Mort à l’âge de 76 ans de Yehonatan Geffen, icône littéraire et musicale israélienne
L'auteur, neveu de Moshe Dayan et père du chanteur Aviv Gefen et de deux artistes, Shira et Natasha, avait dû se battre contre ses démons pour s'exprimer
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Yehonatan Geffen, le célèbre écrivain, poète, auteur-compositeur, journaliste et dramaturge, est décédé à l’âge de 76 ans.
Geffen était connu pour ses convictions de gauche, pour ses écrits – en particulier des livres, des chansons et des poèmes pour les enfants – ainsi que pour ses propres enfants, le rockeur Aviv Geffen, l’écrivaine Shira Geffen (qui a épousé Etgar Keret) et l’actrice Natasha Geffen, sa fille née d’un second mariage.
Il faisait partie d’un petit cercle d’amis à Tel Aviv – avec parmi eux Arik Einstein, Shalom Hanoch, Gidi Gov, Yehudit Ravitz, Yoni Rechter, David Broza, Uri Zohar et Shalom Hanoch. Il avait rejoint la troupe de spectacle d’Einstein, de Hanoch et de Zohar après s’être installé à Tel Aviv lorsqu’il avait quitté l’armée, en 1969.
« Je me suis retrouvé à un jeune âge à rechercher des personnes avec lesquelles je pouvais m’identifier », avait dit Geffen dans un entretien diffusé par Kan. « Je suis venu de la vallée de Jezréel pour faire du rock, du jazz, et c’est quelque chose que je n’ai jamais regretté ».
Geffen était né en 1947 au Moshav Nahalal, dans la vallée de Jezréel – il était de la même génération que l’écrivain Meir Shalev, originaire, lui aussi, de Nahalal, qui s’est éteint pour sa part la semaine dernière. Il était le neveu du général de l’armée Moshe Dayan, qui était le frère de sa mère.
Il avait connu plusieurs tragédies au cours de son existence. En 1967, sa mère était décédée d’une overdose – une mort que Geffen devait toujours considérer comme un suicide. En 1972, alors qu’il faisait ses études à Londres, sa sœur Nurit s’était suicidée, ce qui l’avait ramené à Tel Aviv.
Geffen et son fils Aviv, né en 1973, devaient entretenir une relation difficile pendant lorsque ce dernier était enfant, avait révélé Geffen, ces dernières années.
Le chanteur avait confié lors d’un entretien accordé au journal Maariv, au mois de mars 2022, que son père avait développé une addiction forte à l’alcool et aux stupéfiants pendant de nombreuses années et qu’il avait fallu du temps avant que tous deux puissent se retrouver et régler leurs problèmes à travers une thérapie.

Membre de la toute première génération à avoir grandi au sein de l’État juif nouveau, Geffen avait répondu aux attentes de son temps et il avait servi dans une unité de parachutisme placée sous les ordres du général Matan Vilnai. Il devait ultérieurement se forger de fortes convictions de gauche.
Il avait fait partie d’un groupe de journalistes qui avaient publié, en 1973, un livre, « l’Échec », qui avait été le premier ouvrage à examiner et à critiquer la guerre de Yom Kippour. Il était connu pour sa franchise parfois brutale et pour avoir exprimé des opinions controversées sur le pays et sur ses politiques.
Il avait notamment provoqué un tollé en faisant une comparaison entre l’activiste palestinienne Ahed Tamimi et Anne Frank, victime de la Shoah. Il avait ultérieurement présenté ses excuses.
Toutefois, Geffen était peut-être plus célèbre encore parmi les Israéliens pour ses œuvres pour les enfants – avec « Le Seizeième mouton » qui devait devenir un album salué et récompensé en 1978, un album qu’il avait composé avec Yoni Rechter et qui était interprété par Yehudit Ravitz.

Les œuvres de Geffen étaient souvent écrites avant tout pour les enfants – mais elles avaient une dimension toujours susceptible de toucher les parents.
Le nom du « Seizième mouton » s’inspirait de l’histoire du livre, avec le narrateur qui évoquait ses endormissements en comptant les moutons, ne parvenant jamais à dépasser le seizième.
Le livre avait été suivi par un disque pour enfants qui avait remporté beaucoup de succès et par plusieurs émissions de télévision. L’album, de son côté, a été sélectionné à plus d’une occasion comme ayant été le meilleur album israélien de tous les temps.
Son ami, le musicien David Broza, a écrit sur Instagram que « nous avons chanté, nous avons écrit, nous avons ri, nous avons pleuré, nous avons combattu, nous avons perdu, nous avons continué… Tu as été un grand frère pour moi et je continuerai à transmettre tes idées dans nos chants, et avec ton chant. »
Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a pour sa part écrit que « mon frère aîné Yehonatan Geffen vient de mourir… Aujourd’hui, nous avons perdu une voix israélienne et chérie ».
Pour sa part, le président Isaac Herzog a écrit sur Twitter que « Yehonatan Geffen est mort et il nous laisse le sourire joueur et éternel d’une personnalité qui savait capturer les plus petits et les plus importants moments pour les transformer en texte éternels. Il est difficile d’imaginer l’existence de l’art israélien, de nos hymnes, les mondes de la littérature et du théâtre sans ses contributions uniques, inoubliables. »
Enfin, Miki Zohar, le ministre de la Culture, a déclaré que « j’ai la tristesse d’apprendre le décès du poète et chanteur Yehonatan Geffen qui, entre autres choses, savait exprimer nos enfances… avec énormément de puissance et d’émotion. Yonathan a écrit des histoires et des chansons qui resteront à nos côtés pour l’éternité et que nous continuerons à lire et à écouter pour de nombreuses années encore, en écho à la nature même de ce qu’est Israël. Que sa mémoire soit bénie ».
En apprenant sa mort et en hommage à Geffen, les employés de la nursery de l’hôpital Assuta, à Ashdod, ont pour leur part choisi de faire écouter aux nouveaux-nés le tube du chanteur.
עם היוודע דבר פטירתו של יהונתן גפן, בתינוקייה בבית החולים הציבורי אסותא באשדוד השמיעו את שיריו ליילודים @bokeralmog pic.twitter.com/BymhQhLxlf
— חדשות 13 (@newsisrael13) April 19, 2023
Les funérailles de l’artiste auront lieu vendredi à 11 heures du matin au cimetière de Nahalal, dans le nord d’Israël, ont indiqué les médias israéliens.