Ned Price : l’accord sur le nucléaire iranien n’est « ni imminent ni certain »
Le porte-parole du Département d’État a rappelé que Biden s’est engagé à empêcher l'émergence d'une puissance nucléaire iranienne, avec ou sans accord
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le porte-parole du Département d’Etat américain, Ned Price, a cherché lundi à modérer les attentes – toujours plus pressantes – autour d’un possible accord entre son pays et l’Iran concernant un retour conjoint à l’accord nucléaire de 2015, affirmant qu’un accord n’est « ni imminent ni certain ».
Au cours de la conférence de presse quotidienne, Price a reconnu les « progrès significatifs » réalisés ces dernières semaines par les puissances mondiales négociant à Vienne, avant d’exprimer une série de mises en garde importantes.
« En fait, nous nous préparons à des scénarios avec ou sans retour mutuel à la mise en œuvre complète du JCPOA », a-t-il déclaré, en utilisant l’acronyme officiel de l’accord signé en 2015.
« Le président Biden s’est engagé à ce que, sous sa direction, l’Iran ne soit pas autorisé à acquérir une arme nucléaire. Et cet engagement vaut tout autant dans un monde avec un JCPOA que dans un monde sans. »
Price avait été invité à commenter les informations selon lesquelles les États-Unis se préparaient à retirer le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) de la liste des groupes terroristes, comme préalable aux pourparlers qui ouvriraient la voie à un accord.
Le porte-parole a réitéré la réponse donnée au Times of Israël, samedi, par un responsable du Département d’État, se refusant à tout commentaire sur ce qui était discuté à Vienne.
Ce même responsable avait par ailleurs déclaré que les États-Unis étaient « prêts à prendre des décisions difficiles pour ramener le programme nucléaire iranien aux limites du JCPOA », ne niant pas que le retrait du CGRI de la liste soit potentiellement sur la table. Le responsable a ajouté que l’Iran présentait un plus grand danger lorsque son programme nucléaire n’était pas limité et que l’impact de Téhéran sur la question devait être la priorité absolue.
Des analystes ont également souligné que le retrait du CGRI serait une étape essentiellement symbolique. Le CGRI n’a en effet été ajouté à la liste des groupes terroristes qu’il y a de cela trois ans, par l’ancien président Donald Trump, alors que ses prédécesseurs – démocrates comme républicains – s’étaient abstenus de prendre cette mesure.
Cette décision ne lèvera pas non plus les nombreuses sanctions économiques mises en place par les États-Unis contre le CGRI.
Mais ces arguments n’ont pas satisfait le gouvernement israélien, qui a lancé une campagne publique contre la perspective que Washington mène la radiation à son terme.
Vendredi puis de nouveau dimanche, Bennett a publiquement critiqué les États-Unis pour avoir envisagé de retirer le CGRI de la liste.
« Nous sommes très préoccupés par l’intention des États-Unis de céder à la demande scandaleuse de l’Iran et de retirer le CGRI de la liste des organisations terroristes », a-t-il déclaré dimanche. « À ce moment-même, l’organisation terroriste du CGRI tente d’assassiner des Israéliens et des Américains dans le monde entier. Malheureusement, il y a toujours un fort empressement à signer l’accord nucléaire avec l’Iran à presque n’importe quel prix – y compris en prétextant que la plus grande organisation terroriste du monde n’en est pas une. C’est trop cher payé. »
Lundi, Bennett a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de se brouiller avec les États-Unis sur la question du renouvellement de l’accord nucléaire avec l’Iran, et il pensait que Washington le signerait quoi qu’il arrive.

« En 2015, avant la signature du premier accord, la rhétorique qui avait utilisée avait atteint son paroxysme et cela a été un échec », a dit Bennett lors d’une conférence organisée par le site d’information Ynet.
« L’accord a été signé. Non seulement il a été signé mais de surcroît, Washington n’entendait plus rien, quel que soit le sujet. Je ne vais pas me quereller pour le plaisir de me quereller. Je n’entrerai en guerre que si j’ai des chances réelles de victoire et des objectifs qui en valent la peine », a expliqué Bennett.
Selon la radio de l’armée, Bennett aurait indiqué en privé aux ministres du gouvernement, dimanche, qu’Israël devait choisir ses batailles avec les États-Unis avec soin et se concentrer actuellement sur la radiation du CGRI.
« Nous choisissons nos sujets d’affrontement avec les Américains ; il n’y a aucune raison de s’élever contre l’accord nucléaire parce qu’il sera conclu de toute manière », aurait déclaré Bennett à ses ministres. « Nous ne nous battrons que là où nous avons un objectif, comme dans le cas du CGRI, que nous essayons toujours d’arrêter. »

Avant l’accord nucléaire iranien de 2015, conclu sous les auspices du président américain de l’époque, Barack Obama, le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, avait mené une campagne publique intense contre l’accord, allant jusqu’à prononcer un discours au Congrès américain marquant son opposition à l’accord, malgré le soutien d’Obama.
L’accord avait finalement été conclu, et le discours de Netanyahu avait été considéré comme préjudiciable aux relations entre Israël et cette administration, ainsi qu’avec le parti démocrate.
Bennett a déclaré lundi que les Américains « sont pleinement déterminés à conclure l’accord, et ils le concluront ». Mais il a ajouté que « cette fois, contrairement à 2015 », Israël s’était préparé par une
« augmentation massive » de sa puissance militaire, « [estimée] en milliards de shekels, à une échelle presque sans précédent ».