L’otage Samar Talalka, tué par erreur par Tsahal, inhumé en l’absence des autorités
Pour ses parents, qui regrettent la mort inutile de leur fils, pris en otage par des terroristes à son travail, au kibboutz Nir Am, le 7 octobre, Israël et le Hamas sont responsables
Samar Fouad Talalka, qui avait été pris en otage par des terroristes du Hamas le 7 octobre dernier et retenu captif pendant 70 jours avant d’être tué par erreur par les soldats de Tsahal vendredi, a été inhumé samedi dans un cimetière des environs de sa ville natale, dans le sud d’Israël, en l’absence de représentants du gouvernement ou de l’armée.
Talalka a été abattu vendredi en même temps que deux autres otages, Yotam Haïm et Alon Lulu Shamriz, après s’être échappés et dirigés vers des soldats israéliens, torses nus et en agitant un drapeau blanc.
Pas moins de 1 500 personnes ont assisté à ses funérailles, mais les médias israéliens ont souligné qu’aucun représentant du gouvernement ou de l’armée n’était présent.
Originaire de la ville bédouine de Hura, Talalka avait été enlevé le 7 octobre dernier à Nir Am, où il travaillait le week-end dans l’écloserie du kibboutz.
Son père, Lutfi al-Talalka, a déclaré au quotidien Haaretz qu’il tenait Israël et le Hamas responsables de la mort de son fils.
« Nous disons que l’armée doit faire en sorte de libérer les otages immédiatement et tirer les enseignements de ce qui s’est passé », a-t-il déclaré. « Samar aurait dû nous revenir. »
S’adressant au journal, un membre de sa famille, identifié sous le nom d’Amer, a déclaré : « Il aurait pu revenir vivant. Je suis sûr qu’ils ne l’ont pas tué sciemment, mais ils auraient dû faire preuve d’un meilleur jugement… Il n’a pas été assassiné lors du massacre du 7 octobre : il a survécu pendant 70 jours, dans des conditions qui n’ont pas dû être faciles. Je suis sûr qu’il voulait rentrer chez lui. »
Exprimant un sentiment similaire au média hébreu Ynet, le père de Samar a déclaré : « Je suis dévasté qu’il soit revenu sans vie. Nous étions impatients qu’il réalise tous ses rêves. Je suis brisé par sa mort », a-t-il déclaré.
« Nous sommes restés assis pendant des jours, remplis de peur : nous étions impatients d’entendre à nouveau sa voix, jusqu’au jour où nous avons été informés qu’il avait été tué. »
Ishak Salalka, l’oncle de Samar, a déclaré à Ynet qu’ils avaient reçu des informations sur son état de santé de la part d’un ressortissant thaïlandais remis en liberté lors de la trêve, fin novembre, et qu’ils avaient bon espoir de le revoir sain et sauf.
« Nous savions qu’il était sain et sauf grâce aux informations de l’otage thaïlandais libéré, qui était détenu dans la même pièce que lui », a déclaré Ishak. « Il nous a dit que Samar l’avait aidé et qu’il avait traduit des choses pour lui. »
Interrogé sur les personnes qui, selon lui, sont responsables de la mort de son neveu, Ishak a déclaré qu’il n’était « pas intéressé par les enquêtes, ni sur le point de savoir qui est coupable ou non. Samar a été enterré, il est monté au ciel : tous les discours du monde ne le ramèneront pas. »
« Notre message est que nous espérons que les enfants de toutes les familles reviendront vivants et que cette erreur ne se reproduira plus. Il n’y a pas de vainqueurs dans une guerre, il n’y a que des morts et de la douleur. »
La mort accidentelle des trois otages a ravivé les appels en Israël en faveur d’un deuxième accord sur les otages.
On estime à 128 le nombre d’otages encore détenus à Gaza – pas tous vivants – depuis la libération de 105 civils à la faveur d’une trêve d’une semaine, fin novembre. Quatre otages avaient été libérés avant cela, et un, secouru par les soldats.
Les corps de huit otages ont également été retrouvés, ainsi que les corps des trois otages tués par erreur par l’armée. L’armée israélienne a confirmé la mort de 21 otages du Hamas, citant de nouveaux renseignements recueillis par les soldats déployés à Gaza.
Les trois otages sont morts le 70e jour de la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza, déclenchée par l’attaque du 7 octobre au cours de laquelle des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont tué plus de 1 200 personnes et fait 240 otages dans le sud d’Israël.
Au total, ce sont 21 membres des communautés bédouines d’Israël qui ont été tués le 7 octobre et six, pris en otage, comme Talalka.
Quatre membres de la grande famille bédouine Ziyadne, de Rahat, figurent sur la liste des personnes kidnappées le 7 octobre. Les deux adolescents, Bilal et Aisha, ont été libérés dans le cadre de l’accord, mais leur père Youssef et leur frère aîné Hamza sont encore aux mains du Hamas.