Israël en guerre - Jour 594

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Opinion

L’hymne d’Israël nous invite à « être un peuple libre, sur notre propre terre ». Ne risquons pas l’échec

Au cours des 18 derniers mois, nous avons lutté comme jamais nous ne l'avions fait dans notre Histoire moderne. Nous avions baissé la garde et nos ennemis ont attaqué. Pire encore, nos fractures intérieures continuent à s'élargir

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Des visiteurs s'immobilisent lors des deux minutes de silence qui marquent Yom HaZikaron  sur le site de l'attaque du festival de musique Nova près du kibboutz Reim, dans le sud d'Israël, le 30 avril 2025. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)
Des visiteurs s'immobilisent lors des deux minutes de silence qui marquent Yom HaZikaron sur le site de l'attaque du festival de musique Nova près du kibboutz Reim, dans le sud d'Israël, le 30 avril 2025. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)

Depuis 77 ans, Israël, une petite nation ancienne qui avait su renaître dans un voisinage impitoyable, a déjoué tous les pronostics. Elle a survécu et elle a largement prospéré.

Alors que le pays pleure ses défenseurs tombés au champ d’honneur et les trop nombreuses victimes du terrorisme et qu’il célèbre son indépendance dans les journées de mercredi et jeudi, la population d’Israël a été multipliée par douze depuis 1948 – dépassant, pour la toute première fois, les dix millions d’habitants. Autrement dit : 45 % des Juifs de la planète y ont trouvé un foyer, un refuge.

Toutefois, au cours de ces dix-huit derniers mois, nous avons mené une lutte sans précédent dans notre Histoire moderne. Nous avions baissé la garde avant le 7 octobre 2023 et – nous avions toujours su qu’il en serait ainsi – nos ennemis se sont jetés sur nous.

Cela a été horrible – et cela aurait pu être bien pire. Les milliers de meurtriers du Hamas qui ont fait irruption à notre frontière lamentablement mal défendue auraient pu entrer plus profondément sur le territoire et ils auraient pu massacrer, brûler, violer et enlever un nombre plus important de nos concitoyens sans le courage extraordinaire affiché par des soldats en uniforme et par des civils qui, s’ils étaient en infériorité numérique, ont su résister à l’invasion. Le flot rouge sang d’aide meurtrière que l’armée terroriste de Gaza s’attendait à recevoir de l’Iran et de ses proxies bien armés – en particulier du Hezbollah – ne s’est pas concrétisé tout de suite. Et Israël, ébranlé et horrifié par les conséquences dévastatrices de son incompréhensible complaisance, a néanmoins refusé le repli, la paralysie et presque immédiatement, le pays a commencé à lancer sa riposte.

Mais alors que nous célébrons Yom HaZikaron et Yom HaAtsmaout, les pertes restent insupportables et notre confiance nationale, notre sentiment de sécurité, notre foi en nos dirigeants et en nos protecteurs politiques et militaires sont loin d’être rétablis.

Des soldats israéliensau garde-à-vous lors d’une cérémonie au mur Occidental dans la Vieille ville de Jérusalem alors qu’Israël commémore ses soldats tombés au combat et les victimes du terrorisme, le le 29 avril 2025. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Pire encore, la douleur et l’incertitude entraînées par les coups monstrueux infligés par nos ennemis sont exacerbées par l’aggravation de nos fractures internes.

Nous ne sommes pas en capacité de maintenir une unité et ce, même dans la lutte en faveur du rapatriement des 59 otages qui sont toujours – c’est impensable – entre les mains du Hamas. Au moins 35 captifs ont perdu la vie et les autres sont quotidiennement en danger de mort. L’hymne national, « l’Hatikvah », qui a été chanté à plusieurs reprises lors des cérémonies qui ont été organisées dans tout le pays cette semaine, appelle Israël à être l’État « d’un peuple libre, sur sa propre terre ». Mais nos otages n’ont rien de tout cela. Et la question du sort qui leur est réservé est un champ de bataille politique, une question d’intérêt national, un combat mené selon les lignes partisanes.

Des Israéliens s’immobilisent alors qu’une sirène retentit, à l’occasion de la Journée du souvenir, sur la place des Otages à Tel-Aviv, le 30 avril 2025. (Crédit : Yehoshua Yosef/Flash90)

Le Premier ministre insiste sur le fait qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour les rapatrier – mais il ajoute que cet objectif ne pourra être atteint qu’en renforçant sans cesse les pressions militaires exercées sur le Hamas. Pourtant, un an est passé depuis qu’il a affirmé que la victoire sur le groupe terroriste n’était plus qu’à « un pas ».

Et ce n’est pas une coïncidence si l’effondrement prématuré de l’accord de cessez-le-feu qu’il avait conclu au mois de janvier, et l’intensité nouvelle de la guerre à Gaza sont deux conditions sine qua non que ses deux partenaires de la coalition d’extrême droite avaient imposées sous peine de retirer leur soutien au Premier ministre, entraînant la chute de son gouvernement.

