Israël en guerre - Jour 646

Rechercher

L’État ferme les yeux sur les écoles haredi qui éludent le tronc commun – IDI

Même quand le ministère de l'Éducation intervient pour retirer leur financement à ces écoles, les coupes budgétaires sont minimes, selon l'Institut israélien de la démocratie

Des enfants juifs ultra-orthodoxes déguisés dans leur yeshiva, à Mea Shearim, avant la fête juive de Pourim, le 12 mars 2025. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
Des enfants juifs ultra-orthodoxes déguisés dans leur yeshiva, à Mea Shearim, avant la fête juive de Pourim, le 12 mars 2025. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Selon un nouveau rapport publié mercredi par l’Institut israélien de la démocratie (IDI), seules quelques-unes des écoles primaires ultra-orthodoxes – ou haredim – pour garçons qui ne dispensent pas les matières fondamentales requises par la loi font l’objet de sanctions.

Ce rapport couvre les années scolaires comprises entre 2013 et 2024.

« Depuis des années, les responsables politiques et les membres de la Knesset promettent de faire pression sur le secteur haredi pour qu’il enseigne le programme du tronc commun », a déclaré Ariel Finkelstein, auteur du rapport, au Times of Israel par téléphone.

« Aujourd’hui, beaucoup soulignent le fait que toutes les écoles haredi s’engagent à enseigner au moins une partie de ce programme scolaire de base. Mais cela n’existe que sur le papier ; la réalité est très différente. »

Les matières fondamentales sont réparties en trois groupes : langue, mathématiques et sciences, et anglais. Elles représentent les connaissances fondamentales que l’État estime que chaque enfant scolarisé doit acquérir.

La question du programme scolaire de base concerne principalement les écoles pour garçons, car dans la vision ultra-orthodoxe du monde, les garçons sont censés consacrer leur temps à l’étude de la Torah, contrairement aux filles. La grande majorité des ultra-orthodoxes fréquentent des écoles privées qui reçoivent au moins une partie de leur financement de l’État. À la rentrée 2024-2025, seuls environ 7 % des élèves ultra-orthodoxes étaient inscrits dans des écoles publiques haredim, connues sous leur acronyme en hébreu MaMaH (« Mamlachti-Haredi »).

Des enfants ultra-orthodoxes jouant dans le quartier haredi de Mea Shearim, à Jérusalem, le 26 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Ces écoles privées se répartissent en plusieurs catégories.

Les établissements « exemptés », ou écoles privées en hébreu, reçoivent environ 55 % des fonds alloués aux écoles publiques, à condition qu’ils enseignent 55 % du programme scolaire de base.

Une deuxième catégorie, les institutions « reconnues mais non officielles » – connues sous l’acronyme en hébreu « Mou’hshar » – s’engagent à enseigner 75 % du tronc commun et reçoivent 75 % du financement.

Enfin, les écoles « en réseau » sont affiliées à l’un des deux principaux partis politiques ultra-orthodoxes : le réseau Bnei Yosef est aligné sur le parti séfarade Shas et le réseau ‘Hinou’h Atzmaï est associé au parti ashkénaze Yahadout HaTorah. Ces écoles sont entièrement financées par l’État et doivent enseigner l’intégralité du programme scolaire de base.

Ariel Finkelstein, chercheur à l’Institut israélien de la démocratie. (Crédit : IDI)

« Mon objectif était de comprendre ce qui se passe réellement sur le terrain », a précisé Finkelstein.

« Nous savons tous que de nombreux enfants haredim ne suivent pas du tout les matières fondamentales, ou seulement de manière très superficielle. Si tel est le cas, pourquoi ces écoles sont-elles dispensées d’une réduction proportionnelle de leur financement public ? »

Le rapport a révélé que le ministère n’exerce aucun contrôle sur les écoles privées ou « Mou’hshar ». En outre, seules 6 % des écoles du « réseau » ont subi des coupes budgétaires, alors que de nombreuses autres ne respectent pas le programme scolaire.

