Les vagues de canicule suggèrent que la planète entre en « terre inconnue » – experts
"Quelque chose d'étrange s'est produit ces derniers mois, et c'est effrayant", a déclaré l'ancien directeur de l'école d'études environnementales de l'université de Tel Aviv
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Selon des scientifiques israéliens, les phénomènes climatiques extrêmes qui ont frappé de grandes parties du monde cette année suggèrent que la planète entre dans des « eaux inexplorées ».
« Quelque chose d’étrange s’est produit au cours des derniers mois », a déclaré le professeur Colin Price, ancien directeur de l’école Porter d’études environnementales de l’université de Tel Aviv. « C’est effrayant. »
« Je pense que nous avons simplement eu de la chance que la vague de chaleur se situe un peu au nord de notre pays », a déclaré Price interrogé sur les raisons pour lesquelles Israël semble avoir échappé aux vagues de chaleur dévastatrices qui ont frappé l’Italie, l’Espagne et la Grèce ces dernières semaines.
« Il fait chaud ici, mais ce n’est pas inhabituel », a-t-il poursuivi. « La prochaine fois, ce sera peut-être ici et non en Grèce ou en Espagne. Il est difficile de prévoir la météo plus d’une semaine ou deux à l’avance. Ces événements seront plus fréquents et plus intenses à l’avenir, mais il est difficile de dire où ils vont frapper. »
Price a noté que les températures élevées des océans, qui influent sur les températures de l’air, étaient « déjà hors normes ».
De récents rapports montrent que les scientifiques ont particulièrement sous-estimé le réchauffement dans l’Atlantique Nord. Une chaleur exceptionnelle a été enregistrée, par exemple, au large des côtes du Royaume-Uni et de l’Irlande, suscitant des craintes pour la vie marine.
« La banquise antarctique a été beaucoup plus clairsemée que ne le prévoyaient les modèles climatiques », a ajouté Price.
Le mois dernier, des records ont été battus en ce qui concerne les températures moyennes mondiales en juin.
Price a prédit que les températures moyennes mondiales pour le mois de juillet battraient également des records.
En Israël, selon le Service météorologique israélien (IMS), les conditions – bien que chaudes et humides – n’ont pas été « irrégulières », même si le pays pourrait être en passe de battre un record de la durée de la phase caniculaire.
La semaine dernière, les températures maximales dans le pays ont atteint 43°C à 45°C et même 46°C dans la vallée du Jourdain à l’est d’Israël et dans le désert de l’Arava au sud. La plaine côtière et les basses terres ont connu des températures de 35°C à 37°C, avec 38°C à 40°C enregistrées dans le nord du Néguev et 34°C à 36 °C dans les montagnes.
Les températures près de la côte étaient plus basses, atteignant 31°C à 32°C, mais elles étaient néanmoins difficiles à supporter en raison d’un taux d’humidité de 70 % à 75 % à midi.
« Des périodes d’une semaine ou plus avec des températures similaires se produisent toutes les quelques années », a déclaré le Dr. Amos Porat, directeur des services climatiques au IMS. Bien qu’elles aient été plus fréquentes au cours des 20 dernières années, elles se sont également produites dans un passé plus lointain.
Cependant, il a ajouté qu’avec les fortes chaleurs prévues pour au moins encore une semaine, voire plus, Israël pourrait se diriger vers une période de canicule exceptionnellement longue.
La Pr. Hadas Saaroni, experte en climatologie et en dérèglement climatique au Département de géographie et d’environnement humain de l’université de Tel Aviv, a reconnu que les événements liés au climat entraient en « terre inconnue ».
Une vague de chaleur dans la ville italienne de Milan s’est par exemple achevée samedi par une intense tempête de grêle accompagnée d’une tornade, ce qui est rare.
This is a lot of hail which caused flooding as well from the heavy rains as severe weather hit Italy. Via: Tornado in Italia on FB
Posted by The Watchmen's Earth and Space connection on Friday, July 21, 2023
« Le mois de juin a été très étrange en Israël », a poursuivi Saaroni. Entre la fin du mois de mai et le mois de juin, il y a eu trois tempêtes de vent chaud de l’est, connues sous le nom de cyclones Sharav – un phénomène généralement associé au printemps.
« Non seulement c’était étrange, mais ces incidents étaient accompagnés de nuages, d’humidité provenant des tropiques et de pluies tropicales, ce qui n’est pas du tout typique du mois de juin. Il y a également eu des journées froides. Puis le mois de juin s’est terminé plus chaud que d’habitude », a-t-elle déclaré.
Les scientifiques s’attendent à ce que les effets du dérèglement climatique – dû à la combustion continue de combustibles fossiles par l’humanité – soient exacerbés par le phénomène naturel El Niño, qui a déjà commencé, et qui durera de un à trois ans.
El Niño réchauffe la surface de l’océan dans le centre et l’est de l’océan Pacifique sud, poussant de l’air plus chaud dans l’atmosphère et influençant les conditions météorologiques dans le monde entier.
Saaroni a rappelé que, du milieu des années 1960 au milieu des années 1990, il existait une corrélation positive entre les années El Niño et les années pluvieuses en Israël, mais qu’après cela, le lien a disparu.