L’opposition fustige la hausse du budget pour le ministère des Implantations
Avoda et Yesh Atid disent que ce budget quadruplé vient au détriment des efforts de guerre et sociaux ; Smotrich, au Trésor, évoque les besoins de sécurité des implantations
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Les partis d’opposition ont critiqué avec indignation, lundi, l’augmentation drastique du budget du ministère des Implantations et des Projets nationaux, une hausse incluse dans les amendements apportés au budget 2023 qui sont actuellement avancés devant le Parlement.
La députée d’Avoda Naama Lazimi s’est opposée avec férocité au versement de ces fonds additionnels au ministère, disant qu’il pénalisait les indemnisations à destination des personnes évacuées du nord du pays et de la région du Neguev, à proximité de la frontière avec la bande de Gaza. Le chef de Yesh Atid, pour sa part, a indiqué que le budget tout entier était « politique et empreint de corruption. »
La ministre des Implantations, Orit Strouk, a pour sa part rejeté ses critiques, déclarant que le budget revu à la hausse servirait à répondre aux besoins sécuritaires des implantations.
Le budget 2023 est actuellement amendé par la Knesset pour couvrir les coûts de la guerre à Gaza, les besoins des évacués et l’impact économique de la campagne militaire en cours. 30 milliards de shekels supplémentaires sont venus s’ajouter au budget qui avait été approuvé au mois de mai.
Lorsque les amendements ont été présentés pour la première fois, la semaine dernière, l’enveloppe à destination du ministère des Implantations était passée d’environ 133 millions de shekels – c’était la somme prévue à l’origine – à 133 millions de shekels.
Mais quand de nouveaux documents ont été présentés lundi à la Commission des Finances de la Knesset, de nouvelles augmentations sont apparues avec un budget dorénavant à hauteur de 543 millions de shekels.
Lazimi a souligné, pendant les délibérations de la Commission, qu’il y avait toujours des retards dans la finalisation des amendements budgétaires. Elle a accusé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich d’exploiter ces retards pour apporter des hausses de financement au ministère des Implantations, qui entretient un lien fort avec l’électorat de HaTzionout HaDatit.
« A quoi ont servi ces retards ? Pas à améliorer les allocations sociales des soldats réservistes mais à améliorer encore l’enveloppe du ministère des Implantations, avec un budget remis à jour de 543 millions de shekels, des milliers de fonds sectoriels pour le ministre des Finances, pas pour les évacués », a dit Lazimi.
Lapid a, lui aussi, dénoncé ces amendements pendant son discours devant la Commission, évoquant « une distribution du butin » parmi les partis politique de la coalition et « un budget politique » et « empreint de corruption » qui va nous amener au fond du gouffre au cours d’une guerre qui a suivi la plus épouvantable catastrophe de toute l’Histoire du pays ».
Lapid a fait remarquer que des unités de l’armée faisaient actuellement appel aux dons pour pouvoir acheter des gilets pare-balle et autres équipements militaires et que l’affectation des fonds à des fins politiques étaient injustifiables dans de telles circonstances.
« L’argent ne pousse pas sur les arbres ; l’État prend de l’argent dont il ne dispose pas, il paie des intérêts dessus puis il le gaspille à des fins de politique politicienne, pour tout ce qui pourra aider le Premier ministre à rester au pouvoir un petit peu plus longtemps », a ajouté Lapid.
Strouk a riposté à Lazimi sur X, anciennement Twitter, en insistant sur le fait que cette hausse était entraînée par les besoins des implantations en matière de sécurité au vu de la situation actuelle.
« Vous devriez avoir honte, Naama. Est-ce que la sécurité des familles des soldats tombés au combat dont les funérailles ont lieu en ce moment, est-ce que la sécurité des blessés, de ceux qui sont hospitalisés et de ceux qui se battent actuellement à Gaza pour nous tous – est-ce que leur sécurité est sectorielle ? », a interrogé Strock, qui est membre de HaTzionout HaDatit.
« Seulement parce qu’ils vivent en Judée-Samarie [Cisjordanie], ne méritent-ils pas une augmentation budgétaire pour leurs besoins sécuritaires – c’est pour ça que ce budget a été ajouté et vous le savez, » a-t-elle ajouté.
Le député Vladimir Bialik, de Yesh Atid, a demandé pourquoi ces fonds n’étaient pas versés par le biais du ministère de la Défense si, en effet, ils étaient alloués pour des raisons de sécurité. Il a déclaré qu’il examinerait le sujet avec minutie mardi, quand les éléments pertinents de l’enveloppe seraient débattus au sein de la Commission des Finances.
Smotrich, qui est aussi ministre subalterne au sein du ministère de la Défense, a défendu cette augmentation, estimant que les critiques à son encontre entraient dans le cadre « d’une campagne immonde lancée à l’encontre des implantations » de Cisjordanie.
« Recueillez-vous pour ces dizaines de mères et d’épouses de ces soldats, morts au combat, qui résidaient dans les implantations et qui sont morts pour protéger les résidents de la région frontalière de Gaza et pour protéger l’État d’Israël », a déclaré Smotrich pendant la réunion de faction de son parti, faisant référence au nombre élevé de soldats et d’officiers appartenant au mouvement nationaliste religieux.
« Le prix terrible, énorme, que les implantations paient actuellement en nombre de victimes militaires sacrifiées est incommensurablement plus élevé proportionnellement qu’il ne l’est dans la population, et vous lancez des incitations à la haine à leur encontre ? Vous mettez en doute leur demande de pouvoir bénéficier d’une protection fondamentale contre l’ennemi arabe ? », s’est indigné le ministre des Finances.
De nouvelles audiences de la Commission des Finances de la Knesset auront lieu mardi. Les amendements qui seront au cœur de la discussion devraient être présentés en séance plénière au parlement pour leurs deux dernières lectures dans la journée de mercredi.