Les petits hôtels rouvrent, accueillant des clients israéliens… pour l’instant
Avec moins de chambres et un personnel réduit, plusieurs hôtels locaux ont fait le grand saut et ont rouvert, recourant au port du masque et à la distanciation physique
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Il n’y aura peut-être jamais de meilleur moment pour séjourner dans un hôtel de luxe israélien que maintenant.
Lorsque l’épidémie de COVID-19 semblait être sous contrôle début mai, plusieurs hôtels haut de gamme ont fait le grand saut et ont rouvert leurs portes, juste au moment où l’économie reprenait du service.
Ces hôtels restent ouverts pour l’instant et pour les Israéliens, c’est l’occasion de profiter de prix plus bas dans certains des endroits les plus chics du pays, offrant des escapades locales dans un été d’options de séjour à domicile.
Alors que de nombreuses grandes chaînes d’hôtels israéliennes n’ont pas encore rouvert, ce sont les petits hôtels haut de gamme qui ont trouvé un peu plus facile d’accueillir à nouveau leurs clients, étant donné le nombre réduit de chambres et d’espaces à préparer.
Le Drisco, un hôtel cinq étoiles Leading Hotels of the World situé dans le quartier historique de la colonie américaine de Jaffa, qui a rouvert après une rénovation importante en 2018, accueille de nouveau des clients depuis le 21 mai et est presque complet depuis.
« C’est vraiment une opportunité dont le public israélien peut profiter », commente Avi Zak, un associé gérant de l’hôtel Drisco. « Nous ne faisons pas d’argent avec ça. Mais c’est une opportunité de nous présenter à un public plus large et de faire revenir notre personnel ».
Ce bijou d’hôtel de luxe, une version restaurée de ce qui était autrefois le Hardegg Jerusalem Hotel, un établissement de luxe construit au milieu du 19e siècle par les frères américains John et George Drisco, compte 42 chambres qui ont été minutieusement recréées au cours d’une vaste rénovation de 35 millions de dollars sur dix ans.
Avec vue sur la mer Méditerranée et son emplacement dans la colonie américaine, un quartier fondé au 19e siècle par des chrétiens allemands et des protestants américains du Maine, on a une impression de Nouvelle-Angleterre et d’Europe dans ce coin pittoresque de Jaffa, où des maisons à pans de bois avec des clôtures en bois bordent les rues voisines.
En ce moment, les clients viennent de tout Israël, dit Avi Zak. Malgré cela, c’est la période la plus difficile qu’il ait jamais connue dans l’industrie hôtelière, plus dure que les sirènes et les roquettes de 2014.
« Quand il y a une guerre, vous savez qu’elle est terminée au bout d’un mois », compare-t-il. « Quelqu’un viendra, l’ONU ou les Américains, et dira ‘ça suffit’. Mais ici, vous n’avez aucune idée de ce qui va se passer. »
Néanmoins, l’hôtel est rempli pendant tout le mois de juillet et une partie du mois d’août, et propose des forfaits, indique le responsable, pour des séjours d’une nuit avec dîner au restaurant George & John ou avec un soin au spa. Les tarifs actuels sont 40 % moins élevés que d’habitude, à environ 799 shekels (204 euros) la nuit.
Ils nécessitent une occupation complète et des dépenses prudentes afin d’atteindre le seuil de rentabilité, explique Avi Zak, le troisième partenaire qui gère l’hôtel.
« Ce sera un grand accomplissement pendant cette période », commente-t-il.
Il est cependant persévérant. Les clients ne ressentent pas le changement d’atmosphère dans les chambres, où les têtes de lit en bois sculpté et les pochoirs et plafonds soigneusement restaurés, les draps de haute qualité, et les salles de bain carrelées blanches et noires avec des serviettes turques raffinées et des comptoirs en marbre offrent un répit douillet et confortable de la vie de ces derniers temps.
