Les films d’inspiration juive « Oppenheimer » et « Maestro », favoris des Oscars
L'histoire du père de la bombe atomique concourt dans 13 catégories. Plusieurs acteurs ont été nominés pour des rôles de Juifs, mais aucun juif n'a été récompensé
JTA – Le cinéma d’inspiration juive fait d’une pierre deux coups, cette année, avec deux films plébiscités par les nominations aux Oscars, ce mardi.
« Oppenheimer », le biopic de Christopher Nolan sur le « père de la bombe atomique », qui était juif, a raflé le nombre maximum de nominations, 13 au total, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur, et serait bien placé pour remporter le grand prix, disent les spécialistes.
Le film sur J. Robert Oppenheimer évoque sa judéité à travers son animosité envers les nazis, le recrutement de scientifiques juifs européens expulsés d’Allemagne pour travailler sur la bombe, sa relation avec Albert Einstein et sa rivalité tardive avec le bureaucrate juif en charge de l’énergie atomique, Lewis Strauss. Cillian Murphy, qui incarne Oppenheimer, et Robert Downey Jr., Strauss, sont tous deux nominés pour l’Oscar du meilleur acteur, tout comme Emily Blunt, qui interprète le rôle de Kitty, l’épouse d’Oppenheimer.
« Barbie » de Greta Gerwig, film sorti durant l’été et champion toutes catégories des mèmes, a raflé huit nominations, dont celle du meilleur film. La poupée héroïne de cette comédie musicale a été créée par l’inventrice juive Ruth Handler (un rôle mineur, interprété par Rhea Perlman). Le PDG de Mattel, Ynon Kreiz, également producteur exécutif du film qui a donné le feu vert à cette version ludique des aventures de la poupée, est israélien et a maintenu contre vents et marées la projection, à Los Angeles, d’images des attaques du Hamas, contre l’avis d’organisations pro-palestiniennes.
Le partenaire de Gerwig, Noah Baumbach, co-auteur du film, et le compositeur Mark Ronson – pour la meilleure bande originale – sont également nominés. Tous deux sont juifs.
Un autre film d’inspiration juive est à l’honneur cette année : « Maestro » de Bradley Cooper, qui a fait l’objet de moqueries lors de la première, à cause de la prothèse de nez utilisée par Cooper pour entrer dans la peau du compositeur et chef d’orchestre juif Leonard Bernstein. Mais le biopic, auquel Cooper tient énormément, a surmonté les objections et récolté sept nominations, dont celle du meilleur maquillage. (Catégorie dans laquelle figure également « Golda », le biopic consacré à la Première ministre israélienne Golda Meir, avec Helen Mirren.)
« Maestro » est également nominé pour le meilleur film, ainsi que son producteur Steven Spielberg, lui aussi nominé, au même titre que Cooper dans la catégorie du meilleur acteur, et Carey Mulligan, qui interprète le rôle de la femme de Bernstein, Felicia Montealegre, actrice dont le grand-père paternel était juif et qui s’est convertie au judaïsme pour Bernstein.
Par ailleurs, « The Zone of Interest », version cinématographique de la Shoah à la fois exigeante et formellement audacieuse, a raflé cinq nominations, dont celles du meilleur film et du meilleur long métrage international (Royaume-Uni). Librement inspiré de l’histoire du chef d’Auschwitz Rudolf Höss, le film est réalisé par le cinéaste juif britannique Jonathan Glazer, nominé dans la catégorie du meilleur réalisateur et du meilleur scénario adapté (librement adapté du roman éponyme de Martin Amis, décédé en 2023).
Le scénario de Nolan pour Oppenheimer est lui aussi nominé, adapté de la biographie d’Oppenheimer, « American Prometheus », co-écrite par Kai Bird, qui a grandi aux côtés d’un père diplomate américain impliqué dans la négociation de solutions au conflit israélo-palestinien et épousé une fille de survivants de la Shoah. En 2010, après son travail sur Oppenheimer, Bird a publié ses mémoires, « Crossing Mandelbaum Gate », dans lesquels il évoque sa vision des initiatives diplomatiques israélo-arabes.
Plusieurs acteurs ont été nominés pour avoir interprété des rôles de Juifs, mais aucun acteur juif n’a été nominé cette année – et ce, malgré ce que de nombreux critiques qualifient de meilleure performance de Natalie Portman dans le film de Netflix « May December ».
Des Juifs célèbres ont effectivement été nominés, mais pour des catégories moins prestigieuses. « Lettre à un cochon », court-métrage du réalisateur israélien Tal Kantor sur l’étrange parcours d’un survivant de la Shoah, a reçu une nomination pour le meilleur court métrage d’animation.
Diane Warren, fameuse auteure-compositrice juive, a reçu sa 15e nomination pour la partition de « The Fire Inside », de la série « Flaming Hot » sur Hulu. Warren n’a jamais remporté d’Oscar, mais un prix honorifique en 2022.
Enfin, le rockeur Robbie Robertson, fils d’une mère amérindienne et d’un père juif – et qui a eu tardivement connaissance de ses racines juives – a reçu une nomination posthume pour la meilleure musique originale. pour « Killers of the Flower Moon », à propos des meurtres du peuple Osage. Décédé l’an dernier, Robertson était membre de The Band et un collaborateur régulier du réalisateur de « Flower Moon », Martin Scorsese.
Pour ne pas être en reste, deux films inspirés de l’œuvre d’auteurs ayant tenu des propos antisémites ont également été nominés. Il s’agit de « La Couleur pourpre », la nouvelle comédie musicale inspirée du roman d’Alice Walker (fidèle au film de Spielberg de 1985), nominée dans la catégorie du meilleur second rôle féminin, et de « The Wonderful Story of Henry Sugar », film Netflix de Wes Anderson inspiré d’une nouvelle de Roald Dahl, nominé dans la catégorie du meilleur court métrage en prises de vues réelles.
Walker a soutenu les complotistes antisémites lors de plusieurs interviews et les héritiers de Dahl – de même que le musée dédié à son œuvre – ont présenté leurs excuses pour l’antisémitisme de l’auteur.
Les Oscars seront diffusés le 10 mars prochain sur ABC.