Mont du Temple : Netanyahu interdit les visites juives jusqu’à la fin du ramadan
Le bureau du Premier ministre a salué une décision prise à l'unanimité par les chefs de la sécurité ; Itamar Ben Gvir critique "une erreur" qui enflammera les tensions
Les visiteurs juifs n’auront plus le droit dès mercredi de se rendre sur le mont du Temple, une interdiction qui durera dix jours, jusqu’à la fin du ramadan, a annoncé le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, mardi. Le chef du gouvernement avait organisé une série de consultations sécuritaires sur le sujet dans un contexte de violences liées aux tensions vives dans le lieu saint.
Si cette décision est conforme à la politique israélienne de longue date dont l’objectif est de limiter les frictions pendant cette période de fête, les rumeurs laissaient croire que les choses pourraient changer, cette année, alors que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, voulait continuer à permettre aux Juifs d’aller sur le mont du Temple jusqu’à la fin du mois du ramadan et particulièrement mercredi, qui est le dernier jour de Pessah.
Le communiqué qui a été émis par le bureau de Netanyahu, mardi, a indiqué que la décision prise de fermer le mont du Temple aux visiteurs juifs avait été recommandée à l’unanimité par le ministre de la Défense Yoav Gallant, le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, le responsable du Shin Bet, Ronen Bar, et le commissaire de police Kobi Shabtai à l’issue d’entretiens.
Remarquablement absent du groupe, Ben Gvir, qui a critiqué la décision prise en disant qu’elle s’apparentait « à une grave erreur qui n’apportera pas la paix mais plutôt un risque supplémentaire d’escalade dans la situation sécuritaire ».
Il a affirmé que l’absence de visiteurs juifs sur le mont du Temple impliquait qu’un nombre moindre de policiers y seraient déployés, « ce qui créera un terrain fertile pour des manifestations massives avec des incitations à tuer des Juifs, voire un scénario où les fidèles juifs seront la cible de jets de pierre au mur Occidental ».
« Quand le terrorisme nous frappe, nous devons riposter avec une force énorme, nous ne devons pas céder », a ajouté Ben Gvir.
Gallant – qui, a annoncé Netanyahu, gardera son poste dont il avait été limogé par le Premier ministre, le mois dernier – a confirmé qu’il y avait eu un accord unanime des responsables de la sécurité concernant la décision prise mardi, a noté le communiqué de son bureau.
Netanyahu a aussi donné pour instruction aux agences sécuritaires de déployer toutes leurs forces pour sécuriser le mur Occidental, en-dessous du mont du Temple, pour que les Juifs puissent y prier.
Cette décision prise mardi a été communiquée quelques heures après un communiqué du Hamas qui a appelé les Palestiniens à venir en masse à la mosquée al-Aqsa, sur le mont du Temple, pendant les dix derniers jours du ramadan, leur demandant de ne pas quitter le site. Le groupe terroriste a aussi mis en garde Israël contre les visites juives sur le mont du Temple jusqu’à la fin du mois de jeûne musulman.
Le mont du Temple, connu par les musulmans sous le nom de Haram al-Sharif ou Noble sanctuaire, est le site le plus saint du judaïsme et le troisième lieu le plus sacré de l’islam.
Pendant longtemps, la majorité des rabbins avaient interdit les visites juives sur le site en raison de son caractère sacré – c’était là que se tenaient les deux Temples bibliques. Ce point de vue a toutefois évolué ces dernières années et un nombre record de pèlerins juifs du mouvement nationaliste-religieux se sont rendus sur le mont du Temple, administré par un statu-quo qui précise que les musulmans ont le droit d’y prier tandis que les non-musulmans n’ont le droit que de le visiter.
Toutes les personnalités religieuses n’ont pas changé de positionnement sur les visites juives néanmoins, et le grand-rabbin séfarade d’Israël, Yitzhak Yossef, a salué la décision qui a été annoncée mardi par le bureau de Netanyahu. « Au-delà de l’interdiction religieuse stricte (de l’entrée des Juifs sur le mont du Temple), nous devons faire en sorte d’éviter les agitations et les provocations qui ne sont pas nécessaires. Cela fait des générations que le grand-rabbinat a jugé que conformément à la loi juive, l’ascension des Juifs sur le mont du Temple est complètement interdite », a remarqué un communiqué émis par son bureau.
Cette recrudescence du nombre de visiteurs juifs n’a fait que renforcer les accusations faites depuis longtemps par les Palestiniens et par les pays arabes qu’Israël violerait le statu-quo – une accusation rejetée avec véhémence par l’État hébreu. Toutefois, en plus de l’augmentation du nombre de visiteurs, la police semble avoir commencé, de son côté, à tolérer la prière juive discrète dans le lieu saint au cours de ces dernières années.