L’Iran impute l’offensive des rebelles syriens à Israël et aux Etats-Unis
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi a dénoncé la plus importante offensive rebelle depuis mars 2020 comme un « plan américano-sioniste résultant de la défaite du régime sioniste »
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a dénoncé vendredi les récentes attaques menées par des groupes rebelles en Syrie, qualifiant celles-ci de « plan américano-sioniste résultant de la défaite du régime sioniste au Liban et en Palestine », selon les médias d’État iraniens.
Téhéran a également réaffirmé son ferme soutien à son allié la Syrie, où des jihadistes mènent une vaste offensive dans le nord-ouest du pays, selon un communiqué de la diplomatie iranienne.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi « a souligné le soutien continu de l’Iran au gouvernement, à la nation et à l’armée de la Syrie dans leur lutte contre le terrorisme », lors d’un appel téléphonique avec son homologue syrien, Bassam al-Sabbagh.
En début de semaine, des opposants au régime syrien ont lancé une offensive contre des zones contrôlées par les forces gouvernementales, le jour où un cessez-le-feu a été conclu entre le groupe terroriste chiite libanais Hezbollah, allié de la Syrie, et Israël.
Il s’agit de la plus importante offensive rebelle depuis mars 2020, lorsque la Russie, soutien du président syrien Bashar El-Assad, et la Turquie, qui appuie les rebelles, avaient signé un cessez-le-feu. Cet accord avait mis fin à des années de combats qui avaient conduit des millions de Syriens opposés au régime d’Assad à fuir le pays.
Offensive fulgurante des jihadistes dans le nord de la Syrie, plus de 255 morts
Les jihadistes et leurs alliés, qui ont lancé une offensive fulgurante contre le régime dans le nord-ouest de la Syrie ayant fait plus de 255 morts, sont arrivés vendredi aux portes d’Alep, la deuxième ville du pays, selon une ONG.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état d’une cinquantaine de localités conquises par les jihadistes depuis mercredi.
Un responsable de la sécurité a indiqué que l’armée syrienne avait « envoyé des renforts » à Alep et assuré que les assaillants « ne sont pas parvenus aux limites de la cité ».
Selon l’OSDH, le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des formations alliées, certaines proches de la Turquie, sont parvenus vendredi matin aux portes de la ville.
Pendant la guerre civile qui a éclaté en 2011, les forces du régime, soutenues par l’aviation russe, avaient repris en 2016 la partie est d’Alep, la grande ville du nord de la Syrie, aux mains des insurgés à la faveur de bombardements dévastateurs.
L’OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, a fait état de 24 civils tués au total, dont 19 dans des frappes de l’aviation russe sur les zones rebelles.
Un correspondant de l’AFP se trouvant du côté des rebelles a fait état d’intenses combats aux environs d’Alep.
Il a indiqué avoir vu les assaillants dans une localité à sept kilomètres d’Alep, avançant avec des blindés. Les combattants ont affirmé recevoir des ordres d’une chambre d’opérations commune.
« Panique »
Les combattants ont bombardé Alep pour la première fois depuis quatre ans, visant la cité universitaire où quatre civils ont été tués, selon l’agence officielle Sana.
« Des obus d’artillerie ont visé une résidence universitaire », « provoquant la panique », a indiqué l’OSDH.
« Il est étrange de voir les forces du régime recevoir de tels coups malgré la couverture aérienne russe (…) Les forces du régime étaient-elles dépendantes du Hezbollah, qui est actuellement occupé au Liban ? », s’est demandé Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH, en référence à la guerre entre Israël et le mouvement libanais, allié de Damas, qui a pris fin cette semaine.
Un général des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, a été tué jeudi dans les combats, a rapporté une agence de presse iranienne.
L’Iran est un autre allié indéfectible de la Syrie, un pays dans lequel Téhéran s’est engagé militairement avec l’envoi de conseillers, à la demande des autorités locales, pour soutenir le président Assad durant la guerre civile.
A la faveur de cette guerre, HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, avait pris le contrôle de pans entiers de la province d’Idleb, mais aussi des territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié.
Selon l’OSDH, les combats ont atteint vendredi la ville stratégique de Saraqeb, tenue par le régime et située au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes.
Exode
L’aviation russe a intensifié ses frappes aériennes, selon cette source. Le Kremlin a appelé vendredi les autorités syriennes à « mettre de l’ordre au plus vite » à Alep.
Dans une conférence de presse, le chef du « gouvernement » autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a justifié jeudi l’offensive en disant que le régime avait « commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils ».
Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a indiqué que « plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont été déplacées » par les violences.
Le nord de la Syrie bénéficiait ces dernières années d’un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020.
La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière.
Le régime syrien a repris en 2015 le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens. La guerre civile en Syrie a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.