Finkelstein a également cité une autre étude qu’il avait publiée en 2022, et qui révélait que 76 % des parents ultra-orthodoxes d’élèves du primaire déclaraient que leurs fils n’apprenaient pas l’anglais à l’école, alors que les écoles « Mou’hshar » et « en réseau », qui accueillent plus de 50 % des élèves haredim âgés de 6 à 14 ans, sont tenues d’enseigner cette langue.

Un Talmud Torah affilié au réseau scolaire du Shas à Holon, le 17 février 2016. (Crédit : Yaakov Cohen/Flash90)

Une autre étude, sans rapport avec celle de Finkelstein, a été publiée dans la revue Regulation & Governance en 2023. Elle a analysé des entretiens et des données scolaires provenant d’un échantillon représentatif de 82 directeurs et enseignants d’écoles haredim accueillant 18 000 élèves. Elle a révélé que la plupart de ces écoles ne respectaient pas les exigences du programme scolaire de base.

Au cours d’une interview accordée au Times of Israel, Finkelstein a estimé, avec prudence, qu’au moins la moitié des écoles ultra-orthodoxes ne respectaient pas ces exigences.

« Dans les classes supérieures, en cinquième et quatrième, le taux est probablement bien supérieur à 50 % », a-t-il ajouté.

Dans le système scolaire ultra-orthodoxe, les écoles primaires, également appelées Talmud Torah, accueillent les garçons âgés de 6 à 14 ans, tandis que les garçons âgés de 14 à 17 ans étudient dans des yeshivot ktanot.

Le rapport a également révélé que, même lorsque le ministère est intervenu pour retirer son financement, les coupes budgétaires ont été minimes. Pour l’année scolaire 2023-2024, la réduction moyenne s’élevait à 225 000 shekels, soit 6 % du budget.

« Je voulais montrer que les sanctions sont très minimes, équivalentes à quelques millions de shekels par an, alors que des milliards sont transférés au système », a déclaré Finkelstein.

« Au bout du compte, l’application de la loi n’est qu’une façade », a-t-il ajouté, soulignant que les écoles continuent de recevoir la majeure partie de leur budget tout en enseignant ce qu’elles souhaitent.

Selon le chercheur, si la volonté politique existait, les implications pourraient aller bien au-delà d’une simple question de financement.

Des enfants ultra-orthodoxes, à Jérusalem, le 18 octobre 2020. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Une école qui enfreint la loi peut être légalement fermée », a déclaré Finkelstein.

« Leurs permis d’exploitation sont subordonnés au respect de la loi, mais aucune école n’a jamais été fermée. »

Au cours des dix années scolaires couvertes par le rapport, le niveau d’application et de sanctions a légèrement fluctué.

« Il semble que lorsque les haredim sont plus forts [politiquement], il y a moins de sanctions », a noté Finkelstein.

Des ultra-orthodoxes étudiant à la yeshiva Ateret Shlomo, à Rishon Lezion, le 11 juin 2025. (Crédit : Shlomi Cohen/Flash90)

En réponse au rapport de l’IDI, le ministère de l’Éducation a déclaré au Times of Israel dans un communiqué que « la supervision des matières fondamentales dans les établissements scolaires est effectuée régulièrement et conformément aux procédures ».

« Lorsque des violations sont constatées, des mesures coercitives claires sont mises en œuvre, notamment des réductions budgétaires, la suppression des financements et même le retrait des autorisations », indique le communiqué.

« Parallèlement, et dans le cadre d’une politique plus large, un dialogue professionnel est en cours avec les institutions afin de renforcer l’enseignement des matières fondamentales et de combler les lacunes du système scolaire, un processus qui s’est avéré efficace au fil du temps. »

Le dernier rapport de l’IDI a également été présenté mercredi à la commission de Contrôle de l’État de la Knesset.

Au cours de la réunion, le président de la commission, le député Mickey Levy (Yesh Atid), a critiqué le ministère de l’Éducation pour son manque de transparence.

« Malgré les demandes répétées de la commission auprès du ministère de l’Éducation pour obtenir le rapport détaillant la portée des études du programme scolaire de base dans les écoles primaires haredim, ce rapport n’a toujours pas été remis », a-t-il déclaré.

« Je considère cela comme une grave atteinte au travail de la Knesset et à son rôle d’organe de contrôle. »

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.