Israël en guerre - Jour 500

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La fraude aux options binaires est la plus grande menace actuelle pour les investisseurs manitobains et canadiens, affirme la commission officielle des valeurs mobilières du Manitoba

Une entreprise israélienne d’options binaires tente d’escroquer un enquêteur

Jason Roy, en charge des investigations au Canada, n'en revenait pas lorsqu'un vendeur de ce qu'il a par la suite établi comme étant une société israélienne, Central Option, lui a téléphoné, et tenté illégalement de le persuader d’ "investir"

Jason Roy, président du groupe de travail sur les options binaires du Canada (Canada’s Binary Options Task Force) (Autorisation)
Jason Roy, président du groupe de travail sur les options binaires du Canada (Canada’s Binary Options Task Force) (Autorisation)

Il y a plusieurs semaines, l’enquêteur à la fraude canadien, Jason Roy, profitait d’une soirée chez lui lorsque le téléphone a sonné. C’était un message enregistré offrant « une opportunité d’investissement incroyable » et lui demandant d’appuyer sur « 1 » pour plus d’informations.

Roy, qui se trouve être l’enquêteur principal à la fraude pour la Commission des valeurs mobilières du Manitoba, et fait partie d’un groupe de travail canadien national de lutte contre la fraude aux options binaires, ne pouvait pas croire à sa chance. Il a saisi son ordinateur portable et pressé « 1 ».

« Il y a environ un million de personnes qui vivent dans la province canadienne du Manitoba », a-t-il déclaré au Times of Israel récemment, décrivant la chance inouïe (pour lui) de cet appel téléphonique. « Je suis probablement la pire personne possible que la compagnie aurait pu appeler. Ce n’était vraiment pas de chance pour eux que leur ‘robocall’ se retrouve à composer mon numéro de téléphone ».

Se présentant comme un investisseur intéressé, Roy a demandé au ‘courtier’ en options binaires au téléphone de lui expliquer comment l’ « investissement » fonctionnait. Le courtier a déclaré que son nom était « Sean Bessi » et qu’il appelait d’une compagnie nommée Central Option, situé à Toronto.

« J’ai passé environ une heure au téléphone avec lui et il m’a assisté dans cet investissement », a déclaré Roy.

Vue de Winnipeg, Manitoba (Crédit : Facebook)
Vue de Winnipeg, Manitoba (Crédit : Facebook)

« Bessi » a mis 100 dollars sur le compte de Roy et lui a montré comment exécuter plusieurs transactions. Il a assuré à Roy que les options binaires sont un investissement « très sûr » et que ce n’était pas « un jeu de hasard ». Après environ une heure, cependant, Bessi a commencé à faire pression sur Roy pour qu’il envoie de l’argent.

« Il voulait me faire virer de l’argent sur un compte bancaire en Géorgie, le pays. Je pouvais également leur donner mon numéro de carte de crédit ».

Roy a refusé.

Ces deux dernières années, Jason Roy a enquêté sur les entreprises d’options binaires qui ciblent les citoyens canadiens. La majorité d’entre elles sont frauduleuses, dit-il, et souvent leur argumentaire de vente n’est rien d’autre qu’une ruse pour voler de l’argent. Pas une seule société d’options binaires n’est autorisée à exercer au Canada, a-t-il noté, ce qui signifie que toute sollicitation – y compris, certainement, l’appel téléphonique qu’il a reçu – est parfaitement illégale.

Lorsque Roy a raccroché de son coup de fil avec « Sean », il s’est mis à travailler. Il a réussi à retracer le numéro de téléphone à travers plusieurs couches, de Toronto en Pennsylvanie, au Colorado, en passant par la Lettonie. Il a finalement découvert qu’aussi bien le site web que le numéro de téléphone appartenaient à un individu en Israël.

Il était quasiment certain que « Sean Bessi » ne s’appelait pas vraiment Sean Bessi. Il n’appelait pas de Toronto, mais plus probablement de Tel Aviv. Et le nom de son entreprise, a déclaré Roy au Times of Israel, était Central Option. Roy a trouvé le nom de la personne qui possédait les numéros de téléphone et le site web. Il a envoyé le nom, l’adresse et les photos du propriétaire / opérateur israélien de Central Option à l’Autorité israélienne des valeurs mobilières (ISA), et a déposé une plainte.

