L’Exode à l’envers : 23 000 touristes israéliens dans le Sinaï pour Pessah
De nombreux Israéliens ont décidé de profiter de cette zone proche et attractive, sans tenir compte des mises en garde du gouvernement sur les risques d'attaques terroristes
Plus de 23 000 Israéliens ont traversé la frontière sud vers la péninsule du Sinaï en Egypte à l’occasion de la fête de Pessah, ont annoncé les médias israéliens. Ils ont ignoré la mise en garde du gouvernement concernant un sérieux risque d’attaques terroristes dans le Sinaï.
Destination populaire grâce à ces plages désertiques, son atmosphère détendue et des prix attractifs, la zone a été la cible de plusieurs attaques terroristes majeures qui ont tué plus de 100 étrangers, y compris des Israéliens, au cours des dernières décennies.
Le Bureau du contre-terrorisme du Conseil de sécurité national d’Israël a déclaré qu’il existait une « sérieuse menace d’attaques terroristes contre des touristes dans le Sinaï, y compris des Israéliens ».
Le Bureau a réitéré son appel à tous les Israéliens présents sur place de « quitter immédiatement la zone et de revenir en Israël » et a déclaré « recommander formellement à tous ceux qui souhaitent y aller d’éviter de le faire ».
Mais, beaucoup d’Israéliens n’ont pas été dissuadés par ces mises en garde.
« C’est plein à craquer ici. Je suis sûr qu’il y a plus de gens ici que pendant l’Exode d’Egypte », a déclaré une voyageuse à la Douzième chaîne depuis le point de passage de Taba, en référence à l’histoire de Pessah.
Elle a expliqué qu’elle avait dû attendre à la frontière pendant plus de trois heures pour trouver un taxi car les chauffeurs locaux étaient débordés par la demande.
Interrogée pour savoir pourquoi elle voulait aller dans le Sinaï, la femme a répondu : « Premièrement, nous n’avons pas d’argent, et c’est vraiment pas cher. Deuxièmement, c’est proche. Troisièmement tout le monde y va, alors pourquoi n’irions-nous pas ? Et quatrièmement, il n’y a aucune raison valable de ne pas y aller. »
Quant aux mises en garde de risques terroristes, elle a répondu : « Des mises en garde ? Il y a maintenant ici plus d’Israéliens que d’Egyptiens; »
A la frontière, la mise en garde de voyage résonne en bruit de fond via des haut-parleurs.
Cette mise en garde est seulement une recommandation et n’implique pas de contrainte juridique. Le message précise d’ailleurs que la décision est « à la discrétion de chaque personne et de leur seule responsabilité ».
Il y a deux ans, dans une décision très inhabituelle, Israël avait fermé sa frontière avec l’Egypte pendant 11 jours durant les vacances de Pessah, à cause de craintes d’attaques terroristes, principalement de la part de groupes affiliés à l’Etat islamique qui contrôlent une partie du territoire du Sinaï et qui luttent contre l’armée égyptienne depuis plusieurs années.
Il s’agissait de l’une des rares fois où le point de passage de Taba était fermé depuis son ouverture en 1982 après l’accord de paix israélo-égyptien. Le point de passage a également été fermé en 2014 après une attaque terroriste du côté égyptien, et en 2011 quand Israël a estimé qu’il y avait un risque très élevé d’attaques.
En juillet 2005, 88 personnes, dont un Israélien, ont été tuées dans une série d’attaques à la bombe dans la ville balnéaire de Sharm El Sheikh dans le sud du Sinaï.
Le 7 octobre 2004, 12 Israéliens comptaient parmi les 34 victimes d’une série d’attaques à la bombe contre des touristes dans le Sinaï.