L’armée de notre peuple – il faut noter qu’un grand nombre de réservistes ont passé plus de temps au front qu’à leur domicile et à leur travail au cours des 18 derniers mois – est paralysée et de plus en plus lésée par l’exemption de service national qui est accordée de manière intolérable à la quasi-totalité des membres de la communauté ultra-orthodoxe. Une condition qui, là encore, avait été posée par les deux partenaires ultra-orthodoxes de la coalition de Netanyahu pour garantir leur soutien à ce dernier.

Le chef de l’un de ces deux partis, Yitzhak Goldknopf (Yahadout HaTorah), est tellement déconnecté de la cause, de l’intérêt, de l’éthique et de la douleur nationale qu’il n’a accepté qu’à contrecœur, à la dernière minute, de ne pas prendre la parole lors de la cérémonie de Yom HaZikaron qui était organisée mercredi au cimetière militaire de Kiryat Gat – cédant face à l’opposition à sa présence des familles endeuillées. Et faut-il que le secrétariat du gouvernement ait été à ce point déconnecté de la sensibilité nationale pour confier à Goldknopf une telle tâche ? Un mois après que le ministre a été filmé au mariage de son neveu en train de danser sur une chanson antisioniste ? Une chanson dont les paroles rejettent le service militaire au sein de l’armée de la nation infidèle qui finance et protège la communauté haredi, – un service considéré comme pire que la mort.

Des soldats israéliens et des personnes en deuil observent deux minutes de silence lors de Yom HaZikaron, en hommage aux soldats tombés au combat, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem, le 30 avril 2025. (Crédit : Menahem Kahana / AFP)

Nous avons à nouveau assisté à un spectacle d’une bassesse sans précédent s’agissant des divisions qui fracturent nos dirigeants ce mois-ci, avec le Premier ministre – le seul responsable de premier plan qui tente d’échapper à ses responsabilités dans le pogrom du 7 octobre – et le chef du service de sécurité intérieure du Shin Bet qui se sont ouvertement taxés, l’un et l’autre, de menteurs arrogants et égoïstes.

La bataille juridique entre Netanyahu et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a été quelque peu désamorcée par l’annonce qui a été faite lundi par ce dernier lorsqu’il a fait savoir qu’il démissionnerait en date du 15 juin – évitant ainsi la nécessité d’une décision de la Haute Cour qui devait déterminer si le cabinet avait le droit de le licencier lorsqu’il l’avait fait, le mois dernier. Mais la guerre juridique plus large dont cette affaire n’a été qu’une facette, une guerre qui tourne autour de la détermination de Netanyahu à concentrer tout les pouvoirs et toute l’autorité entre ses mains, se poursuit de manière déchirante.

Comme le 7 octobre aurait dû l’indiquer clairement – mais il est trop évident que cela n’a pas été le cas – Israël ne peut pas se payer le luxe de dissidences internes qui sont autant de handicaps. Ses ennemis extérieurs sont trop dangereux. « Assez de divisions ! Assez de polarisation ! Assez de haine ! », a imploré le président Isaac Herzog mardi soir, lors de l’ouverture d’une cérémonies de Yom HaZikaron qui s’est déroulée au mur Occidental, dernier vestige de la souveraineté juive de l’ère biblique. « Nous ne devons pas, de nos propres mains, provoquer la destruction de notre foyer national ».

Oui, dix millions de personnes vivent ici aujourd’hui. Nous avons besoin de cet État pour nous reconstruire, pour revivre, pour nous réunir. Nous avons besoin de cet État pour survivre et prospérer à nouveau. Parmi les 55 % de Juifs qui n’ont pas élu domicile en Israël, nombreux sont ceux qui trouvent la vie en diaspora difficile à supporter dans un contexte de recrudescence de l’antisémitisme. Ils pourraient bien se rendre compte qu’ils ont aussi besoin d’Israël.

Des Israéliens observent deux minutes de silence à côté de leurs véhicules, alors que les sirènes retentissent dans tout le pays à l’occasion de Yom HaZikaron, le 30 avril 2025. (Jack GUEZ / AFP)

Mercredi matin, à 11 heures, pendant deux longues minutes, les sirènes ont retenti dans tout le pays et Israël s’est immobilisé dans le souvenir, dans le chagrin, dans le respect et dans la gratitude à l’égard de tous ceux qui ont perdu la vie pour défendre cette nation minuscule et déterminante pour nous. Lorsque les sirènes se sont tues, quatre avions de chasse ont survolé la région de Jérusalem, symbolisant à la fois le respect à l’égard des défunts et la capacité déterminée à protéger les vivants. Les cérémonies commémoratives ont ensuite commencé dans les cimetières militaires de tout le pays, et elles se sont toutes terminées par « l’Hatikvah » et par cette ambition essentielle : « Être un peuple libre, sur notre propre terre ».

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