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L’UE va renforcer son soutien financier à l’Autorité palestinienne

Un conseiller d'Abbas invite Marco Rubio à Ramallah pour vérifier que le système controversé de paiement aux familles de terroristes incarcérés n'est plus en place dès le 1ᵉʳ juin

Le dirigeant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'exprimant lors d'une conférence au siège de la Ligue arabe, au Caire, en Égypte, le 12 février 2023. (Crédit : Amr Nabil/AP)
Le dirigeant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s'exprimant lors d'une conférence au siège de la Ligue arabe, au Caire, en Égypte, le 12 février 2023. (Crédit : Amr Nabil/AP)

L’Union européenne (UE) augmentera son soutien financier à l’Autorité palestinienne (AP) à hauteur de près de 1,6 milliard d’euros sur trois ans, a déclaré à Reuters Dubravka Šuica, la commissaire européenne chargée de la Méditerranée.

Ce soutien sera conditionné à la mise en œuvre de réformes au sein de l’AP, largement accusée de corruption et de mauvaise gouvernance.

« Nous voulons qu’ils se réforment ; sans quoi ils ne seront pas assez forts et crédibles pour être des interlocuteurs valables, non seulement pour nous, mais aussi pour Israël », a déclaré Suica.

Suica a indiqué que 620 millions d’euros seraient consacrés au soutien financier et à la réforme de l’AP, 576 millions d’euros à la « résilience et au redressement » de la Cisjordanie et de Gaza, et 400 millions d’euros proviendraient de prêts de la Banque européenne d’investissement, sous réserve de l’approbation de son organe directeur.

Elle a précisé que le soutien moyen de l’UE à l’AP s’élevait à environ 400 millions d’euros au cours des douze dernières années.

« Nous investissons maintenant de manière crédible dans l’Autorité palestinienne », a-t-elle assuré.

Les déclarations de la commissaire ont précédé un premier « dialogue politique de haut niveau » entre les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) et de hauts responsables palestiniens, dont le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Mustafa, qui s’est tenu au Luxembourg lundi.

Les finances de l’AP sont en désordre depuis des années, les États donateurs ayant réduit les fonds qui couvraient autrefois près d’un tiers de son budget annuel de 6 milliards de dollars. Ils exigent désormais des réformes pour lutter contre la corruption et le gaspillage, et la situation n’a fait qu’empirer depuis que des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont attaqué Israël le 7 octobre, tuant plus de 1 200 personnes, enlevant 251 personnes et déclenchant la guerre à Gaza.

L’UE est le plus grand donateur de l’AP, s’engageant à verser 400 millions d’euros en 2024, et les responsables européens espèrent que l’AP pourra également un jour prendre la responsabilité de Gaza après la fin de la guerre menée par Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Basée en Cisjordanie et dominée par le parti laïc Fatah de Mahmoud Abbas, l’Autorité palestinienne a été sauvagement évincée de Gaza en 2007 par le Hamas, après un coup d’État sanglant. Des sources proches du groupe terroriste au pouvoir à Gaza ont déclaré à l’AFP qu’ils étaient prêts à confier les affaires civiles de l’enclave à une entité palestinienne.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le président américain Donald Trump à l’hôtel Palace lors de la 72ᵉ assemblée générale des Nations Unies le 20 septembre 2017, à New York. (AFP/Brendan Smialowski)

Dans le même temps, un haut conseiller du président de l’AP, Mahmoud Abbas, a adressé une lettre au secrétaire d’État américain Marco Rubio, invitant l’administration Trump à envoyer une délégation à Ramallah après le 1er juin afin de certifier que le nouveau système d’aide sociale est bien en place.

Cette initiative intervient alors que les États-Unis ont exprimé leur scepticisme quant à la fin réelle du système controversé d’allocations versées aux prisonniers palestiniens en fonction de la durée de leur peine dans les prisons israéliennes — un dispositif perçu à Washington comme une claire incitation au terrorisme.

La lettre envoyée mercredi par Hussein al-Sheikh, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP et proche conseiller d’Abbas, fait état d’un décret signé par le président de l’AP en février. Ce texte abroge l’ancienne loi et stipule que les allocations seront désormais fondées uniquement sur les besoins financiers des bénéficiaires.

Sheikh a affirmé que l’AP s’engageait pleinement à appliquer cette réforme, et qu’elle accueillerait favorablement une délégation américaine chargée de vérifier, à partir du 1er juin, la mise en œuvre du nouveau système.

