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« L’ultra-orthodoxie est un problème pour tous », selon l’auteure de « Unorthodox »

Les traductions de son livre se multiplient depuis le succès mondial au printemps de son adaptation en série par Netflix

Deborah Feldman en 2016. (Crédit : Don Manfredo / CC BY-SA 4.0)
Deborah Feldman en 2016. (Crédit : Don Manfredo / CC BY-SA 4.0)

Deborah Feldman a écrit « Unorthodox » pour pouvoir fuir sa communauté juive orthodoxe new-yorkaise : une autobiographie adaptée en série par Netflix qui va être publiée en juillet en français et dont l’auteure espère qu’elle permettra de lancer un « débat » sur l’ultra-orthodoxie religieuse.

« L’ultra-orthodoxie est un problème pour tous », au-delà du judaïsme, a insisté l’auteure américano-allemande dans un entretien accordé à plusieurs médias dont l’AFP alors que son livre sort jeudi en espagnol et sera publié en français le 26 juillet en format numérique aux éditions HLAB.

Les traductions du livre « Unorthodox », publié en anglais en 2012, se multiplient depuis le succès mondial au printemps de son adaptation en série par la plateforme vidéo Netflix, tournée en anglais et yiddish, la langue traditionnelle des Juifs d’Europe orientale.

L’écrivaine de 33 ans y raconte comment et pourquoi elle a mis fin à son mariage arrangé et quitté en 2009 la communauté juive ultra-orthodoxe des Satmar au sein du quartier new-yorkais de Williamsburg à Brooklyn.

Le mariage de Yanky (Amit Rahav) et d’Esty (Shira Haas) dans « Unorthodox », une série Netflix. (Crédit : Anika Molnar/Netflix)

« Ils me traitaient comme si je n’étais pas l’une des leurs », raconte Deborah Feldman, montrée du doigt dans sa communauté pour être la fille d’une mère lesbienne et d’un père souffrant d’un handicap mental.

Suivant les conseils de son avocate, elle écrit « Unorthodox », publié quelques semaines avant la décision de justice autorisant son divorce en 2012, afin de faire du bruit autour de son histoire et réussir là où d’autres avaient échoué avant elle et avaient fini parfois par se suicider.

Deborah Feldman explique comment « Unorthodox » a été écrit très vite, « avec la pression de savoir que c’était le seul moyen d’obtenir ma liberté et de garantir ma survie et celle de mon fils », Yitzhak, dont elle tentait alors d’obtenir la garde et avec qui elle vit à Berlin depuis 2014.

Le livre a connu un grand succès en librairie et s’est attiré les foudres des Juifs hassidiques new-yorkais, dont certains l’ont accusée d’antisémitisme.

« J’ai franchi la ligne rouge pour ma communauté (…), je suis devenue une sorte d’Hitler », se souvient l’auteure qui, très jeune, passait des heures à lire en cachette des livres en anglais.

« Être une femme écrivant une histoire vraie sur le départ d’une communauté est déjà offensant, inédit et plein de ‘chutzpah' », terme hébreu désignant l’audace, explique-t-elle.

Shira Haas dans ‘Unorthodox’ de Netflix. (Crédit : Anika Molnar/Netflix)

« La communauté juive doit affronter ce débat »

En réfléchissant aux persécutions historiques contre les Juifs et à la Shoah, Deborah Feldman en est venue à la conclusion que « le judaïsme a toujours considéré qu’il était trop vulnérable pour avoir des débats sur l’injustice et la discrimination au sein de sa propre communauté ».

Mais « la communauté juive doit affronter ce débat » sur l’impact du fondamentalisme religieux sur les individus, insiste-t-elle.

Au-delà du judaïsme, la vulnérabilité des femmes et des enfants est aussi « un enjeu au sein de l’islam et dans certaines sectes chrétiennes évangéliques », ajoute-t-elle.

Son livre se penche aussi sur le coût de cette émancipation et de la reconstruction de son identité quand « la communauté a toujours défini qui vous êtes ».

Lorsque vous abandonnez votre famille, vos rituels, vos croyances, « vous n’êtes plus une personne », estime l’écrivaine, qui se souvient avoir vécu « au bord du précipice » durant les premières années après son départ, tant sur le plan financier que psychologique.

Mais Deborah Feldman raconte avoir trouvé dans son fils une source d’inspiration qui lui a sauvé la vie. « Je dois à mon fils le fait d’avoir survécu à cette période de ma vie. »

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