Roy a également publié rapidement une alerte officielle, avertissant les investisseurs canadiens qu’il leur fallait se démarquer de Central Option.

Roy a déclaré qu'il avait réussi à tracer le numéro de téléphone et le site web de Central Option jusqu'en Israël (Crédit : capture d'écran)
Roy a déclaré qu’il avait réussi à tracer le numéro de téléphone et le site web de Central Option jusqu’en Israël (Crédit : capture d’écran)

Roy a donné au Times of Israel des informations concernant trois résidents du Manitoba qui, selon lui, ont été victimes d’une fraude d’environ 160 000 dollars au total par des entreprises d’options binaires ces derniers mois.

Il a nommé deux de ces entreprises, FMTrader et OneTwoTrade. Il a des raisons de croire que ces deux groupes ont appelé des clients depuis Israël alors qu’ils disaient aux investisseurs qu’ils étaient situés ailleurs.

En fait, en mars, le Winnipeg Free Press a publié l’histoire de Ken, un retraité de 74 ans qui a déclaré avoir perdu 100 000 dollars dans des transactions avec OneTwoTrade, une société qui prétend être située à Malte.

Cependant, en écho à l’enquête de Roy, les employés de la compagnie ont déclaré au Times of Israel que OneTwoTrade, connu localement comme Inventiva Marketing, exploite un centre d’appels à Ramat Gan.

Les entreprises qui reçoivent ou ont reçu des appels de centres d’appels israéliens ayant fait l’objet d’alertes et de mises en garde par les organismes de réglementation canadiens sont Titan Trade, Benedict Morris Binary Option, 24Option, AnyOption, Avatrade, BancdeBinary, BinaryTilt, CherryTrade, OneTwoTrade, FMTrader, Central Option, NRGBinary, Opteck, OptionRally and Ubinary

Une troisième société, ISeeBinary, a contacté une femme de 81 ans, au Manitoba, et a réussi à lui prendre toutes ses économies.

« Toute ce que cette dame possédait en son nom s’élevait à environ 28 000 dollars canadiens », a rappelé Roy.

« Elle utilisait cet argent pour compléter sa petite pension mensuelle. Alors, elle est dans une très mauvaise position. C’est une veuve âgée, ce n’est pas comme si elle pouvait aller travailler ».

Interrogé pour savoir si elle pouvait poursuivre cette troisième société, Roy a expliqué à la dame qu’elle avait viré de l’argent à une banque en Moldavie mais qu’il devait encore traquer l’emplacement de l’entreprise et de ses vendeurs.

Les entreprises israéliennes frauduleuses d’options binaires – dont des centaines sont engagées dans une opération d’escroquerie massive qui a fait boule de neige au cours de la dernière décennie et que l’ISA d’Israël ne semble pas encline à attaquer – brouillent habituellement les noms de leurs propriétaires, de leurs employés et leur localisation géographique.

Cela crée souvent une situation où les clients qui estiment avoir été victimes d’une fraude n’ont personne à qui demander des comptes.

Le Times of Israel a exposé et détaillé les activités de ces entreprises au cours des dernières semaines, en commençant par un article intitulé « Les loups de Tel-Aviv ». Alors que l’ISA n’a toujours pas agi publiquement pour lutter contre cette industrie colossale de vol, les régulateurs internationaux et avocats deviennent de plus en plus impliqués au nom de leurs citoyens floués.

Nommés et humiliés

Les organismes de réglementation canadiens ont émis des alertes spécifiques sur de nombreuses plateformes d’options binaires et de Forex qui exploitent des centres d’appels et d’autres activités depuis Israël.

