Lyon : un jeune condamné à 10 mois de prison avec sursis pour des propos sur Kfir Bibas
Interpellé sur le fait de savoir s'il avait été motivé par des opinions antisémites, le jeune homme a affirmé ne pas avoir « d’avis particulier sur les Juifs »

Un étudiant en alternance a été condamné mardi 20 mai par le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir publié sur Facebook une « blague pas drôle » sur l’ex-otage Kfir Bibas, assassiné « à mains nues » par les terroristes palestiniens du Hamas en captivité alors qu’il n’était âgé que de 9 mois, a révélé le journal local actuLyon.
Le 20 février 2025, la Licra avait signalé un commentaire laissé par le prévenu sur son compte personnel dans lequel il écrivait : « Quelle est la différence entre Kfir et une pizza ? Le temps de cuisson ».
Le jeune homme de 25 ans avait été placé en garde à vue quelques jours plus tard, avant d’être remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès.
Devant les juges, il a tenté d’expliquer avoir voulu « reprendre une blague connue », utilisée généralement en référence à la Shoah et aux fours crématoires des camps d’extermination nazis. « C’est ‘Quelle est la différence entre un Juif et une pizza ? Le temps de cuisson’ », a-t-il précisé. « J’ai juste remplacé ‘Juif’ par le prénom de cet enfant, sans savoir qui c’était. »
Une explication que la présidente de la cour a eu du mal à croire. « Il y a des milliers de prénoms dans le monde, le calendrier en est plein, et vous choisissez celui-ci ! Vous n’avez pas compris que le sujet était grave ? Avec ce contexte géopolitique, cette guerre, ses victimes et ses otages ? », a-t-elle répondu.
Interpellé sur le fait de savoir s’il avait été motivé par des opinions antisémites, le jeune homme a affirmé ne pas avoir « d’avis particulier sur les Juifs ». Et d’ajouter : « Quand j’ai écrit, j’ai pas réfléchi ».

Pourtant, son grand-père a indiqué aux policiers qu’il « n’aime pas les Juifs, je ne sais pas pourquoi ». Qualifiant son petit-fils « d’un peu écervelé », il ajoute que celui-ci aurait « déjà eu des propos antisémites ». De son aveu-même, le jeune homme s’informait via des « médias alternatifs » et avait lu l’antisémite Alain Soral.
Et alors-même qu’il avait affirmé ne pas savoir qui était Kfir Bibas, le prévenu avait déclaré aux policiers lors de sa garde à vue qu’il était « ému par le nombre de morts palestiniens » dans la guerre en cours à Gaza, preuve qu’il suivait l’actualité au Proche-Orient.
Après la médiatisation de l’affaire, le jeune homme s’est fait « licencier sur-le-champ » de l’entreprise de construction qui l’avait accepté en alternance. Une décision qu’il juge être dû au fait que l’entreprise avait « succombé à la pression médiatique des réseaux ».
« J’ai quand même honte d’avoir écrit une chose comme ça », a-t-il assuré.
De son côté, Me Bertrand Sayn, l’avocat de la Licra, a rappelé que « ce n’est pas parce qu’on est derrière un écran qu’on peut tout dire ».
Me Adrien Bertomeu, l’avocat du Conseil représentatif des institutions juives de France, également partie civile au procès, a estimé que cette « phrase soi-disant humoristique » était surtout « une blague pas drôle » qui « n’a fait rire personne ».
À l’issue du procès, le jeune homme a été condamné à dix mois de prison avec sursis, ainsi qu’à une peine d’inéligibilité de trois ans pour « provocation publique à la haine ». Il a toutefois été relaxé pour « apologie publique d’un acte de terrorisme ».