Bien que cette date intervienne près de quatre mois après la signature du décret, les autorités palestiniennes soulignent qu’un délai est nécessaire pour réévaluer les dossiers sur la base de nouveaux critères très stricts, et pour permettre aux familles de soumettre une nouvelle demande.

« Cette invitation constitue une étape importante. Elle démontre notre sérieux ; nous n’aurions pas sollicité une délégation américaine si nous n’étions pas sûrs que leurs exigences seront remplies », a déclaré un responsable de l’AP au Times of Israel.

Le secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, Hussein al-Sheikh, lors d’une réunion à Amman, en Jordanie, le 4 novembre 2023. (Crédit : Jonathan Ernst/AP)

Interrogé à ce sujet, un porte-parole du département d’État a déclaré que « nous ne commentons pas la correspondance diplomatique ».

Il a ajouté que « cette pratique odieuse de compensation, qui accorde des avantages et des paiements en soutien au terrorisme, doit cesser immédiatement. Nous voulons des actes, pas des paroles », reprenant ainsi une déclaration déjà transmise au Times of Israel le mois dernier.

Le décret signé par Abbas vise à mettre l’AP en conformité avec le Taylor Force Act, adoptée par le Congrès américain en 2018, qui interdit toute aide économique directe à l’AP tant que certaines conditions ne sont pas remplies.

Pour que l’aide américaine puisse reprendre, le secrétaire d’État doit certifier que (1) le décret fondant les versements sur la durée de détention a été abrogé ; (2) les paiements concernés ont effectivement cessé ; (3) l’AP prend des mesures concrètes contre le terrorisme en Cisjordanie ; et (4) l’AP condamne publiquement le terrorisme.

Selon un responsable de l’AP, la première condition a été remplie. Une délégation américaine jugera sur place si la seconde l’est également après le 1er juin.

Concernant la lutte contre le terrorisme, Ramallah a cité la coordination sécuritaire en cours avec Israël et les actions menées contre des groupes armés dans le nord de la Cisjordanie.

Quant à la condamnation du terrorisme, l’AP a souligné ses récentes déclarations publiques dénonçant le Hamas.

Une lettre de certification signée par Rubio sera requise pour considérer l’AP comme conforme à la loi Taylor Force. Cette certification devra ensuite être renouvelée tous les 180 jours.

Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, s’adressant à la presse lors d’une escale de ravitaillement, à l’aéroport de Shannon, en Irlande, le 12 mars 2025. (Crédit : Saul Loeb/Pool Photo via AP)

La pratique consistant à verser des allocations aux personnes reconnues coupables d’attentats, ainsi qu’aux familles de celles tuées en les perpétrant, a été vivement critiquée par ceux qui y voient une incitation au terrorisme. Israël la présente comme le symbole de la corruption de l’AP et de son incapacité à être un partenaire crédible pour la paix.

Les dirigeants palestiniens défendent depuis longtemps ces versements, les qualifiant d’aide sociale indispensable et de compensation légitime pour les victimes de ce qu’ils appellent « le système judiciaire militaire impitoyable imposé par Israël en Cisjordanie ».

Si le département d’État américain avait initialement salué le décret signé par Abbas le 10 février comme une « grande victoire pour l’administration », son ton s’est depuis durci à l’égard de l’AP.

Selon deux sources palestiniennes directement informées du dossier, des paiements mensuels ont été versés à deux reprises depuis la signature du décret : aux familles de prisonniers de sécurité, ainsi qu’à celles de blessés ou de personnes tuées lors d’attaques. Ces versements, précisent-elles, concernaient des mois antérieurs à la signature du texte.

En raison du gel par Israël de plusieurs centaines de millions de dollars de recettes fiscales, les ressources de Ramallah sont limitées. L’AP n’a pu transférer les allocations sociales dues pour le mois de décembre qu’en février, tandis que les versements pour janvier n’ont été effectués qu’au début de ce mois.

Il faudra donc probablement encore un à deux mois avant que le nouveau système d’allocations n’entre pleinement en vigueur, a indiqué le responsable palestinien.

Selon lui, le changement de ton de l’administration américaine à l’égard de la réforme engagée par l’AP s’expliquerait par des attentes initiales d’une mise en œuvre plus rapide.

« Nous avons toujours l’intention de respecter le décret signé », a-t-il affirmé.

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