Roy a déclaré au Times of Israel que la Commission des valeurs mobilières du Manitoba émet une « alerte » lorsqu’elle est approchée par un investisseur qui prétend avoir été victime d’une fraude, après avoir examiné les éléments de preuve et conclu que l’investisseur a raison. La commission émet également une « mise en garde », un drapeau rouge pour fraude potentielle, quand une entreprise essaie de solliciter des clients – même si le client raccroche.

Les entreprises qui reçoivent ou ont reçu des appels de centres d’appels israéliens ayant fait l’objet d’alertes et de mises en garde par les organismes de réglementation canadiens sont Titan Trade, Bennedict Morris Binary Option, 24Option, AnyOption, Avatrade, BancdeBinary, BinaryTilt, CherryTrade, OneTwoTrade, FMTrader, Central Option, NRGBinary , Opteck, OptionRally et UBinary.

De manière cumulée, on estime que l’industrie des options binaires israélienne brasse des centaines de millions de dollars par an, sinon des milliards. Une grande partie de l’industrie se livre à des pratiques trompeuses et frauduleuses, allant des mensonges sur leurs noms et emplacements, jusqu’au trucage des plate-formes de négociation, en passant par le refus de permettre aux clients de retirer leur argent en toutes circonstances.

Ces entreprises frauduleuses n’offrent pas aux clients la possibilité d’investir ou de faire du commerce, comme elles le prétendent. Elles n’offrent même pas à leurs clients la possibilité de jouer, comme ils le feraient au casino, dans un environnement réglementé.

Au contraire, ces entreprises attirent leurs clients dans ce qui ressemble fortement aux casinos truqués, dans le seul but de leur escroquer autant d’argent que possible, et de s’éloigner sans laisser de traces.

« J’ai personnellement honte que ce genre de choses se produise en Israël. L’Autorité des valeurs mobilières israélienne ne peut pas rester de côté et ignorer » – Jonathan Hoffman, vétéran du secteur

Jason Roy croit que la plupart des cas de fraude aux options binaires ne sont pas signalés.

« À mon avis, la fraude aux options binaires semble être la plus grande menace actuelle pour les investisseurs Manitobains et canadiens », a-t-il dit. « Comme la plupart des gens ne signalent pas qu’ils sont victimes d’une fraude, il est impossible de savoir combien de Canadiens ont été touchés ».

Roy dit aussi que les régulateurs canadiens ne peuvent pas faire grand-chose sans la coopération du pays d’où la fraude est originaire.

« Il est difficile pour nous de prendre des mesures ici. Nous pouvons émettre des alertes ou des avertissements. Je pense que nous aurions besoin de l’aide du gouvernement, d’où provient en réalité le problème », a-t-il dit.

Pourquoi l’ISA ne prend-elle pas des mesures ?

Puisque la fraude aux options binaires ciblant les Canadiens et les citoyens d’autres pays provient d’Israël, pourquoi l’Autorité des valeurs mobilières israélienne a-t-elle permis que cela continue pendant des années ?

Dans une interview avec le Times of Israel en mars, Itzik Shurki, directeur de la Supervision des plateformes d’échanges et de transactions de l’ISA, a reconnu être au courant des fraudes massives aux options binaires qui sont effectuées par des employés israéliens contre des investisseurs à l’étranger. Mais il a affirmé que cette activité ne relève pas de la compétence de l’ISA, de même que l’Autorité des comportements financiers (FCA) ne protège que les citoyens britanniques et que la Commodity Futures Trading Commission ou CFTC, ne protège que les Américains.

En mars, l’ISA a interdit la vente d’options binaires aux clients situés en Israël, mais les entreprises en Israël sont toujours autorisées à vendre le produit financier à des gens d’outre-mer – ce qui représente l’énorme majorité de la fraude.

Itzik Shurki de l'ISA (Crédit : autorisation)
Itzik Shurki de l’ISA (Crédit : autorisation)

« Si une société américaine essayait de vendre des titres aux Israéliens, il serait de notre devoir de protéger nos citoyens, et non pas de la responsabilité des Américains, a déclaré Shurki en essayant d’expliquer la division ostensible de l’autorité.

