L’immeuble abritant l’Institut Cervantes à Paris, confisqué par la Gestapo, restitué aux nationalistes basques
L'immeuble, qui appartenait au Parti nationaliste basque avant d'être confisqué par les nazis en 1940 et dont la propriété avait été transférée au régime de Franco, sera restitué à ses propriétaires

Le Parlement espagnol a approuvé mercredi la restitution au Parti nationaliste basque (PNV) d’un hôtel particulier abritant la bibliothèque de l’Institut Cervantes à Paris, confisqué par la Gestapo en 1940 et objet d’un litige depuis plusieurs décennies.
Cette mesure, intégrée à un décret-loi comportant une série de mesures économiques et sociales, prévoit le transfert au PNV de « la propriété » de cet immeuble situé au 11 avenue Marceau, dans le très chic 16ème arrondissement de Paris, « en reconnaissance du lien historique de l’édifice avec ce parti ».
Cette restitution fait suite à l’approbation en 2022 par le gouvernement de gauche espagnol d’une « loi sur la mémoire démocratique » qui prévoyait notamment « la restitution des biens confisqués aux forces politiques pendant la dictature » du général Franco.
Cet immeuble de 1883, qui abrite la bibliothèque de l’Institut Cervantes, entité publique espagnole chargée de promouvoir la langue espagnole dans le monde, compte quatre niveaux et 1 000 m² de surface. Il faisait l’objet d’un litige depuis des décennies entre le PNV et l’État espagnol.
Acquis par des particuliers proches du PNV en 1936, cet édifice était devenu en 1937 – soit en pleine guerre civile espagnole (1936-1939) – le siège du gouvernement régional basque en exil.
Dans la France occupée par les nazis, qui ont soutenu Franco pendant la guerre civile, la Gestapo avait confisqué l’édifice et transféré sa propriété à l’Espagne franquiste – une décision entérinée par la justice française en 1943, mais contestée depuis lors par le PNV.
Le PNV est l’un des partis régionalistes qui soutiennent au Parlement le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, à l’origine de ce décret-loi – dont l’adoption avait été rejetée lors d’un premier vote le 23 janvier au Congrès des députés.
Malgré la restitution de l’immeuble au PNV, le texte adopté mercredi stipule que l’Institut Cervantes « pourra continuer à occuper le bâtiment jusqu’au 31 décembre 2030, en versant à partir du 1er janvier 2025 un loyer au prix du marché ».