Le variant Omicron entraînera-t-il la 5e vague ou atténuera-t-il le coronavirus ?
Un conseiller gouvernemental dit qu'il y a une chance importante que la nouvelle souche entraîne une phase de forte infection ; un médecin de l'hôpital Hadassah est plus optimiste
Est-ce le calme avant la tempête Omicron ? Ou l’État d’Israël va-t-il continuer à conserver des taux d’infection bas – au moins pour le moment ?
Le professeur Eran Segal, conseiller auprès du gouvernement, estime qu’il y a une chance « importante » que le variant Omicron devienne dominant dans le pays et qu’il entraîne le pays dans sa cinquième vague d’infections à coronavirus.
« Il y a une possibilité importante que nous connaissions une cinquième vague en raison d’Omicron et au vu de ce que nous sommes en train d’apprendre sur ce variant », explique au Times of Israel ce bio-informaticien au sein de l’Institut des Sciences Weizmann.
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« Cela pourra prendre plusieurs semaines, mais il y a une chance importante que cela se produise », ajoute-t-il.
L’évaluation de la situation faite par Segal est totalement différente de celle qui prédomine au sein de l’unité de prise en charge des malades atteints de pathologies virales, aujourd’hui calme, de l’hôpital Hadassah de Jérusalem, où le chef de l’unité COVID-19, le professeur Dror Mevorach, pense que le nombre peu important de patients en détresse pourrait bien se maintenir. Il espère, en fait, qu’Omicron pourra amoindrir le potentiel de nuisance de la COVID-19.
Les deux experts dévorent pourtant les mêmes informations concernant le variant Omicron au fur et à mesure où elles sont rendues publiques – ils ont ainsi pris connaissance du nombre élevé de mutations survenues dans le variant, des mutations susceptibles d’échapper à la protection apportée par le vaccin. Omicron a été détecté dans 38 pays et aucun décès n’a, pour le moment, été signalé, a noté l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans la journée de vendredi.
Pour Segal, ce zéro mort, le nombre faible de cas identifiés en Israël et le calme qui règne dans les unités hospitalières de prise en charge du coronavirus n’entrent pas en compte dans cette évaluation du risque posée par Omicron.

Il faut du temps pour que les cas se propagent et plus de temps encore pour qu’ils pénètrent dans les hôpitaux – mais c’est probablement ce qui arrivera, prédit-il.
« A chaque fois, on dit la même chose : ‘Oh, le nombre de cas est bas’, mais avec la croissance exponentielle, une fois atteint le cap des 100 nouveaux cas par jour, on peut très rapidement se retrouver à mille dans les deux à trois semaines qui suivent », explique-t-il.
« Et si on arrive à ce stade, on voit aussi très rapidement le nombre d’hospitalisations partir à la hausse. On ne doit pas permettre que des chiffres qui, en effet, sont actuellement bas nous détournent de la nécessité de nous préparer. La nature même d’une croissance exponentielle, c’est qu’elle prend du temps mais que les chiffres peuvent très vite devenir gigantesques ».

Ce qui se traduira inévitablement par des hospitalisations et par des morts, continue-t-il, estimant que la possibilité que le variant Omicron s’avère modéré est très improbable.
Segal indique que la croissance exponentielle, concernant la COVID-19, est généralement mauvaise – mais qu’avec Omicron, cela pourrait être encore bien pire. « La véritable inquiétude ici, cela semble être les preuves croissantes de sa transmissibilité supérieure à celle de Delta. Ainsi, alors que le R-0 (le nombre moyen de contaminations entraînées par un seul porteur du coronavirus) est aux environs de 1, il pourrait dépasser 1. Et même 1,2 ou 1,3, cela pourrait être une très mauvaise chose si c’était une tendance qui devait s’affirmer à long-terme », commente-t-il.
« Si Omicron est plus transmissible alors il n’y a aucun doute sur le fait que cette souche deviendra dominante ici. Ce qui serait, en théorie, une mauvaise chose parce que si une souche est plus transmissible, et même si elle est moins létale, alors la croissance exponentielle est plus forte – ce qui implique un nombre plus élevé de nouveaux cas ».
De son côté, Mevorach, le médecin de l’hôpital Hadassah, déclare que bien qu’il se réjouisse à la vue de son unité qui est presque vide aujourd’hui, il se demande s’il ne serait pas « cet homme qui tombe de l’Empire State Building et qui, franchissant le 20e étage, se dit : Jusqu’à présent, tout ne va pas si mal’. »

Mais, tout bien réfléchi, il se dit optimiste. « Après avoir soigné plus de 5 000 patients au cours des quatre vagues successives, je sais que c’est une maladie très dangereuse et pourtant, je continue à voir de la lumière au bout du tunnel », s’exclame-t-il.
Et cela grâce aux vaccins, qui ont été administrés à un grand nombre d’Israéliens dès l’âge de cinq ans, ainsi qu’à de nouveaux traitements antiviraux – ce qui signifie que la combinaison des deux annoncent « une nouvelle ère dans la lutte contre la COVID-19 » pour les médecins. Et il pense que l’absence de décès et des informations portant sur l’apparition de symptômes modérés chez les patients atteints par le variant Omicron sont deux autres raisons d’espérer.
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a annoncé, jeudi, que parmi les 70 premiers cas de variant Omicron recensés en Europe, la moitié n’avait pas développé de symptômes et que l’autre avait développé une forme modérée de la maladie, ajoutant qu’il n’y avait eu ni hospitalisation, ni décès des patients concernés.
Pour certains scientifiques, qu’un virus devienne modéré va dans le sens de son évolution. Le docteur Carlos Del Rio, expert en maladies infectieuses à l’université Emory d’Atlanta, a déclaré lors d’un point-presse que « certaines informations en provenance d’Afrique du sud laissent penser qu’il pourrait entraîner, en fait, un plus grand nombre de formes modérées de la maladie » – même s’il a noté que ces cas avaient été détectés chez de jeunes étudiants d’université.
Mevorach, pour sa part, dit au Times of Israel : « D’un côté, Omicron est une menace mais de l’autre, il pourrait bien être le variant que nous appelons de nos vœux. Que souhaitons-nous ? Un de nos espoirs, c’est que la maladie disparaisse. Mais si elle ne disparaît pas, nous voulons un variant qui, s’il se transmet facilement, ne rend malade que de façon très modérée ».
« Il semble aujourd’hui qu’Omicron puisse représenter cela et j’envisage cette possibilité. Si tel est le cas, il pourrait transformer la maladie, actuellement très menaçante, qui entraîne de graves symptômes et éventuellement la mort, en quelque chose qui ressemblerait davantage à la grippe qui, si elle rend malade et si elle fait des morts, en fait beaucoup moins, » continue-t-il.
« Je suis optimiste – même si je sais que dans trois ou quatre semaines, cela pourra changer ».
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