Mais un vétéran de l’industrie des services financiers en dehors d’Israël a dit avoir été choqué par cette déclaration. « La convention universellement reconnue est que les superviseurs de valeurs mobilières sont responsables de toutes les affaires menées dans leur juridiction, que leurs clients soient basés sur terre ou en mer », a déclaré au Times of Israel Jonathan Hoffman, un ancien fonctionnaire basé à Londres de la Banque d’Angleterre et du Crédit Suisse.

Jonathan Hoffman (Crédit : Facebook)
Jonathan Hoffman (Crédit : Facebook)

Hoffman a ajouté que si une entreprise a une présence physique en Israël, ce qui peut inclure les employés ou un bureau, l’ISA est obligée de réglementer ou de l’arrêter si elle commet des fraudes.

« Il n’est tout simplement pas acceptable de réglementer l’activité des options binaires pour les seuls investisseurs basés en Israël », a-t-il accusé.

Hoffman, qui a également servi à titre bénévole en tant que co-vice-président de la Fédération sioniste britannique, a ajouté : « J’ai personnellement honte que ce genre de choses se passe en Israël. L’Autorité des valeurs mobilières israéliennes ne peut pas rester de côté et l’ignorer. Ce n’est pas une option ».

Jason Roy, le régulateur canadien, a dit qu’il ne pouvait pas commenter les lois sur les valeurs mobilières dans d’autres pays, mais il a indiqué que dans son pays, les choses sont faites différemment.

« Au Manitoba et dans le reste du Canada, lorsque nous avons des personnes impliquées dans des fraudes aux valeurs mobilières, nous enquêtons. Cela n’a pas d’importance qu’elles ciblent ou non les personnes à l’extérieur du Canada. Si elles sont basées ici, elles sont sous notre juridiction ».

Quant à l’Autorité israélienne des valeurs mobilières, à qui le Times of Israel a demandé à de multiples reprises si elle faisait quoique ce soit pour arrêter ou faire fermer les entreprises d’options binaires frauduleuses et opérant à partir d’Israël, une porte-parole a répondu : « L’ISA coopère avec les autorités sur les valeurs mobilières dans les pays étrangers en ce qui concerne les crimes sur les valeurs mobilières perpétrés là-bas et qui ont un lien avec Israël.

« Cette coopération », a-t-elle ajouté, « est réalisée en conformité avec la loi sur les valeurs mobilières d’Israël et avec les accords de l’ISA avec les autorités sur les valeurs mobilières de nombreux autres pays. L’aide que l’Autorité israélienne des valeurs mobilières offre comprend l’utilisation de toute son autorité d’enquête, ce qui constitue une activité intense dans laquelle l’ISA investit beaucoup de ressources. En raison de la sensibilité du sujet, l’ISA n’est pas autorisée à révéler son activité d’application dans ces domaines ».

Prié de préciser si l’Autorité des valeurs mobilières israélienne se penche sur ses plaintes de fraude d’options binaires avec diligence, Roy a dit : « Je suis en contact avec l’ISA, mais je ne peux pas fournir de détails précis sur nos relations avec les autres organismes de réglementation ».

Et qu’en est-il, en particulier, de « Sean Bessi », qui prétendait appeler Roy depuis Toronto pour l’inviter – illégalement – à des « transactions » dans les options binaires ? Qu’a fait l’ISA en réponse à la plainte déposée par cet enquêteur canadien sur les fraudes binaires ? Quelles mesures ont été prises contre Central Option ?

Roy a déclaré qu’il ne pouvait pas élaborer. Mais la balle, comme pour l’ensemble colossal des fraudes aux options binaires israéliennes, est dans le camp de l’ISA. Comme c’est le cas depuis des années, pendant que l’industrie corrompue connaissait un effet boule de neige permettant aux entreprises israéliennes sans scrupules, employant des milliers d’Israéliens, de voler d’énormes sommes d’argent à un grand nombre de personnes dans le monde entier.

Le Times of Israel invite tous ceux qui ont été victimes de fraude, et ceux qui ont travaillé dans ce secteur, à nous contacter. Vous pouvez le faire par mail à : office@timesofisrael.com

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