Les investisseurs liés à Israël demandent au gouvernement de fermer l’industrie des options binaires
Horrifiés par cette vaste arnaque, les dirigeants de la communauté financière légitime exhortent les autorités israéliennes à agir “avant qu’il ne soit trop tard”

En tant que directeur des investissements pour BlueStar Golbal Investors, la mission du new-yorkais Steven Schoenfeld est de vendre l’économie israélienne aux investisseurs.
Schoenfeld a fondé BlueStar il y a cinq ans, sur ce raisonnement : il y a un intérêt empirique et fondamental solide à investir dans l’économie israélienne, à l’opposé de l’approche traditionnelle de la diaspora qui donne aux œuvres de charité.
Jusqu’à présent, beaucoup d’individus et environ une douzaine de fédérations juives ont investi dans deux fonds négociés en bourse (ETF) enregistrés aux Etats-Unis qui tracent les index de BlueStar des compagnies israéliennes présentes sur le marché, ISRA Israel, listé à la bourse de New York (NYSE) et ITEQ Israel Tech, listé sur le marché spécialisé des nouvelles technologies, le Nasdaq.
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Ensemble, dit Schoenfeld, les organisations communautaires juives et les fondations affiliées à des juifs aux Etats-Unis contrôlent environ 50 milliards de dollars d’actifs. Comme les investissements initiaux réussissent bien, il pense que ces deux ETF gagneront plus d’investissements de la communauté juive, et ils commencent à attirer les intérêts des investisseurs extérieurs à la communauté.
Mais il y a un phénomène inquiétant et incontestable dans le monde financier israélien qui fait s’arrêter Schoenfeld et rend son travail plus difficile, a-t-il dit : « Le fait qu’une industrie louche et probablement illégale existe en Israël n’est un secret pour personne, et c’est un lourd passif pour la réputation d’Israël. »
Schoenfeld fait référence aux industries du forex et des options binaires d’Israël, dont les activités frauduleuses ont été exposées par le Times of Israël dans une série d’articles au cours des dernières semaines. Le premier article était intitulé « Les loups de Tel Aviv ». Des milliers de personnes travaillent ici dans une industrie frauduleuse, dont beaucoup d’immigrants et d’arabes israéliens, trompant et volant des clients du monde entier.
Au total, l’industrie israélienne des options binaires brasseraient des centaines de millions de dollars par an, si ce n’est des milliards. Une grande partie de l’industrie est engagée dans des pratiques trompeuses et frauduleuses, depuis le mensonge sur leur nom et localisation à la modification de plateformes de transactions, en passant par le refus de permettre aux clients de retirer leur argent quelles que soient les circonstances.
Pour Schoenfeld, les torrents de plainte d’individus en Europe, en Amérique du Nord et au-delà, qui disent avoir été dépouillés par ces compagnies, et le fait que les responsables soient en Israël, souillent l’image d’Israël.
« Si c’est autorisé à continuer, cela jouera directement en faveur de la large partie de ceux qui n’aiment pas Israël, que ce soit le mouvement BDS, ou les efforts anti-Israël orchestrés par les Palestiniens, ou l’ONU, et fera un mal énorme à tout ce qu’Israël a réussi à réaliser. »
Schoenfeld ajoute que si Israël ne ferme pas bientôt les industries frauduleuses du forex et des options binaires, il pourrait y avoir des conséquences imprévues.
« Par exemple, l’Etat d’Israël vend des obligations souveraines et des obligations israéliennes aux fonds de pension publiques et aux gouvernements. Il est important que les états et les municipalités et les gouvernements nationaux achètent la dette d’Israël. Mais si les citoyens de ces pays, ou provinces, ou états, sont blessés par le forex et les options binaires, à nouveau, cela pourrait nuire à la réputation d’Israël et cela pourrait affecter la capacité d’Israël à vendre sa dette. On ne sait tout simplement pas ce que pourrait en être les conséquences, mais pourquoi Israël prendrait-il le risque ? »
Schoenfeld s’interroge aussi sur l’apparente absence de motivation des politiciens israéliens et des forces de l’ordre à fermer les industries du forex et des options binaires.
