit pour abandonner les deux premières conditions et permettre aux femmes célibataires d’utiliser des donneurs de sperme qu’elles connaissent. D’autres états ne l’ont pas fait. Et d’autres encore prennent des décisions en se fondant sur le droit commun, et il est important pour eux de savoir si l’homme qui donne le sperme développe une relation de type paternelle avec l’enfant (visite à l’enfant quand il est petit, présence aux goûters d’anniversaire, financement des études universitaires, etc.).

Nagel met un point d’honneur à être présent aux fêtes précédant la naissance, aux naissances, aux goûters d’anniversaires, et pour la Fête des Pères pour bons nombres de ses enfants, ouvrant ainsi potentiellement la voie à des poursuites judiciaires. Nagel a choisi en toute conscience de ne pas donner anonymement son sperme dans des banques de sperme pour renforcer sa probabilité de faire partie de la vie de ses enfants.

Ari Nagel, à droite sur le plateau de "Good Day New York" de la chaîne WNYW avec les présentateurs Greg Kelly et Rosanna Scotto. (Crédit : Facebook)
Ari Nagel, à droite sur le plateau de « Good Day New York » de la chaîne WNYW avec les présentateurs Greg Kelly et Rosanna Scotto. (Crédit : Facebook)

Nagel sait qu’il vieillit, et que bientôt, il sera temps qu’il arrête. Il a beau avoir un nombre de spermatozoïdes incroyable et un dossier médical solide, il sait que la possibilité de maladie génétique augmente avec l’âge des parents.

« J’ai passé plein de tests génétiques, mais je veux des enfants en bonne santé, donc je ne vais continuer que quelques années encore », a-t-il dit.

« Les enfants de donneurs anonymes peuvent avoir un moment vraiment dur pour la Fête des Pères »
Ari Nagel

Ce serait une démarche prudente. Cohen a souligné que dans certains états américains, il existe une responsabilité de naissance inopportune, un procès intenté par les parents d’un enfant avec un handicap grave contre le fournisseur de sperme pour que ce dernier paie les frais médicaux s’il y a eu une négligence ou une absence de transparence. Il existe un autre genre de procès, porté par l’enfant lui-même, appelé vie inopportune. Ces procès ne sont généralement pas autorisés aux Etats-Unis.

En ce qui concerne Nagel, l’amour triomphe de toutes les préoccupations légales ou étiques que certains pourraient avoir. Il a déclaré qu’il y avait « beaucoup d’amour qui circule » entre lui et les familles qu’il a aidées à créer, et que ses enfants vont mieux que ceux dont le géniteur est un donneur de sperme anonyme.

« Les enfants de donneurs anonymes peuvent avoir un moment vraiment dur pour la Fête des Pères », a-t-il dit.

Il n’est pas inquiet de la possibilité d’un inceste accidentel entre ses enfants, puisque la plupart des enfants et de leurs mères se connaissent, et beaucoup s’invitent mutuellement aux anniversaires.

Cette très grande famille multi-ethnique « Benetton » que Nagel s’est créée est à des années lumières de la famille juive orthodoxe dans laquelle il a grandi à Monsey, dans l’état de New York. Issu d’une famille de sept enfants, Nagel s’est éloigné de la pratique de la religion il y a une vingtaine d’années.

« Mais je prends toujours un jour de congé pour les fêtes juives », a dit Nagel, qui reste proche de sa famille orthodoxe.

Il a reconnu qu’il n’était pas toujours facile pour ses parents de faire face à ses choix de vie.

Le rabbin et docteur Avraham Steinberg, le 27 décembre 2015. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
Le rabbin et docteur Avraham Steinberg, le 27 décembre 2015. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Du point de vue de la loi juive, Nagel réalise un acte interdit, selon le rabbin et docteur Avraham Steinberg, expert en bioéthique juive.

« Emettre du sperme de cette manière est de l’onanisme, et c’est un acte interdit. Il est interdit à un homme juif qui n’est pas marié de donner son sperme », a indiqué Steinberg pendant un entretien réalisé dans son bureau du Centre médical Shaare Zedek de Jérusalem.

« Il n’est permis à un homme marié de donner son sperme que si son épouse suit un traitement pour la fertilité. Et un homme juif qui subit une chimiothérapie ou un traitement de ce genre peut faire congeler son sperme pour un usage futur dans le cadre d’un mariage. Lais ce que fait [Nagel] n’est pas autorisé par la [loi juive] », a-t-il précisé.

Même si les activités de « Sperminator » de Nagel contreviennent à la loi juive, pour la minorité de ses enfants nés de mères juives, la loi juive s’appliquerait.

« Selon la loi juive, les donneurs de sperme sont les pères, donc une mère juive pourrait mener Nagel au [tribunal religieux] et demander une [pension alimentaire] », a indiqué Steinberg.

Ari Nagel, donneur de sperme, 26 enfants et sept à naître. (Crédit : Facebook)
Ari Nagel, donneur de sperme, 26 enfants et sept à naître. (Crédit : Facebook)

Il existe également une préoccupation théorique sur les enfants nés d’inceste si des individus juifs nés d’un don de sperme du même donneur se marient. Cependant, tant que les enfants de Nagel nés de mère juive connaissent leurs origines, ce risque est théoriquement nul.

Même si l’on peut peut-être admirer la fertilité de Nagel, Steinberg a souligné que d’un point de vue de la loi juive et philosophique, Nagel ne procrée pas de la bonne manière.

« Nous ne défendons pas toutes les sortes de structures familiales non conventionnelles. Ce n’est pas la manière de créer une famille, d’un point de vue juif », a ajouté Steinberg.

Le Sperminator lui-même voit les choses différemment. Il est fier de tous les genres de familles qu’il a aidées ces dix dernières années. Il indique les familles de trois de ses enfants, tous des garçons d’un an, comme exemple.

« L’un a des mamans afro-américaines lesbiennes à Brooklyn. L’autre est né d’une mère célibataire mormone qui vit dans une ferme du Midwest. Et le dernier est le fils d’un couple juif de Nouvelle Angleterre, dont l’un des parents est transgenre. Ce n’est pas super cool ? »

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