Les pro-téléphérique de Jérusalem ratent la date limite de la Cour suprême
La Haute Cour reporte la date limite pour que le gouvernement et d'autres organismes fournissent une "base factuelle" à leurs demandes, alors que Jérusalem lance un appel d'offres
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le gouvernement et divers autres organismes n’ont pas soumis avant la date limite du 6 septembre, fixée par la Cour suprême, des documents détaillant la « base factuelle » sur laquelle ils affirment qu’un projet de téléphérique vers la Vieille Ville de Jérusalem va stimuler le tourisme.
Le tribunal leur a accordé une prolongation jusqu’au 1er octobre, ce à quoi s’opposent plusieurs organisations opposées au projet.
Entre-temps, et malgré le procès en cours, la Jerusalem Development Authority, qui est chargée de la planification du téléphérique, a publié des avis au public dans les journaux ces dix derniers jours, invitant les candidats à participer à la phase de présélection d’un appel d’offres pour la « conception, la construction, l’exploitation, l’entretien et la livraison d’un téléphérique dans la Vieille Ville de Jérusalem ».
Deux réunions de candidats ont été prévues pour le mois d’octobre. Elles permettent aux parties intéressées de poser des questions et d’obtenir des informations pour les aider à préparer leurs offres.
Le téléphérique doit s’étendre du complexe culturel de l’Ancienne gare, dans le sud de la ville, jusqu’à la Porte des immondices de la Vieille Ville, qui est la porte la plus proche du mur Occidental, le lieu de prière le plus vénéré du judaïsme. Il y aura un arrêt, sur le mont Sion, et un dépôt de maintenance pour les voitures dans le quartier d’Abu Tor.
En juillet, dans une ultime tentative pour arrêter le projet, les opposants ont fait appel devant la Cour suprême. Plus tard dans le mois, la cour a répondu en ordonnant au gouvernement et à tous les autres organismes concernés de préciser les « bases factuelles » sur lesquelles le téléphérique répond à la formulation de la loi sur l’aménagement du territoire – s’il servira réellement « d’attraction touristique » et « apportera une réelle contribution au tourisme dans la région ».
Cela touche à ce qui pourrait s’avérer être le talon d’Achille de toute l’initiative : la décision du gouvernement de faire traiter le projet par le Comité national des infrastructures (CNI) – un organe de procédure accélérée au sein du ministère des Finances – plutôt que par le mécanisme de planification habituel, qui doit permettre de tenir compte des objections du public à chaque étape de l’examen. Ce comité a été créé pour traiter les grands projets d’infrastructure tels que les lignes de gaz et de chemin de fer qui traversent les frontières des autorités locales.
En 2016, le gouvernement a modifié la loi sur la planification et la construction afin d’ajouter les projets d’“infrastructure touristique” à la définition des projets d' »infrastructure nationale » qui peuvent être traités par le Comité national des infrastructures, et plus précisément les systèmes de transport touristique.
Cela a ouvert la voie à l’initiative apparemment locale qui a été transférée au CNI après une seule présentation devant le comité de planification de Jérusalem.
Si le tribunal rejette la base factuelle qui est soumise avant la nouvelle date du 1er octobre, le Comité national des infrastructures aura outrepassé son autorité pour discuter du projet et ensuite pour le recommander au gouvernement. L’ensemble du dossier du téléphérique pourrait commencer à s’effilocher.
Les (très) nombreux détracteurs du projet affirment que le téléphérique transformera les points de vue historiques les plus précieux de Jérusalem en un parc à thème. Une analyse des données sur le trafic publiée en juillet semble saper l’autre grande affirmation faite pour le téléphérique, à savoir qu’il permettra de réduire les embouteillages le long des remparts de la Vieille Ville. L’analyse suggère qu’une augmentation du nombre de navettes serait un moyen meilleur, plus rapide et moins coûteux de transporter les touristes du sud de Jérusalem à la Porte des immondices.