USA : les Gardiens de la Révolution d’Iran classés organisation terroriste
La décision, sans précédent, sera effective le 15 avril ; L'Iran déclare en retour les Etats-Unis "parrains du terrorisme"
« Aujourd’hui, j’annonce formellement le plan de mon administration de désigner les Gardiens de la révolution iranienne, dont sa force Quds, comme une organisation terroriste selon la section 219 de la Loi d’Immigration et de nationalité », a déclaré le bureau de Donald Trump lundi dans un communiqué.
« Cette mesure sans précédent, conduite par le Département d’Etat, reconnaît la réalité que l’Iran est non seulement un État sponsor du terrorisme, mais que les Gardiens de la Révolution participent activement en finançant et en promouvant le terrorisme comme un outil d’état, poursuit le communiqué. Les Gardiens de la Révolution sont le principal outil du gouvernement pour diriger et mettre en pratique sa campagne de terrorisme mondial »
« Cette décision sera la première fois que les Etats-Unis ont jamais qualifié la partie d’un autre gouvernement d’organisation terroriste. Cela souligne le fait que les actions de l’Iran sont fondamentalement différentes de celles d’autres gouvernements. Cette action va étendre de manière significative l’ampleur et l’échelle de notre pression maximale sur le régime iranien. Cela expose clairement les risques de mener des affaires avec, ou de fournir de l’aide aux Gardiens de la Révolution. Si vous faites des affaires avec les Gardiens de la Révolution, vous alimenterez le terrorisme ».
Israel Katz, le ministre des Renseignements (Likud), a salué les Etats-Unis pour avoir désigné les Gardiens de la Révolution iranienne comme une organisation terroriste.
« Cette décision va affaiblir la capacité de l’Iran à promouvoir son projet nucléaire et à soutenir le terrorisme régional. Cela va aussi renforcer de manière significative la capacité d’Israël à lutter contre l’agression iranienne en Syrie et ailleurs », a déclaré Katz dans un communiqué.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a remercié le président américain Donald Trump pour cette mesure.
« Merci mon cher ami le président des Etats-Unis Donald Trump, d’avoir décidé de placer les Gardiens de la Révolution iraniens sur la liste des organisations terroristes. Merci d’avoir répondu positivement à une autre de mes demandes, qui sert les intérêts de notre pays et des pays de la région », a tweeté M. Netanyahu.
Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a ensuite exhorté son pays à classer les forces américaines opérant au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans la Corne d’Afrique sur la liste des groupes considérés comme « terroristes » par l’Iran.
M. Zarif a écrit une lettre au président iranien Hassan Rouhani lui demandant d’agir en ce sens, indique un communiqué de son ministère publié peu après l’annonce de la décision des Etats-Unis de placer les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique iranienne, sur la « liste des organisations terroristes étrangères » établie par le Département d’Etat.
L’Iran figure déjà depuis 1984 sur la liste américaine très restreinte des « Etats soutenant le terrorisme », avec la Corée du Nord, le Soudan et la Syrie. L’idée de mettre plus clairement à l’index les « Pasdaran », armée spéciale créée en 1979 dans le but de protéger la Révolution islamique iranienne des menaces étrangères et intérieures, planait depuis l’arrivée du milliardaire républicain à la Maison Blanche.
La force Qods est également placée sur la liste noire des « organisations terroristes ». Cette unité d’élite des « Gardiens » est leur branche extérieure qui soutient les forces alliées de l’Iran au Moyen-Orient, comme les troupes du président syrien Bachar al-Assad ou le Hezbollah au Liban.
Son chef, Ghassem Soleimani, est régulièrement dépeint par l’administration américaine comme l’un des principaux responsables de la « déstabilisation » de la région qu’elle reproche à l’Iran.
Tout en assurant que l’objectif n’était pas un changement de régime mais « un changement de comportement » de la part des autorités iraniennes, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait alors énoncé une liste de 12 conditions draconiennes pour relâcher la pression et conclure un « accord global » avec Téhéran.
Face à cette impasse, l’administration américaine espère que la mise à l’index des « Pasdaran » augmente « significativement l’échelle et la portée » de leur « pression maximale contre le régime iranien ».
Son chef de la diplomatie Mike Pompeo a ainsi appelé toutes les « entreprises et banques à travers le monde » à couper tout lien financier » avec l’armée idéologique, tandis que ses conseillers ont expliqué que l’objectif était de rendre « radioactifs » les Gardiens de la révolution, qualifiés de « mafia » adepte du « racket ».
Concrètement, tout soutien matériel à cette unité gouvernementale iranienne sera considéré comme un crime fédéral.
Pour Mark Dubowitz, du cercle de réflexion Foundation for Defense of Democracies qui porte une ligne dure contre l’Iran, « le gouvernement américain peut désormais vraiment mettre toute sa puissance économique, judiciaire et politique à contribution pour punir » l’Iran.
Mais d’autres, comme l’ex-diplomate Richard Nephew, estiment que cette mesure est avant tout symbolique, étant données les nombreuses sanctions déjà en vigueur. « Les risques sont élevés que cela ne fasse que contribuer à une situation vraiment dangereuse, surtout pour nos militaires dans la région », a-t-il prévenu.
Ainsi, le Pentagone a reconnu avoir pris « des mesures de précaution pour garantir la sécurité » des forces américaines dans le monde.
L’Iran déclare les Etats-Unis « parrains du terrorisme »
L’Iran « déclare qu’il considère le régime des Etats-Unis comme un Etat parrain du terrorisme » et les forces américaines déployées au Moyen-Orient, dans la Corne de l’Afrique et en Asie centrale, comme des « groupes terroristes », a annoncé plus tard lundi soir l’agence officielle iranienne Irna.
L’agence cite un communiqué officiel du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien indiquant avoir présenté cette décision comme une « mesure de réciprocité » contre « la décision illégale et insensée » annoncée auparavant par Washington de placer les Gardiens de la Révolution sur la liste américaine des « organisations terroristes étrangères ».
Les conséquences de cette décision n’étaient pas immédiatement claires.
Cette décision est « un (nouveau) cadeau mal avisé de veille d’élection [au Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahu », a écrit M. Zarif sur Twitter.
« Un (nouveau et) dangereux fiasco des Etats-Unis dans la région », ajoute M. Zarif.
La Syrie a condamné lundi la décision de Washington de placer les Gardiens de la Révolution iraniens, l’armée idéologique de la République islamique, sur la liste des organisations « terroristes » étrangères, qualifiant cette mesure d' »irresponsable ».
La décision américaine est une « attaque flagrante » de la souveraineté de Téhéran, principal allié régional de Damas, a déclaré une source au sein du ministère syrien des Affaires étrangères à l’agence de presse syrienne officielle Sana.