Les Arabes israéliens en grève contre la violence dans leurs villes
Les écoles et les commerces étaient fermé et les députés arabes ont boycotté l'investiture de la Knesset pour exiger que la police prenne des mesures pour endiguer la criminalité
« Faites pression sur la police, le sang de nos jeunes ne doit pas être versé facilement ! » ont scandé plusieurs milliers de manifestants jeudi à Majd el-Kroum, ville arabe du nord d’Israël, dénonçant la criminalité qui ravage les localités arabes israéliennes.
Dans les localités de Galilée, où vivent la plupart des 1,8 million d’Arabes israéliens, tout était fermé, a constaté une journaliste de l’AFP.
En signe de solidarité, les députés de la Liste unie qui les représentent ont boycotté la cérémonie d’investiture du Parlement (Knesset) jeudi pour participer à la manifestation.
« Depuis début septembre, 14 Arabes ont été tués, laissant 31 orphelins derrière eux », a déclaré Ayman Odeh, le chef de file des députés arabes et communistes. « Depuis 2000, 1 385 Arabes ont été assassinés ».
La grève générale et l’appel à manifester ont été relayés après que deux personnes ont été tuées et une troisième grièvement blessée mardi à Majd el-Kroum.
« On veut faire pression sur le gouvernement pour qu’il confisque les armes sans permis jusqu’à ce que les meurtres diminuent », explique Samiha Chaaban, 72 ans, au milieu d’une foule composite où hommes, femmes et enfants ont défilé en dénonçant la police israélienne.
« La situation dans les zones arabes est une urgence », a déclaré jeudi le ministre de la Sécurité publique, Gilad Erdan, demandant aux dirigeants arabes de « travailler avec la police ».
Il a promis de « mettre en place une politique de sanctions bien plus stricte pour ceux qui enfreignent la loi ».
Les armes utilisées pour ces crimes « proviennent de l’armée israélienne qui vend des armes aux Arabes, auxquelles s’ajoutent des armes artisanales qui proviennent des zones contrôlées par l’Autorité palestinienne », autrement dit la Cisjordanie occupée, soutient l’avocat Reda Jaber de l’ONG Aman – sécurité en arabe, qui dénombre 70 victimes depuis le début de l’année.
Estimés à environ 20 % de la population, les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres au moment de la création d’Israël en 1948. Ils dénoncent souvent discriminations par rapport à la majorité juive.
« 99 % de la communauté arabe n’a rien à voir avec la criminalité », a déclaré à la radio israélienne en arabe le lieutenant-colonel Léon Hirsch de l’unité sur le crime organisé au sein de la police israélienne.
Il a cependant admis que le taux de criminalité dans les localités arabes était plus important qu’ailleurs en Israël. Jusqu’en août, selon lui, la police a confisqué plus de 3 660 armes dont 80 % dans les communautés arabes.
« Seule la police peut dissuader la violence », affirme Mohammed Baraka, un ancien député arabe à la Knesset. « Si un criminel commet un crime et qu’il n’est pas puni, alors il recommence ».
En Cisjordanie, « c’est la même société (palestinienne), avec les mêmes traditions, mais le taux de criminalité est trois fois plus élevé » chez les Arabes israéliens, remarque-t-il.