Les sirènes d’alerte en Israël, un système étonnamment complexe
Le lieutenant-colonel Levi Itach, en charge de sonner les sirènes d'avertissement pour l’armée, décide où et quand la sirène retentit
Toutes les 896 roquettes qui ont été lancées contre Israël durant l’opération Barrière protectrice (au moment où j’écris) ont été détectées par les soldats de l’armée de l’air et presque toutes ont fait l’objet d’une sirène d’alarme, poussant les Israéliens à se réfugier dans les abris.
Un mélange de radars et d’appareils électro-optiques détectent les lancements, les classent par la taille et le danger qu’ils représentent et ce qu’ils ciblent, sous forme de tâche la zone en danger sur une carte.
La procédure prend quelques secondes. Mais pour les soldats qui reçoivent l’alerte de l’armée de l’air, qui servent sous le commandement du lieutenant-colonel Levi Itach qui est à la tête de la branche d’avertissement de l’armée, la procédure est truffée de dilemmes opérationnels.
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Itach prend en exemple une roquette Grad qui a un champ de 40 kilomètres. Ses soldats, qui siègent aux côtés des soldats de l’armée de l’air dans un centre de commandement conjoint dans le centre d’Israël, reçoivent cinq notifications cinq secondes après le lancement d’une roquette.
Entre temps, ils ont vérifié si l’objet n’est ni une simple volée d’oiseaux ni un engin de balayage qui trace la trajectoire balistique d’une roquette.
Après cela, les systèmes électro-optiques de l’armée de l’air analysent la signature thermique de la roquette et sa trajectoire du point de lancement et fournissent au Commandement de défense passive une zone de frappe initiale, selon la charge du projectile.
Cinq seconde après, d’autres radars qui analysent le comportement du projectile, rétrécissent la zone de façon considérable.
Cela continue tout le temps que la roquette s’élève, explique Itach, avec la tâche sur la carte qui diminue pendant toute la procédure mais cela ralentit aussi le temps de réponse.
« Opérationnellement parlant, à quel moment vous lancez l’alerte ? », demande-t-il.
« Combien temps doit-on laisser aux citoyens ? Qu’est-ce qu’on peut considérer comme étant ‘assez de temps’ [pour se rendre dans un abri] ? Une personne qui a 70, 80 ou 90 ans, un enfant de cinq ans : si on doit être réaliste, de combien de temps ont-t-ils besoin ? ».
Un Grad qui a une portée de 40 kilomètres, explique-t-il, vole pendant deux minutes. Plus l’alerte est exacte, moins de personnes sont exposées à la sirène et l’impact sur le moral et l’économie nationale est moindre. Dans l’exemple qu’il donne, les citoyens ont 45 secondes pour se mettre à l’abri.
C’est la réponse automatique programmée dans le système. Pendant le conflit actuel, explique-t-il, ses soldats, qui sont « côte à côte » avec le personnel de l’armée de l’air, ont le pouvoir de décider en temps réel de donner ou pas l’alerte si, par exemple, la tâche de la zone visée touche le bord de certains secteurs ou d’une ville.
Ils peuvent, toutefois, se tromper. Par mesure de précaution, la zone ciblée, générée par le modèle de l’ordinateur, est multipliée par trois pour s’assurer de la sécurité des civils.
La notion d’éviter de faire peur aux civils, cependant, et la capacité de le faire, est relativement nouvelle. Le 17 janvier 1991, quand Saddam Hussein tirait des roquettes depuis l’Irak contre Israël, la population entière avait reçu l’instruction de se mettre à l’abri.
En 2006, pendant la deuxième guerre du Liban, Israël a été partagé en 25 secteurs différents. Pendant l’opération Pilier de défense, en novembre 2012, il y avait 127 secteurs. Aujourd’hui, il y en a 235.
Et pourtant Itach, qui souligne la longue histoire d’avertissement chez les Israéliens en citant Ezéchiel 33 – « si cet homme voit venir l’épée sur le pays, sonne de la trompette, et avertis le peuple » – est loin d’être satisfait. Dans le futur, affirme-t-il, le pays sera divisé en 36 000 secteurs.
Chaque secteur représentera un kilomètre carré. Des alertes seront envoyées aux smartphones reliés à Internet et les box de télévision câblées dans chaque secteur ciblé.
Jusqu’à l’opération Pilier de défense, on perdait une personne sur 100 roquettes tirées. Pendant la deuxième guerre du Liban, on perdait 200 millions de shekels par jour de guerre.
Pour l’avenir, il espère obtenir ces résultats : une mort pour 10 000 roquettes et seulement 12 millions de shekels de perte par jour de guerre.
Ce sont des objectifs élevés. Dans une large mesure, ils sont peut-être même inatteignables. Mais pour le moment, en regardant ces six derniers jours de guerre, il reconnait que ses soldats ont travaillé très dur et que lui, personnellement, sur le point de prendre sa retraite, en « tire » une certaine fierté.
Il y a, évidemment, des horreurs de la guerre mais il ajoute que « que toute cette affaire [d’avertissement] rectifie le tir ».
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