Les Palestiniens menacent d’aller à l’ONU si Israël ne libère pas des détenus
Les Palestiniens s'étaient engagés à ne plus chercher à adhérer à des institutions internationales, en échange d'une libéation de 104 prisonniers par Israël
Des dirigeants palestiniens ont menacé mardi de relancer les démarches d’adhésion auprès des organisations internationales, y compris les juridictions à compétence mondiale, si Israël revenait sur la libération d’un contingent de prisonniers palestiniens attendu fin mars.
Mahmoud Abbas s’est engagé en juillet à suspendre pendant les neuf mois de négociations de paix toute démarche d’adhésion aux organisations internationales, y compris à des instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël, comme le statut d’Etat observateur obtenu en novembre 2012 à l’ONU en donnerait le droit.
Cet engagement a été donné en échange de la libération de 104 Palestiniens emprisonnés par Israël avant les accords de 1993 sur l’autonomie palestinienne.
« Nous nous tournerons vers les organisations internationales de l’ONU si Israël ne relâche pas le quatrième et dernier groupe de prisonniers », a déclaré le secrétaire général du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo.
« La libération des prisonniers est une contrepartie au gel des démarches d’adhésion à ces organisations », a-t-il dit à la radio Voix de la Palestine.
La libération du quatrième et dernier contingent de 26 prisonniers, prévue le 29 mars, suscite le débat en Israël, plusieurs ministres en contestant l’intérêt, compte tenu de la dégradation du climat entre les deux parties, à l’approche de l’échéance des pourparlers de paix le 29 avril.
« Si Israël refusait de libérer le quatrième contingent, cela aurait de graves conséquences, y compris des démarches auprès de l’ONU », a prévenu l’ancien numéro 2 de la délégation palestinienne, Mohammad Chtayyeh, qui a démissionné en novembre.
Le contentieux porte également sur la liste des prisonniers, parmi lesquels 14 étant des prisonniers de nationalité israélienne, qu’Israël est très réticent à relâcher.
Un haut responsable palestinien a indiqué à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que M. Abbas avait, lors d’un entretien avec l’envoyé spécial américain Martin Indyk, prévenu qu' »en cas de retard dans les libérations, Israël serait en violation des ententes et il aurait le droit de prendre toutes les mesures qu’il jugerait appropriées ».
M. Abbas va rencontrer mercredi à Amman le secrétaire d’Etat américain John Kerry qui va « tenter de rapprocher les positions », selon la porte-parole de ce dernier. M. Kerry « aura également un entretien par téléphone ou par vidéo conférence avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ».
Le contentieux sur les prisonniers est loin d’être la seule pomme de discorde mettant en péril le processus de paix relancé en juillet par M. Kerry. La multiplication des annonces israéliennes de projets de colonisation -condamnés par la communauté internationale, y compris Washington- a aussi déclenché la colère des Palestiniens.
M. Netanyahu exige, quant à lui, des Palestiniens qu’ils reconnaissent Israël comme « l’Etat nation du peuple juif », ce qu’ils refusent.