Microsoft : notre technologie d’IA n’a pas été utilisée par Tsahal pour cibler les Gazaouis
Le géant de la tech affirme qu'après un examen approfondi, en réponse aux protestations de travailleurs, il n'a trouvé aucune preuve que ses outils Azure et d'IA aient été utilisés
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Le géant américain de la technologie Microsoft a démenti les affirmations selon lesquelles ses technologies d’intelligence artificielle (IA) et sa plateforme de cloud computing qu’il fournit à l’armée israélienne ont été utilisées pour cibler des personnes à Gaza dans le cadre de la guerre en cours avec le groupe terroriste Hamas
Dans un billet de blog publié la semaine dernière, Microsoft a reconnu qu’il fournissait au ministère israélien de la Défense « des logiciels, des services professionnels, des services de cloud Azure et des services d’intelligence artificielle Azure, y compris la traduction linguistique », et qu’il avait contribué aux efforts visant à localiser et à sauver des otages israéliens.
Contrant les critiques croissantes, le géant de la technologie a révélé qu’après des examens internes et externes, y compris des entretiens avec des dizaines d’employés, il « n’a trouvé aucune preuve que ses technologies Azure et d’IAde Microsoft, ou tout autre de nos logiciels, aient été utilisées pour nuire à des personnes ou que le ministère israélien de la Défense n’a pas respecté nos conditions de service ou notre code de conduite en matière d’IA. »
Microsoft a toutefois reconnu qu’elle ne savait pas exactement comment ses programmes étaient utilisés.
« Il est important de reconnaître que Microsoft n’a pas de visibilité sur la façon dont les clients utilisent nos logiciels sur leurs propres serveurs ou autres appareils », a déclaré Microsoft. » Nous n’avons pas non plus de visibilité sur les opérations en cloud du ministère israélien de la Défense , qui sont soutenues par des contrats avec des fournisseurs de cloud autres que Microsoft ».
Cette reconnaissance officielle est intervenue en réponse à un groupe d’employés qui continuent de protester publiquement contre les contrats de Microsoft qui fournissent des services d’intelligence artificielle et d’informatique en nuage à l’armée israélienne.
En avril, Microsoft a licencié deux employés qui avaient interrompu les propos de Mustafa Suleyman, PDG de Microsoft AI, lors de la célébration du 50e anniversaire de l’entreprise, accusant le géant technologique de vendre des « armes d’IA à l’armée israélienne ».
Depuis des mois, un groupe de travailleurs soulève des inquiétudes au sein de l’entreprise, en évoquant un « génocide » mené par Israël contre le Hamas tout en accusant Microsoft de complicité. Israël a vigoureusement démenti toutes les accusations de génocide.

« Nous avons entendu les préoccupations de nos employés et du public concernant les informations des médias sur les technologies de Microsoft Azure et AI utilisées par l’armée israélienne pour cibler des civils ou causer des dommages dans le conflit à Gaza », a déclaré Microsoft. « Nous prenons ces préoccupations au sérieux.
Les protestations des travailleurs font suite à une enquête de l’Associated Press, qui a affirmé plus tôt cette année que des modèles d’intelligence artificielle de Microsoft et d’OpenAI avaient été utilisés dans le cadre d’un programme militaire israélien pour sélectionner des cibles de bombardement au cours de la guerre sur plusieurs fronts contre des groupes terroristes à Gaza et au Liban.
L’enquête de l’AP a cité des détails exclusifs tirés de données et de documents internes de l’entreprise, notamment que l’utilisation présumée de modèles d’IA par l’armée israélienne via Azure a été multipliée par près de 200 après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 – au cours de laquelle des milliers de terroristes ont tué quelque 1 200 personnes et pris 251 otages – ce qui a déclenché la guerre. Le rapport affirme que Tsahal utilise Azure pour transcrire, traduire et traiter les renseignements recueillis par le biais de la surveillance de masse.
« Il convient de noter que les armées utilisent généralement leurs propres logiciels propriétaires ou des applications de fournisseurs liés à la défense pour les types de surveillance et d’opérations qui ont fait l’objet des questions de nos employés », a déclaré le géant de la technologie. « Microsoft n’a pas créé ou fourni de tels logiciels ou solutions au ministère israélien de la Défense.
Microsoft a souligné qu’au-delà de « la relation commerciale avec le ministère israélien de la Défense, [elle] a fourni un soutien d’urgence limité au gouvernement israélien dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre 2023, pour aider à sauver des otages ».
« Nous pensons que l’entreprise a suivi ses principes de manière réfléchie et prudente, pour aider à sauver la vie des otages tout en respectant la vie privée et les autres droits des civils à Gaza », a déclaré l’entreprise technologique.

Microsoft exploite actuellement des centres de développement à Haïfa, Tel Aviv et Nazareth, la plupart de ses 3 000 employés travaillant sur des projets incluant la cybersécurité, les technologies d’IA, le big data et les soins de santé, ainsi que les ventes et le marketing.
La société a ouvert une succursale locale en Israël en 1989, et a établi son premier centre de R&D en Israël, son premier en dehors des États-Unis, en 1991.
« Microsoft défend depuis longtemps la cybersécurité de l’État d’Israël et de ses habitants », a déclaré l’entreprise technologique. « Nous partageons la profonde inquiétude suscitée par la perte de vies civiles en Israël et à Gaza et nous avons soutenu l’aide humanitaire dans ces deux endroits.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.