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Liban : pour le chef druze, Israël instrumentalise cette minorité en Syrie

"Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours [...] consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos", a estimé Walid Joumblatt

Le dirigeant druze libanais Walid Joumblatt lors d'une conférence de presse, à Beyrouth, au Liban, le 2 mars 2025. (Crédit : Hussein Malla/AP)
Le dirigeant druze libanais Walid Joumblatt lors d'une conférence de presse, à Beyrouth, au Liban, le 2 mars 2025. (Crédit : Hussein Malla/AP)

Le chef druze au Liban, Walid Joumblatt, accuse Israël d’instrumentaliser les Druzes de Syrie en multipliant les ouvertures envers cette minorité, dans le cadre d’un vaste plan visant, selon lui, à tenter de morceler le Moyen-Orient en États communautaires.

« Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours […] consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos », a-t-il estimé dans une interview accordée à l’AFP mercredi.

« Ils veulent annihiler Gaza, puis viendra le tour de la Cisjordanie […], ils tentent de déstabiliser la Syrie, à travers les Druzes mais d’autres aussi », a-t-il jugé, dénonçant ce qu’il a appelé « un jeu dangereux ».

Dès la chute du pouvoir à Damas du dictateur syrien Bashar el-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a envoyé des troupes dans une zone tampon démilitarisée du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie.

Les Druzes sont répartis entre le Liban, Israël, le plateau du Golan et la Syrie, ainsi que la Jordanie. Ils se distinguent des courants sunnite et chiite de l’islam par leur doctrine ésotérique, dont la croyance en la réincarnation est un des piliers.

À Soueïda, province du sud de la Syrie où sont concentrés les Druzes, Israël a multiplié les gestes d’ouvertures en leur envoyant des colis humanitaires par l’entremise des Druzes israéliens, et accueillant des dignitaires religieux en Israël le 15 mars.

Des garçons druzes brandissant des drapeaux près de soldats israéliens qui gardent une barrière frontalière dans le village de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, alors que les gens attendent l’arrivée d’une délégation du côté syrien du Golan, le 14 mars 2025. (Crédit : John Wessels/AFP)

Début mars, à la suite d’escarmouches dans une banlieue de Damas à majorité druze et chrétienne, Israël avait menacé d’une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s’en prenaient aux Druzes.

En Israël, les communautés druzes, qui comptent pour moins de 2 % de la population, sont très patriotes et font volontiers leur service militaire et pour beaucoup d’entre eux servent à de hauts postes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par des dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l’unité de la Syrie.

Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui inclurait l’intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Les pourparlers étaient sur le point d’aboutir, mais des « pressions israéliennes » sur certaines des parties ont empêché la conclusion d’un accord final, a assuré à l’AFP une source proche de ces pourparlers qui n’a pas voulu être identifiée.

« Soutenir Sharaa »

Walid Joumblatt rappelle que sous le mandat français, il y a une centaine d’années, « la Syrie avait été divisée en quatre entités : « un État alaouite, un État druze, l’État de Damas et l’État d’Alep », tous deux sunnites.

« Les Druzes, avec les autres nationalistes syriens, ont pu empêcher alors la division de la Syrie » en lançant une révolte contre la puissance mandataire et le projet avait échoué au bout de quelques années », rappelle-t-il.

Mais il exprime l’espoir qu’une division de la Syrie, que la guerre civile a morcelée en zones d’influences, « pourra aujourd’hui être évitée ».

« Il faut soutenir Ahmed al-Sharaa », le nouveau dirigeant syrien, lance-t-il à l’adresse des dirigeants arabes.

Illustration : Le président par intérim de la Syrie, Ahmad al-Sharaa, assistant à une conférence de presse conjointe avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, au palais présidentiel d’Ankara, en Turquie, le 4 février 2025. (Crédit : Francisco Seco/AP)

Le chef druze a été le premier responsable libanais à se rendre en Syrie en décembre pour rencontrer son nouveau dirigeant, qui lui a assuré que son pays n’exercerait plus « une influence négative » sur le Liban voisin.

Sous le règne du clan Assad, le pouvoir syrien était accusé d’avoir déstabilisé le Liban et assassiné de très nombreux responsables libanais.

Parmi eux figure le père du chef druze, Kamal Joumblatt, fondateur du Parti socialiste progressiste (PSP), tué en 1977 pendant la guerre civile au cours de laquelle il s’était opposé à l’intervention de l’armée syrienne.

Interrogé sur l’arrestation du meurtrier de son père, un général de l’ex-armée syrienne, par les nouvelles autorités à Damas, il affirme qu’il ne compte pas demander son extradition.

Ibrahim Houweïja, ancien chef des renseignements de l’armée de l’air en Syrie, a été arrêté le 6 mars dans le nord-ouest de la Syrie.

« C’est un grand criminel, il a également commis des crimes à l’égard du peuple syrien et doit être jugé en Syrie », dit Walid Joumblatt.

Un officier de l’armée libanaise montrant au Premier ministre libanais Nawaf Salam une position militaire israélienne à l’horizon, dans le village de Khiam, au sud du pays, le 28 février 2025. (Crédit : Rabih Daher/AFP)

Figure incontournable de la politique libanaise depuis près de 45 ans, le chef druze affirme par ailleurs que les nouvelles autorités libanaises sont sous pression depuis la fin de la guerre meurtrière entre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, et Israël.

« Les Américains veulent que le Liban normalise ses relations avec Israël », dit-il, affirmant que Washington « ne fournira pas d’aide à l’armée libanaise » avant le désarmement du Hezbollah et cette normalisation.

Le Liban sort d’une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël, à laquelle un accord de trêve parrainé par Washington et Paris a mis fin le 27 novembre.

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