« Pourquoi laissez-cela continuer ? Pour quoi ? Pour le salut de quelques riches homes d’affaires qui travaillent de manière non éthique ? Cela ne vaut pas le coût. »
Une industrie ‘repoussante’
Peu après la publication du premier article du Times of Israël sur l’industrie des options binaires, Matthew Salter, ancien gérant de portefeuilles à la Banque d’Israël, nous a contacté pour présenter la perspective des analystes financiers agrées en Israël, qu’il représente.
‘Il n’y a rien au sujet de l’industrie des options binaires israélienne qui me suggère qu’elle devrait continuer à fonctionner’
Salter dirige la Société israélienne des investisseurs professionnels, un groupe de 50 investisseurs qui ont obtenu la prestigieuse certification des analystes financiers, un certificat interne rigoureux pour les conseillers en investissements, qui comporte une forte composante éthique.
« Il n’y a rien au sujet de l’industrie des options binaires israélienne qui me suggère qu’elle devrait continuer à fonctionner, dit-il. Ce qu’elle fait est complètement à l’encontre de ce que pensent les analystes financiers agréés. »
Pour Salter, la communauté des investissements légitimes en Israël emploie des milliers de personnes qui sont « très éduquées, sensibles et professionnelles ». Il dit que ce qu’ils ont en commun est qu’ils placent l’investisseur et ses besoins en premier.
« La personne la plus importante dans l’industrie de l’investissement est l’investisseur. Tout ce que vous faites doit être au bénéfice de l’investisseur, éthique, régulation, là où vous placez l’investissement. C’est complètement à l’opposé de ce qu’il se passe dans l’industrie des options binaires », a-t-il accusé, citant des pratiques communes de l’industrie comme de mentir aux investisseurs, de ne pas utiliser son vrai nom, de truquer la plate-forme de marché et d’encourager les investisseurs à placer plus d’argent qu’ils ne peuvent se le permettre.
« C’est repoussant, ajoute-t-il. Nous sommes très énervés à ce sujet. Quand cette fraude fait les gros titres, cela ternit toute l’industrie. »
Que faudrait-il ?
En ce qui concerne Schoenfeld, il pense que le gouvernement israélien et les autorités se réveilleront devant la fraude massive du forex et des options binaires et la fermeront avant qu’elle n’explose en crise internationale.
Schoenfeld se dit déconcerté par le fait que le ministère des Affaires étrangères a essayé assidument de construire des liens avec les états du Golfe et l’Arabie saoudite, et que le gouvernement permet pourtant à des milliers d’Israéliens juifs et arabes d’être employés pour arnaquer les populations de ces pays.
Il demande ce qu’il faudrait faire pour que le gouvernement se réveille.
« Qu’est-ce qu’il va falloir ? Un scandale bien plus important ou des pertes très publicisées par des individus ou des pays amis d’Israël ? Par exemple, quand le Premier ministre du Canada ou le président français le mettront au programme d’une rencontre avec le Premier ministre israélien ? Ou que le gouverneur de la Banque d’Israël Karnit Flug soit pris par surprise pendant une réunion du FMI quand le gouverneur de la Banque du Canada le mettra au programme ? »
« Ou Stanley Fischer, à son nouveau poste à la Fed [la réserve fédérale des Etats-Unis] apprendra cela par le SEC ou le CFTC américains [les agences de régulation américaines] et appellera Karnit Flug. Cela devra-t-il être au programme de la Banque de réserve fédérale des Etats-Unis ou du département du Trésor ? »
Ces scénarios du pire peuvent sembler exagérés, dit Schoenfeld, mais ils sont bien présents dans l’éventail des possibilités.
« A mon avis, Israël ne s’en sortira finalement pas comme ça. Les Canadiens sont énervés, les Français aussi, et des procès comment à s’organiser. Cela ne partira pas simplement. »
C’est pourquoi il est mieux pour Israël de fermer l’industrie frauduleuse immédiatement, pendant que l’économie du pays peut encore absorber le coup, dit-il.
« Il est sans ambigüité dans l’intérêt d’Israël de prendre des mesures immédiates, vigoureuses et crédibles pour fermer ça. C’est mauvais et cela va contre tout ce que le pays défend. »
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Nous invitons d’autres personnes ayant travaillé dans cette industrie, ou qui ont été arnaquées par celle-ci à nous contacter. Vous pouvez nous envoyer un mail à [email protected]
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