Même en bas, dans le restaurant (non casher) George & John, où le chef Tomer Tal continue de servir ses pâtes au chou-rave et au blé dur grillées au charbon de bois et caramélisées, fourrées d’oignons et de bettes cuites au charbon de bois, ainsi que d’autres saveurs méditerranéennes, les serveurs et le personnel de l’hôtel portent des masques et les repas sont servis à une distance prudente.
Au petit-déjeuner, un somptueux assortiment de salades, de pâtes à tartiner et de pâtisseries est servi sur un plateau à trois niveaux – évitant le buffet de petit-déjeuner israélien typique – tandis que les œufs et les boissons sont commandés à la carte.
« Les gens ont l’impression de ne pas être en Israël quand ils sont ici », décrit Avi Zak. « C’est une sorte d’évasion, ce n’est pas le Tel-Aviv chargé. »
Lorsque l’hôtel a dû fermer officiellement le 15 mars, il avait déjà connu un mois d’annulations. Alors que le gérant associé a dû mettre en congé la plupart de ses 100 employés, il a conservé un personnel réduit, y compris son personnel de bureau qui s’est occupé des dizaines d’annulations jusqu’à la fin de 2020.
« C’est très difficile », confie-t-il. « Même avec les fusées et les sirènes, ce n’était pas comme ça. C’est un événement unique qui n’est jamais arrivé auparavant. »
Avi Zak s’est rapidement mobilisé, créant une entreprise de financement participatif Headstart pour l’hôtel, offrant des bons pour l’hôtel et le restaurant pour chaque réouverture éventuelle. Les nouveaux clients et les clients réguliers ont dépensé un demi-million de shekels pour ces bons, et maintenant certains les encaissent tandis que d’autres attendent peut-être des temps plus calmes.
Plus haut sur la côte, à Akko, il est facile de se détendre à l’Efendi, un hôtel haut de gamme historique appartenant au restaurateur Uri Jeremias, qui a rouvert ses portes le 20 mai.
« C’est comme être à la maison », assure ce dernier. « Il y a beaucoup de place pour la distanciation. »
Bien que l’Efendi ne se soit pas rempli aussi rapidement, Uri Jeremias indique qu’il dort encore la nuit, ayant mis de l’argent de côté ces dernières années pour surmonter cette tempête particulière.
« Vous avez des hauts et des bas dans la vie et vous traversez toutes sortes de crises, de guerres, de missiles Katioucha et maintenant le corona », concède Uri Jeremias, qui a pu garder son personnel. « Vous n’achetez pas de nouvelles voitures et vous ne donnez pas de dividendes, il n’y a pas d’aventures financières supplémentaires et donc vous pouvez vous en sortir. S’il y a une apocalypse, alors personne ne sait ce qu’elle sera ».
Uri Jeremias a également pu rouvrir Uri Buri, son célèbre restaurant de poissons situé juste en bas de la rue Efendi, dans la vieille ville d’Akko, où les clients doivent généralement réserver plusieurs semaines à l’avance.
Les réservations sont plus faciles à faire en juillet, et le gérant est heureux d’avoir des clients.
« Je dois vérifier que nous avons assez de gel hydroalcoolique et que les tables sont libres pour la distanciation physique, mais ça marche », estime-t-il.
Quant à l’Efendi, il attend de pouvoir servir le petit-déjeuner à la table surdimensionnée de la salle à manger, assez grande pour plus d’une dizaine de personnes et pouvant facilement accueillir deux personnes.
Avi Zak dit qu’il est en contact avec d’autres hôteliers, dont certains utilisent ce temps pour nettoyer et rénover leurs locaux.
Certains des hôtels haut de gamme les plus chics d’Israël, tels que le Norman à Tel-Aviv, le Setai Tel-Aviv et The American Colony à Jérusalem, qui a une histoire similaire à celle du Drisco, n’ont pas encore rouvert. The American Colony ne rouvrira pas avant le 30 septembre.
« Certains ont peur de rouvrir et d’être confrontés à une nouvelle fermeture », explique Avi Zak. « Et personne n’aura de touristes étrangers, pas avant longtemps. »