Les actes antisémites aux États-Unis à des niveaux records pour la 4e année consécutive
Les 9 354 cas de harcèlement, vandalisme et agressions enregistrés en 2024 correspondent à plus de 25 incidents par jour, soit plus d'un par heure

Les actes antisémites aux États-Unis ont atteint des niveaux sans précédent en 2024 et battu des records pour la quatrième année consécutive, indique le tout nouveau rapport de l’Anti-Defamation League (ADL).
Les 9 354 cas enregistrés de harcèlement, vandalisme et agression en font le bilan le plus élevé depuis le début de ses activités, en 1979, en hausse de 5 % par rapport à 2023, année du précédent record en date, précise l’ADL.
Ce bilan annuel correspond à plus de 25 actes antisémites par jour, soit plus d’un par heure, poursuit l’organisme de surveillance de l’antisémitisme. New York (1 437 cas) et la Californie (1 344 cas) sont en tête du bilan établi dans les 50 États.
« Ce niveau effroyable d’antisémitisme ne devrait pas être accepté, et pourtant, comme le montrent nos chiffres, c’est devenu une réalité têtue et sombre pour les communautés juives américaines », explique Jonathan Greenblatt, président de l’ADL. « Les Juifs américains continuent au quotidien d’être harcelés, agressés et pris pour cibles en raison de ce qu’ils sont, où qu’ils aillent. Mais soyons clairs : nous demeurons fiers de notre culture, de notre religion et de notre identité juive. Pas question de nous laisser intimider par les bigots. »
Cette hausse fait suite aux attaques terroristes menées par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui ont déclenché un fort regain des actes antisémite aux États-Unis et ailleurs dans le monde. L’ADL suit activement ce regain d’antisémitisme et ses dernières publications en date parlent des initiatives universitaires pour lutter contre la haine, AI bias, la désinformation Wikipédia, et les croyances antisémites partout dans le monde.
C’est la première fois que la majorité (58 %) des actes antisémites signalés aux États-Unis sont liés à Israël ou au sionisme, avec 5 452 cas signalés, souligne l’ADL. Près de la moitié d’entre eux se sont produits lors de rassemblements anti-israéliens sous forme de discours, de chants, de pancartes ou autres slogans antisémites.
Students for Justice en Palestine (SJP) et Party for Socialism and Liberation ont été les plus actives dans l’organisation de tels rassemblements : elles ont par ailleurs revendiqué leur participation à plus de la moitié de ces événements.
Sur le plan méthodologique, ces manifestations étaient comptabilisées comme des événements uniques, quel que soit le nombre d’incidents individuels qui les aient émaillés, précise l’ADL.
« Ces incidents… nous rappellent sans l’ombre d’un doute que le silence n’est pas envisageable », affirme Oren Segal, vice-président principal de l’ADL chargé de la lutte contre l’extrémisme et du renseignement. « Il faut que les gens bien se lèvent pour repousser et affronter l’antisémitisme, partout où il se manifeste. »
Parmi les conclusions les plus alarmantes du rapport figure une hausse de 21 % des agressions antisémites, avec 196 incidents enregistrés contre pas moins de 250 personnes, mais aucun mort. Environ 30 % de ces agressions visaient des Juifs orthodoxes, précise le rapport.
Le nombre d’incidents au sein des institutions juives a diminué de 14 % au cours de l’année de référence, mais les agressions y ont plus que doublé et le vandalisme y a progressé de 39 %, indique le rapport. Pas moins de 647 alertes à la bombe ont été enregistrées au cours de l’année.
Sur les campus, le nombre d’incidents a augmenté de 84 % par rapport à l’année précédente pour atteindre le record de 1 694 cas. L’ADL relie une grande partie de cette hausse aux manifestations anti-Israël qui ont franchi le cap du discours de haine ou du symbolisme antisémite.
Par ailleurs, 2 606 cas de vandalisme ont été enregistrés, avec des croix gammées dans 37 % des cas et 6 552 incidents ont été qualifiés de harcèlement, lesquels ont été fort nombreux lors des manifestations antisémites.
Quelque 962 incidents ont donné lieu à de la propagande antisémite de la part de groupes suprémacistes blancs, dont trois organisations – le Patriot Front, la Goyim Defense League et White Lives Matter – comptent pour 94 % du total.
Le rapport évoque des actes criminels et non criminels de harcèlement, vandalisme et agression contre des individus et des groupes, tels que rapportés à l’ADL par les victimes, forces de l’ordre, médias et organisations partenaires et évalués par les experts de l’ADL.
L’ADL estime que ces chiffres sous-estiment probablement l’ampleur réelle du problème, en particulier dans les écoles – entre la maternelle et le lycée -, lieux dans lesquels l’intimidation et le harcèlement sont souvent sous-déclarés.